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Bilan tactique de l'année 2013 : Le modèle allemand a conquis l'Europe

Florent Toniutti

Mis à jour 30/12/2013 à 13:25 GMT+1

Après la patte espagnole, le style allemand a dominé l'Europe sur le plan tactique. La L1 a été impactée (milieu en losange). Et même le Barça a succombé, comme l'explique Florent Toniutti.

Bayern Munich celebrate v Dortmund (Reuters)

Crédit: Reuters

L'année 2013 a été marquée par une passation de pouvoir au sommet de l'Europe. L'année 2012 avait consacré une fois de plus le football espagnol à l'occasion d'un été exceptionnel, qui avait vu les Espoirs et l'équipe A remporter leurs championnats d'Europe respectifs. La finale de l'Euro 2012 avait fait la part belle aux équipes aimant le contrôle du tempo et de la possession de balle avec l'Espagne de Xavi-Iniesta d'un côté, l'Italie et le duo Pirlo-De Rossi de l'autre. La victoire de Chelsea en Ligue des champions avait été très vite éclipsée par cette compétition, qui avait un peu plus assis la domination ibérique sur l'Europe. Dix-huit mois plus tard, les choses ont bien changé et l'épicentre du football du Vieux Continent s'est déplacé à l'est vers l'Allemagne.
A l'international : l'Allemagne, nouveau modèle
Evidemment, ce sont les demi-finales de la dernière Ligue des champions qui ont été le théâtre de ce séisme. Alors que toute l'Espagne attendait un énième Clasico en finale, le Bayern Munich et le Borussia Dortmund ont infligé un 11-3 en quatre matchs au duo Barça-Real. Ces succès, les clubs allemands les ont construits grâce à une cohésion et une solidarité sans faille à la récupération de balle. Tout le monde attaque, tout le monde défend : il n'y a pas de passe-droit pour les plus talentueux, comme il peut y en avoir pour Lionel Messi ou Cristiano Ronaldo. Et pour cause, le travail défensif des attaquants était capital dans les systèmes en 4-2-3-1 du Bayern Munich et du Borussia Dortmund au printemps dernier. Alors que les deux lignes de quatre contrôlaient les créateurs et les finisseurs adverses, Lewandowski-Götze d'un côté et Mandzukic-Muller de l'autre revenaient travailler défensivement. Ils ciblaient les joueurs qui permettaient normalement aux adversaires de contrôler le ballon dans le camp adverse et de fait le rythme de la partie (Xavi, Busquets pour le Barça, Xabi Alonso pour le Real Madrid et même Andrea Pirlo pour la Juventus Turin lors de son quart de finale face au Bayern).
Avec ces équipes, l'heure n'est plus forcément au "pressing tout terrain", incarné par le Barça de Guardiola qui allait chercher très haut ses adversaires. A cela, le Bayern et le Borussia Dortmund préfèrent une "pression constante" mais concentrée sur un demi-terrain. Evidemment, les deux équipes ne rechignent pas à faire les efforts nécessaires pour maintenir la pression dans les 30 derniers mètres lorsque l'adversaire est acculé. Mais c'est surtout lorsque celui-ci arrivait au niveau de la ligne médiane que le Bayern et le Borussia ont impressionné. La cohésion entre les deux premières lignes (milieu et attaque) était exceptionnelle grâce à la mobilité et l'endurance des attaquants. Leur travail facilitait la tâche des milieux de terrain, qui eux-mêmes soulageaient leurs défenseurs. Surtout, il permettait aux deux équipes allemandes de quadriller parfaitement leur moitié de terrain : l'adversaire ne pouvait donc y rester et était souvent contraint de ressortir le ballon jusqu'à ses défenseurs... ce qui permettait à l'ensemble du bloc de remonter et de mettre en place une nouvelle phase de pressing dans l'entrejeu.
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Bayern Munich's Arjen Robben (L), together with team mate Thomas Mueller (R), celebrates after scoring the winning goal against Borussia Dortmund

Crédit: Reuters

En Ligue 1 : l'avènement du losange
C'est sur ce même principe (quadriller efficacement sa propre moitié de terrain) que le 4-4-2 en losange s'est fait une place de choix en Ligue 1 sur la première moitié du championnat. Que ce soit à Lille, Lyon ou Monaco, le système a avant tout marqué les esprits par sa capacité à annihiler les offensives adverses. Et pour cause, de par son milieu renforcé par un quatrième homme dans l'axe, il permet aux équipes de bloquer à la fois la relance (par les attaquants) et la transition vers les attaquants (par les milieux excentrés qui coulissent sur la largeur), tout en ayant la possibilité de maintenir une pression sur les milieux adverses une fois replié en phase défensive (grâce à la présence du n°10). En ayant sans cesse un joueur capable de sortir au pressing pour perturber la construction adverse, le LOSC ou l'OL repoussent souvent leurs adversaires hors de leur moitié de terrain. Ensuite, le bloc remonte et l'histoire peut se répéter indéfiniment en faveur du 4-4-2 en losange.
Face à un tel système, les équipes doivent s'en remettre à des prises de risque (dépassement de fonction des défenseurs, projections balle au pied, dribbles, changements de jeu, combinaisons en une touche etc...) pour prendre l'ascendant. Des options qui ne sont aujourd'hui pas prioritaires en L1 et qui expliquent sans doute que ce système de jeu réussisse autant à l'heure actuelle. A l'exception de Galatasaray, pour une défaite 1-6 face au Real Madrid, et de l'AC Milan face à l'Ajax (soit 3 matches sur les 96 disputés par les membres du Top 16 européen), aucun des seize qualifiés pour les huitièmes de finale de la Ligue des Champions ne l'utilise. Et pour cause, plus la qualité technique des adversaires est grande, et plus les milieux sont susceptibles de courir dans le vide. Car le 4-4-2 en losange les oblige à changer d'adversaire direct en fonction de la circulation du ballon. Par ailleurs, jouer avec un losange n'est pas donné à n'importe quelle équipe : les milieux doivent être aussi endurants que polyvalents pour pouvoir accompagner les offensives.
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Roux Balmont Lille Ligue 1 2013

Crédit: Panoramic

Qu'attendre en 2014 ?
Avec une Coupe du monde en ligne de mire, la nouvelle année s'annonce des plus excitantes sur le plan tactique. Alors que le Bayern adopte petit à petit la philosophie de Pep Guardiola, la question la plus intéressante va sans doute concerner l'évolution du Barça de Tata Martino : les Catalans vont-ils s'ajuster au modèle allemand qui les a martyrisés au printemps dernier ? Le dernier Clasico, unique "gros match" joué par le Barça cette saison, a donné une première indication sur ce point. En repositionnant Messi à droite, Tata Martino a installé Fabregas dans l'axe et a ainsi gagné un joueur plus actif face à la construction adverse. Sur ce match, le Barça a marqué les esprits en faisant preuve d'une très grande sérénité défensive, parvenant à repousser le Real Madrid hors de sa moitié de terrain grâce à l'activité de Fabregas et Xavi en pointe de son système. Alors, 2014, année de fusion des deux grands modèles de ces dernières années ? Rendez-vous au printemps pour une première indication.
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