Retraite internationale d'Olivier Giroud après l'Euro - Un géant

A 25 ans, un mois et douze jours, on ne commence plus une carrière internationale. Aujourd'hui, à cet âge-là, Kylian Mbappé a le brassard et 77 capes au compteur. Pourtant, c'est sur le tard et un peu par accident qu'en 2011, Giroud découvre les Bleus. Dans l'ombre de Karim Benzema, déjà, mais aussi de Loïc Rémy. Personne ne se doute alors que le gentil buteur de Montpellier est là pour treize ans.

Il a démarré à 25 ans, il finira à 37, un âge où plus personne n'est compétitif au plus haut niveau. Giroud, c'est l'histoire d'une trajectoire unique, celle d'un homme qui n'était pas taillé, a priori, pour une carrière internationale devenu meilleur buteur de l'histoire de l'équipe de France. Celle d'un géant.

"L'Euro sera ma dernière compétition", a-t-il glissé ce vendredi dans L'Equipe. Et c'est un grand vertige qui nous a saisis. Parce qu'il va falloir imaginer des Bleus sans lui. Depuis 13 ans, ce fut souvent une possibilité, jamais une réalité. Sauf lors d'un automne 2021 de finale de Ligue des Nations. Depuis son but en octobre 2012 sur la pelouse des champions du monde et d'Europe espagnols, qui marque sa vraie naissance en sélection, Giroud fut de toutes les aventures.

En Pologne et en Ukraine, au Brésil, en Russie, en Allemagne, en Hongrie, en Roumanie, au Qatar. Rarement comme une évidence et même, parfois, dans une hostilité confuse nourris par des malentendus. Ce 31 mai 2016, la France prépare son Euro à domicile. Au lendemain d'un match pourtant convaincant de l'avant-centre face au Cameroun (3-2), un gamin à la tête d'ange brandi une pancarte à la violence absolue devant l'hôtel des Bleus : "Giroud, blesse-toi stp".

La veille, 130 000 tweets sont échangés sur son cas. Jamais la défiance envers Giroud n'aura atteint une telle férocité. On lui reproche alors d'avoir pris la place de Karim Benzema voire d'Hatem Ben Arfa. Il quittera la pelouse de la Beaujoire les larmes aux yeux et sous les sifflets d'un public nantais qu'on a connu plus juste. Objet de crispation et de débats, Giroud ne cessera jamais de l'être. Même lorsqu'il sera champion du monde, il lui sera reproché de ne pas avoir marqué.

Et même quand il marquera au Qatar comme en quart de finale contre l'Angleterre, l'ombre de Benzema ne sera jamais bien loin. Il reviendra de tous les endroits où on l'avait un peu trop vite enterré. En 2022, un an après un Euro et sept mois sur le banc, il finira 3e meilleur buteur du Mondial qatari. "C'est God's plan", aime-t-il répéter. Et il y a de quoi croire, en effet, à des manifestations de quelques forces métaphysiques pour tenter d'expliquer l'inexplicable.

Du haut de son palmarès et de ses statistiques (131 sélections, 57 buts), le meilleur buteur de l'histoire des Bleus a gagné sa place au panthéon de l'équipe de France. Très haut même. Aux côtés d'Hugo Lloris et Raphaël Varane, les autres soldats de cette époque bénie.

Quel avant-centre a autant apporté à l'équipe de France dans son histoire ? Thierry Henry bien sûr et c'est à peu près tout. Une étoile, 57 pions et une longévité exceptionnelle, il est bien difficile d'ignorer la réalité. Giroud, en dépit des polémiques, est un colosse, un titan, un géant. C'est au moment où il semble avoir éteint toutes les critiques qu'il s'en va. Comme un ultime paradoxe à une carrière en tous points unique.