Le coup de Reims

Dans le ventre mou du championnat, les Rennais n'avaient que les coupes nationales pour rêver d'Europe et sortir du quotidien. Pas question dès lors de laisser passer l'occasion de briller en Coupe de la Ligue face au petit Poucet de la compétition... Reste que Reims, seulement huitième de L2, n'a pas voulu endosser le rôle de victime expiatoire et a préféré revêtir celui de briseur de rêve. Pas de finale donc pour les hommes de Pierre Dréossi qui se voyaient soulever le trophée avant l'heure...

Le conte de fées avait pourtant bien commencé pour les Bretons avec cette jolie frappe en pivot de John Utaka de l'entrée de la surface qui passe juste à côté des buts de Liébus (2e). Pas de quoi impressionner les Rémois pour autant qui répliquent dans la foulée grâce à Baldé qui s'illustre à son tour par une frappe non-cadrée de l'entrée de la surface (3e). Aucun round d'observation, les deux formations cherchent tout de suite le K.O. Mais à vouloir jouer trop vite, toutes deux confondent vitesse et précipitation et hormis un excellent coup-franc de Monterrubio dégagé des deux poings par Liébus (11e), il faut attendre la demi-heure de jeu pour se prendre à rêver à nouveau d'un but.

Mais à la surprise générale, ce ne sont pas les hommes de Pierre Dréossi qui se montrent les plus dangereux. Dominateurs, les Bretons se font en effet bousculer par des Rémois audacieux et dont la percussion en contre leur permet de remonter très vite le ballon. Pour preuve, ce dégagement de Liébus pour Ielsch qui tente une demi-volée à 35 mètres des buts adverses détournée par Pouplin (29e). L'excellent Maspimby fait même trembler les fondations rennaises lorsqu'il trompe Pouplin de la tête et ouvre le score, mais l'arbitre en a décidé autrement et refuse le but pour une faute sur le portier rennais (34e).

Jusqu'au bout de la première période, les Bretons souffrent, au point d'obliger Edman à dégager sur sa ligne la frappe de Maspimby, laissé étrangement seul par la défense rennaise (42e). Le repos des guerriers n'est d'ailleurs que de courte durée et guère salvateur puisque, à peine sortis des vestiaires, les hommes de Pierre Dréossi subissent un peu plus les coups de boutoir des Rémois. Pouplin a beau s'interposer une première fois d'une magnifique claquette sur un tir croisé de Ielsch (51e), il perd son duel sur le corner suivant. Seul au second poteau, Féret sert l'ancien joueur de Neuchâtel qui remet le couvert. Détournée dans les buts par Fauré, sa frappe trompe Pouplin, pris à contre-pied (0-1, 52e).

La révolte rennaise ne va ensuite faire frémir ses supporters que par à-coups. Pierre Dréossi à beau envoyer au combat toute son armada offensive avec Moreira, Hadji et Marveaux, rien n'y fait, les Rémois restent invincibles. Le dernier quart d'heure est haletant. Les va et vient sont incessants. Le K.O. est dans l'air. Les Rennais poussent mais se montrent trop imprécis devant des Champenois qui font le dos rond et se permettent l'effronterie de lancer quelques échappées belles avec le duo infernal Féret-Fauré (65e et 74e).

Heureusement pour les Bretons, Barbier touche le ballon de la main dans sa surface et provoque le penalty. Mais Liébus, intouchable ce soir, a décidé de quitter Rennes ses cages vierges comme au premier jour et repousse une première fois le tir de Monterrubio avant de remettre ça devant Briand (83e). Il fait encore face avec brio à l'entêtement breton et sort la double-parade devant Utaka (85e) pour offrir aux Champenois l'un des plus beaux exploits de leur histoire récente. Les hommes de Thierry Froger ne s'y sont d'ailleurs pas trompés en jouissant à plein de leur victoire. Restés de longues minutes sur la pelouse rennaise, ils espèrent maintenant jouer le même tour aux Bordelais, qu'ils accueilleront en demi-finale.

"Il y a trois jours, on était à la rue. On sait ce que peuvent ressentir les Rennais. Nous, c'est du bonheur, du plaisir. On s'est bien senti dans le match et les joueurs ont été à l'aise d'entrée. On a su les faire jouer long et cerner leur circuit pour qu'ils déjouent. Je ne sais pas si la nouvelle organisation est faite pour les grosses équipes, ou si on fait désordre. On va simplement essayer d'aller le plus loin possible sans oublier le championnat. Quand on gagne, on est toujours méritant."