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Coupe du monde - Qatar 2022 : les premières victimes pourraient être les joueurs et le jeu…

Maxime Dupuis

Mis à jour 27/02/2015 à 19:02 GMT+1

Jouer la Coupe du monde sur vingt-huit jours et avec une préparation minimale : voici ce qui devrait arriver en 2022 au Qatar. Et ça pourrait être un problème. Pas seulement pour les clubs et les compétitions domestiques mais aussi et surtout pour les joueurs, pendant et après le Mondial.

En 2022, Paul Pogba aura 29 ans et disputera peut-être le Mondial

Crédit: Panoramic

La Coupe du monde 2022 se déroulera au Qatar et en hiver. Jusqu'ici, pas de scoop. Sepp Blatter, Jérôme Valcke et d'autres pontes de l'institution régissant le football mondial l'avaient déjà largement laissé entendre dans les médias du monde entier depuis de longs mois. Mardi, c'est le groupe de travail de la FIFA, réuni à Doha, qui a fait un nouveau pas dans cette direction déjà connue. A savoir : la Coupe du monde 2022 n'aura pas lieu en été. Mais en hiver. Et l'AFP est allée plus loin en révélant les dates préconisées pour la tenue du grand raout quadriennal. Le 22e Mondial de l'histoire se tiendrait du 26 novembre au 23 décembre. La décision finale sera prise par le comité exécutif de la FIFA les 19 et 20 mars prochain.
Depuis 2010 et le vote favorable au Qatar, la FIFA est pieds et poings liés avec cet heureux mais encombrant élu. Organiser une Coupe du monde dans un pays émergent du football était - sur le papier - une idée louable. Mais l'institution n'en avait pas bien mesuré les conséquences, qui vont bien au-delà d'un simple problème de climatisation.
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Khalifa International Stadium - Qatar 2022

Crédit: Eurosport

28 jours, c'est trop court

Une finale disputée à deux jours de Noël, voilà pour la bonne idée du groupe de travail. Pour le reste, on a beau chercher, on ne trouve pas ce qui pourrait donner à la vitrine de la FIFA son clinquant ordinaire.
La Coupe du monde 2022 est partie pour se dérouler du 26 novembre au 23 décembre : soit 28 jours. Avec 32 équipes et 64 matches à caser, autant le dire tout de suite, c'est court. Très court. Trop court.
Depuis que la Coupe du monde se joue à 32, les éditions n'ont jamais été aussi ramassées dans le temps :
  • 2018, Russie : du 14 juin au 15 juillet (32 jours)
  • 2014, Brésil : du 12 juin au 13 juillet (32 jours)
  • 2010, Afrique du Sud : du 11 juin au 11 juillet (31 jours)
  • 2006, Allemagne : du 9 juin au 9 juillet (31 jours)
  • 2002, Japon - Corée du Sud : du 31 mai au 30 juin (31 jours)
  • 1998, France : du  10 juin au 12 juillet (33 jours)
Depuis 1998, toutes les Coupes du monde été disputées sur 31 jours minimum. Et, même avant le passage à 32 participants, la durée d'une Coupe du monde était toujours équivalente à plus ou moins un mois. Exemple : Italie 1990, du 8 juin au 8 juillet, ou Etats-Unis, 17 juin au 17 juillet.
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Branco, Romario et Dunga gagnent la Coupe du monde 1994 pour le Brésil

Crédit: AFP

Comment la FIFA va-t-elle s'y prendre pour gagner du temps ? Deux solutions :
  • Jouer plus de matches par jour
  • Retirer des jours de repos
Les deux options sont viables, si tant est que ce terme soit adéquat. Il faudra sans doute panacher un peu des deux, même si la seconde solution est la plus simple à mettre en place. Cela a déjà été fait par le passé : en 2002, il n'y avait pas eu de jour de latence entre le premier tour et les huitièmes. Même chose en 2006. En 2014, le premier tour et les 8es de finale étaient séparés par un jour sans football. Deux jours avaient été neutralisés entre les 8es et les quarts, les quarts et les demies. Enfin, trois jours séparaient la deuxième demi-finale de la finale. Il "suffira" de rogner quelque peu sur ces journées sans football.
Andreas Rettig, le boss de la ligue allemande de football, s'est déjà ému de ce programme. Évidemment, comme les autres patrons des ligues européennes, il prêche pour sa paroisse et voit d'un mauvais œil cette coupure au cœur de la Bundesliga. Pour raisons économiques évidentes. Ce que Frédéric Thiriez, son alter ego français, a également expliqué à l'AFP :
Je vous laisse imaginer ce qui va se passer en France, en Allemagne, en Espagne, en Italie... On va s'arrêter début novembre, après 13 ou 14 journées de championnat. Et on reprendra deux mois plus tard, en janvier. Pendant ce temps-là, les joueurs ne jouent pas, les clubs n'ont plus de recettes, les fans de foot sont privés de compétitions nationales et les télévisions vont être furieuses et vont demander des ristournes.
Avec une Coupe du monde à suivre à la place des samedis de L1, pas sûr que le fan de foot soit la plus grosse victime d'un Mondial hivernal. Mais c'est un autre sujet… Quoi qu'il en soit, les conséquences économiques et organisationnelles sont réelles et elles ne peuvent pas être niées par la FIFA. Mais, comme l’a dit Jérôme Valcke, "il y a sept ans pour s'organiser". Et un mois de juin désormais libéré pour caser quelques dates.
Non, le plus gros écueil qui pend au nez de la FIFA et du Mondial 2022 se trouve sur le terrain. Car, au-delà d'une compétition raccourcie, c'est également une préparation tronquée que l'international lambda va devoir digérer.
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Séance d'entraînement de l'équipe de France à Ribeirao Preto, Coupe du monde 2014

Crédit: AFP

La plus courte préparation de l'histoire moderne ?

La FIFA aurait pour ambition de demander aux clubs de rendre les joueurs disponibles une semaine avant la Coupe du monde, le 19 novembre exactement. Autant dire qu'ils aborderaient le rendez-vous planétaire sans aucune préparation sérieuse et en méritant le nom. Un cas unique dans l'histoire moderne du jeu. Et un risque sanitaire évident pour les joueurs qui passeront de températures pas loin d’être négatives à un mercure proche des 20 à 25 degrés. "Il faut être attentif à l'impact sur les joueurs de haut niveau", a d'ailleurs signalé Rettig.
En 2002, la première Coupe du monde asiatique de l'histoire avait été avancée au 31 mai en raison de la mousson et du risque de fortes pluies sur le continent. La période de préparation des équipes nationales en avait subi quelques conséquences. Exemple parlant : l'équipe de France n'avait été au complet que tardivement, suite à la victoire du Real Madrid en C1 et aux arrivées tardives de Claude Makelele et de Zinédine Zidane. Ce dernier avait d'ailleurs rejoint ses coéquipiers le 22 mai (en raison, aussi, de l'accouchement de sa femme). Quatre jours après, sa cuisse lâchait face à la Corée du Sud. Le 11 juin, la France faisait (déjà) ses valises.
Une réplique de la Coupe du monde au Qatar (2014)
Si la déchéance de Bleus avait puisé sa source dans d'autres raisons qu'une simple préparation tronquée, force est de constater que les autres cadors - dont les joueurs sont les plus sollicités en club - avaient également subi les conséquences d'une Coupe du monde préparée à la va-vite (Italie, Argentine rapidement au tapis, Turquie, Corée du Sud, Etats-Unis ou encore Sénégal en avaient profité pour se hisser en demies pour les deux premiers, en quarts pour les deux autres). Et le niveau d’un Mondial oubliable s'en était clairement ressenti.
Si la compétition sera cette fois disputée en plein cœur de la saison, à un moment où les organismes sont habituellement très sollicités et prêts à consentir de gros efforts, les conséquences se ressentiront aussi après le baisser de rideau. Pour les 736 joueurs qui auront pris part au Mondial - avec l'implication physique et émotionnelle que cela implique -, la suite de la saison 2022/2023 ressemblera à une grande inconnue. Et sera sans doute longue. Très longue, au mieux. Trop longue, au pire.
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