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Equipe de France - La retraite d'Hugo Lloris, sauveur et serviteur

Maxime Dupuis

Mis à jour 09/01/2023 à 22:38 GMT+1

EQUIPE DE FRANCE – Hugo Lloris (36 ans) a annoncé sa retraite internationale, lundi soir. Le capitaine et gardien des Bleus, 145 sélections au compteur (record), quitte une scène qu'il a foulée durant quatorze années. Immense lors des grands événements, il laissera aussi l'image d'un gardien de but taiseux, solitaire dans sa fonction, mais toujours tourné vers le collectif.

De Hugo à Lloris, 145 sélections en équipe de France

Crédit: Quentin Guichard

Il aura fallu attendre la toute fin, le point final, pour que le principal intéressé donne enfin l'impression de parler de lui, d'avouer une ambition personnelle qui guidait ses dernières sorties sous le maillot bleu. Dans l'entretien qu'il a accordé à nos confrères de L'Equipe, et lors de laquelle il a tiré sa révérence, Hugo Lloris a avoué que l'opportunité de battre le record de sélections de Lilian Thuram (142) l'avait poussé. Evidemment, pas autant que l'opportunité de remporter une deuxième Coupe du monde de suite et d'être le premier capitaine à soulever le trophée à deux reprises, mais tout de même : Lloris avait une ambition personnelle.
Au fond, elle a toujours existé. Parce qu'on n'arrive pas à disputer 145 matches en équipe nationale, de France de surcroît, sans une once d'ambition personnelle. Quand celle-ci rencontre l'exigence, vous avez Hugo Lloris. Durant quatorze ans, le portier aura gardé les buts de la sélection, au cœur de l'une de ses deux périodes les plus fastes, avec une ligne de conduite claire et droite.
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Hugo Lloris

Crédit: Getty Images

Avec Hugo Lloris, il n'y a jamais eu de coups tordus, juste des horizontales, comme la plus fameuse d'entre elles, réussie un après-midi de juillet à Nijni-Novgorod sur une tête de Martin Caceres. La France défiait l'Uruguay sur la route du plus bel accomplissement de son portier, qui restera devant l'éternité un immense gardien de tournois. S'il n'est peut-être pas le plus grand de l'histoire de l'équipe de France, un titre que Fabien Barthez ou Joël Bats peuvent plus que légitimement revendiquer, Lloris aura été l'homme des grands rendez-vous. La Coupe du monde 2018 ressemblant de près comme de loin à son chef-d'œuvre.
Hugo Lloris aura eu aussi le mérite de croire en son destin et de saisir sa chance quand celle-ci lui a été donnée. A savoir, un 12 août 2009 aux Îles Féroé. Steve Mandanda avait pris de l'avance. Le successeur de Grégory Coupet, c'était lui. Mais ça, c'était avant un début de mandat qui annonçait une fin prématurée. Mandanda n'y arrivait pas, il n'était guère aidé par sa défense, il est vrai. Lloris ferait-il mieux ? Pour sa troisième sélection, la première lors d'un match officiel, le portier lyonnais gardait sa cage inviolée. Il était lancé, ou presque. Parce qu'il prendrait un rouge en Serbie le mois suivant. Mais cela ne changerait rien à l'affaire.

La bonne idée de Blanc

De 2008 à 2022, Hugo Lloris a connu trois sélectionneurs qui lui ont fait confiance. Le premier - Raymond Domenech - l'a hissé au rang de numéro 1, mais aussi entraîné dans l'abîme de Knysna. L'aventure sud-africaine et la proximité du sélectionneur national d'alors l'auront probablement conforté dans sa mesure médiatique, sa langue de bois, pour dire les choses. Laurent Blanc, lui, a eu envie d'en faire une force. Quelques mois après le début de son mandat, mais pas loin de la fin et alors que les fantômes du bus rôdaient toujours, le sélectionneur décidait d'en faire son capitaine au long cours.
Le jour où Laurent Blanc a officialisé la relation Lloris - brassard, un 28 février 2012, veille d'un Allemagne - France amical à Brême, on avait eu le sentiment que rien n'était vraiment préparé et que le néo-capitaine n'était pas plus emballé que ça. Sans être une évidence, ce fut pourtant une riche idée, que Didier Deschamps ne remettrait pas en cause. Pour le bien des Bleus.
Taiseux mais audible auprès de ses partenaires et quand il le fallait, Hugo Lloris aura pendant dix ans de capitanat pensé aux autres et à son groupe. Avant toute chose. Avant lui. "Il a toujours été tourné vers le collectif, il l'a toujours mis en avant, parfois même à son détriment", a d'ailleurs souligné Didier Deschamps lundi.
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Hugo Lloris, auteur d'une parade sublime face à l'Uruguay en quart de finale de la Coupe du monde.

Crédit: Getty Images

L'an dernier, juste avant l'Euro, nous lui avions soumis des arrêts spectaculaires et marquants qu'il avait réussis sous le maillot bleu. Hugo Lloris s'était volontiers prêté au jeu. Mais on pouvait se rendre compte combien il pensait aux autres et au collectif. Sa force tout au long de sa carrière.
Lloris n'a pas triché. Jamais. Jusqu'à cette séance de tirs au but où le comportement de son alter ego n'aurait pu être le sien. Il l'a confié dans les colonnes de L'Equipe. Gagner, il en avait autant envie que Emiliano Martinez. Mais il n'aurait jamais joué avec les règles. Jamais il ne les aurait enfreintes, même lorsqu'on eut aimé qu'il le fasse. Il n'aurait pas plus joué avec l'équipe de France. Il sentait que c'était fini. Alors il est parti. Soulagé. Et par respect pour ses partenaires. Ses successeurs. Et le maillot.
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