Equipe de France - Raphaël Varane arrête sa carrière internationale à 29 ans : c'était le bon moment car il l'a choisi

A l'heure où les carrières s'allongent, où chacun y va de son surplus, pour aller gratter tel ou tel record, parfois majeur, souvent insignifiant, Raphaël Varane a lui décidé de braver l'air du temps. Le défenseur des Bleus - l'ex-défenseur des Bleus doit-on désormais dire - a décidé de mettre un terme à sa carrière internationale à 29 ans. Oui, 29 ans. A un âge loin d'être canonique. Mais Varane, apparu sur une liste pour la première fois en août 2012 à l'occasion du match inaugural de l'ère Deschamps, a senti que c'était le moment. Alors, il a pris la décision. La bonne. Parce qu'elle s'imposait à ses yeux.

La dernière image de lui en bleu est évidemment triste. Parce qu'elle remonte au 18 décembre 2022. Parce que ses derniers pas sur le terrain ont été douloureux. Parce qu'il a dû quitter le pré en larmes, exténué. Il n'y aurait pas d'après sous le maillot bleu. Mais l'idée avait commencé à trotter dans son esprit, bien avant. "Représenter notre magnifique pays pendant une décennie a été l'un des plus grands honneurs de ma vie, a-t-il écrit sur son compte Instagram. A chaque fois que j'ai porté ce maillot bleu si spécial, j'ai ressenti une immense fierté. Le devoir de tout donner, de jouer avec mon cœur et de gagner à chaque fois qu'on entrait sur le terrain. Cela fait plusieurs mois que j'y réfléchis et j'ai décidé que c'était le bon moment pour moi de prendre ma retraite internationale".

Si l'on sait depuis le dernier Mondial que la relève est là, il est toujours bon de rappeler que l'on sait ce que l'on perd, pas ce qu'on retrouve. Et avec Varane en retrait de la vie internationale, l'équipe de France perd énormément. On ne va pas lister tous les faits d'armes du plus jeune porteur du brassard depuis 1910 - un soir de novembre 2014 où il avait marqué son premier but, soit dit en passant -, on vous conseillera juste d'aller jeter un nouveau coup d'œil à France - Belgique 2018, sa plus grande partition sous le maillot bleu.

Après avoir dû renoncer à une première cape contre l'Uruguay, en août 2012, Varane avait lancé sa grande aventure en mars 2013, en même temps qu'un certain Paul Pogba. En moins de dix ans et 93 sélections au compteur, Varane aura surtout traversé des hauts et peu de bas, hormis l'Euro 2021. Sa carrière internationale épouse le bail de Didier Deschamps, et a évidemment connu un incommensurable sommet le 15 juillet 2018, à Moscou. Il suffit - privilège de journaliste - de le revoir traverser la zone mixte avec la Coupe du monde lovée entre ses bras, tel un papa qui porterait un nouveau-né, pour imaginer ce que ce défenseur nourri à la gagne et à l'adrénaline des victoires en Ligue des champions vivait ce jour-là. Et d'imaginer à ce qu'il renonce en ce 2 février 2023.

Pour avoir également coupé sa carrière internationale plus tôt que prévu, parce qu'il sentait l'usure et le déclin poindre, Didier Deschamps a compris les motivations de son vice-capitaine, qui était d'ailleurs en première ligne pour récupérer le morceau d'étoffe porté par Hugo Lloris jusque-là : "J'ai vécu une situation un peu similaire à la sienne, je comprends ses arguments et respecte sa décision même si elle peut sembler regrettable au regard de tout ce qu'il a pu faire avec la sélection jusqu'à la Coupe du monde durant laquelle il s'est comporté, de bout en bout, comme le leader que l'on connaît."

Les mots de DD résument parfaitement le parcours du numéro 4 des Bleus, exemplaire sur le terrain, comme en dehors. Durant son bail, il n'aura récolté que trois cartons jaunes, et un rouge direct un soir d'amical échevelé face à l'Angleterre (3-2). Ça fait peu. Moins en tout cas que son nombre de buts inscrits sous la tunique tricolore (5).

Leader calme à la parole juste, Raphaël Varane sait aujourd'hui que la relève est prête. Le défenseur de Manchester United, dont le corps lui a joué trop de tours ces dernières années, dont le corps a été à deux doigts de le priver de Qatar, a vu que, d'Ibrahima Konaté à Dayot Upamecano, en passant par William Saliba, la relève était là, prête à prendre le relais. Usé physiquement et psychologiquement, Varane a préféré mettre la flèche.

Il y a bientôt deux ans, il confiait à Eurosport que "100 sélections, ce serait déjà magnifique." Mais qu'il n'en faisait pas une obsession : "Je n'ai jamais été du genre à me fixer des objectifs précis. Il faut foncer et on verra, c'est ma façon de penser. Je donne le maximum et j'essaie de prendre tout ce qu'il y a à prendre. Quand ce sera fini, je me retournerai et regarderai tout ce que j'ai accompli." Il peut. L'oeuvre est majeure.