La Coupe du monde des clubs : La compétition de trop
Mis à jour 12/06/2025 à 23:50 GMT+2
La Coupe du monde des clubs, première édition du nom, ouvre ses portes ce week-end, dans un anonymat certain et au bout d’une interminable saison. Désirée par la FIFA et montée de toute pièce pour concurrencer la Ligue des champions et enrichir… les plus riches, elle se veut une compétition majeure, sans en avoir les qualités ni les ingrédients voulus.
"La Coupe du Monde des clubs ? Factice et artificielle"
Video credit: Eurosport
Puisqu’il n’est pas possible de lire ou écouter une interview où il n’est pas question du Ballon d’Or (et ceci 365 jours par an), il était complètement illusoire d’imaginer Kylian Mbappé passer entre les mailles du filet médiatique lorsqu’il s’est présenté devant la presse, à la veille d’un Allemagne - France qui avait de loin l’air d’un grand match, mais n’en avait pas le goût. Faisant partie des candidats récurrents à la récompense individuelle suprême, on avait bien envie de savoir s’il était en campagne ou s’était rangé derrière la candidature non-récurrente cette fois, mais naturelle, d’Ousmane Dembelé. En gros, de savoir si lui aussi allait se lancer dans la grande entreprise de lobbying qui est désormais indissociable de l’élection du meilleur joueur de la saison.
"Moi, je vote pour Dembélé. (…) Cela évolue très vite. Les derniers vainqueurs l'ont montré, il y a des joueurs dont on ne parlait pas et qui ont gagné. Le Ballon d'Or, c'est en septembre, et il se passera beaucoup de choses d'ici là."
Voilà pour la réponse. Kylian Mbappé a soutenu son copain. Mais il ne s’est pas oublié. Pas la peine de se donner trop de mal à lire entre les lignes. Si la saison est un marathon, le Madrilène compte sur la Coupe du monde des clubs pour décrocher la timbale, puisque la Ligue des nations n’a pas fait avancer le schmilblick. Ballon d’Or – Ligue des nations – Coupe du monde des clubs : le trio de l’enfer et l’incarnation assez bien partagée de ce que le football moderne a enfanté de pire ces dernières années.
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Pour le BO, Cherki et Koné ne tranchent pas : "Les deux meilleurs joueurs du monde sont français"
Video credit: Eurosport
Le Ballon d’Or, parce qu’après avoir été une récompense des plus honorables, même si parfois injuste, est devenu dans les années 2010 un concours de beauté et, surtout, le terreau du pire lobbying, dont la faute est partagée par les clubs, les sponsors, les joueurs, leurs entourages et… les journalistes, aussi. On ne va pas s’exonérer de tout reproche. Ce serait malvenu.
La Ligue des nations, parce qu’elle ne sert à rien. Et n’a de valeur que pour le pays qui la gagne. Demandez donc aux Espagnols, Français ou Allemands s’ils sont traumatisés par leur récent "échec".
La Coupe du monde des clubs ? Parce qu’on n’avait pas besoin d’elle. Parce qu’elle arrive comme un cheveu sur la soupe à un moment où les footballeurs feraient mieux de couper, un an avant la véritable Coupe du monde, celle des nations, celle qui a de la valeur, celle qui remplira les stades nord-américains durant l’été 2026.
Compétition majeure ? Vraiment ?
Qu’on se le dise, la Coupe du monde des clubs est née pour de mauvaises raisons. Celles que vous imaginez. Ses participants, venus des quatre coins du globe, ne méritent pas tous leur ticket, à l’image de l’Inter Miami dont la seule qualité (marketing) est d’être le club de Lionel Messi. Son principal atout est de reverser un prize money conséquent aux clubs les plus riches du monde et, donc, d’alimenter encore plus le déséquilibre structurel du football mondial, celui qui assèche les compétitions domestiques saison après saison.
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Lionel Messi et Luis Suarez
Crédit: Getty Images
Mais revenons au Ballon d’Or et à Kylian Mbappé. Le Français, qui sera le fer de lance du Real Madrid aux Etats-Unis, compte donc sur la Coupe du monde des clubs pour faire basculer la course au Ballon d’Or. Sous-entendu : si je gagne et marque un paquet de buts, j’ai ma chance.
Lui, comme d’autres, auraient tort de penser autrement et de minimiser la compétition qui s’ouvre ce week-end. Mais on a droit, aussi, de douter de son importance. Le public, semble-t-il, n’est pas passionné par l’événement. Le match d’ouverture, entre autres, n’a pas encore trouvé son public. En tout cas, pas au prix escompté par la FIFA. Bizarrement, la compétition n’est pas majeure pour tout le monde. Et c’est presque rassurant parce qu’on ne décrète pas le prestige d’un événement par de simples incantations. Dans le même ordre d’idée, ce n’est pas parce qu’on répète une ineptie qu’elle devient une vérité. Et il y a quelque chose de rassurant dans ce constat.
Pour être qualifiée de "majeure" ou considérée comme telle, une compétition majeure doit répondre répond à plusieurs critères : elle réunit de grands joueurs, oppose de grands clubs et jouit d’un prestige naturel, souvent lié à son enjeu et son histoire. Enfin, last but not least, elle a une raison d’être.
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Ousmane Dembélé à Munich après le sacre du PSG en Ligue des champions
Crédit: Getty Images
Ce qui revient à se demander : Qui la joue ? Quelle est sa valeur ? Est-ce un must de la gagner ? Qu’est-ce qu’elle fait là ? Pourquoi a-t-elle été créé (ou décrétée) ? Faites ce petit jeu et vous verrez que quelque chose cloche, à un moment donné.
Ces critères sont indispensables. Regardez la ligue saoudienne, l’afflux de joueurs de renom n’a pas modifié son rayonnement, sinon peu. La MLS espère depuis toujours décoller. Et, même avec Messi, ce n’est toujours pas ça. En tout cas, pas suffisamment pour concurrence les compétitions du Vieux continent.
Il n’y a guère de raison d’imaginer la Coupe du monde des clubs faire de l’ombre à la Ligue des Champions. Quel que soit le nom du lauréat, le 13 juillet dans la banlieue de New York, le PSG restera comme le club qui a décroché le gros lot. C’était le 31 mai. Certains essayeront bien de vous faire croire le contraire, à coup de posts et visuels distillés sur les réseaux sociaux ; à l’heure des vérités alternatives, ce ne serait pas une surprise. Mais n’en croyez rien. Le prestige ne se monnaie pas. C’est déjà ça.
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