José Mourinho et son Chelsea aux deux visages
Publié 05/01/2014 à 12:47 GMT+1
Chelsea est monté en puissance pendant la période des fêtes. José Mourinho a trouvé deux types d'équilibre, selon ce qu'il compte opposer à l'adversaire.
Troisième équipe derrière Arsenal et Manchester City, Chelsea est passé par tous les états durant la période des fêtes : après avoir été ennuyeux à mourir face à Arsenal et poussifs contre Swansea, les Blues ont fini 2013 et débuté 2014 de la meilleure des façons, en ajoutant la manière à leurs victoires face à Liverpool (2-1) et Southampton (3-0). Mais au-delà de la forme, il y a avant tout le résultat. Et sur ce point, les hommes de José Mourinho ont su répondre présent : à Chelsea peut-être plus qu'ailleurs en Angleterre, qu'importe le flacon pourvu qu'il y ait l'ivresse du succès. En 2013 en tout cas... car de nombreux indices peuvent rendre optimistes les supporters des Blues pour l'année à venir.
La patte Mourinho : formules multiples mais même cohésion
Six mois après son come-back dans la capitale anglaise, José Mourinho a posé sa patte sur sa nouvelle équipe. Comme toujours avec lui, c'est souvent "tout ou rien" en terme de spectacle. Une saison, c'est d'abord un marathon et il s'agit de tenir le choc pendant 38 journées, même si cela signifie de "calculer" au moment de négocier certains rendez-vous. Le déplacement à l'Emirates avant les fêtes était de ce genre-là : Mourinho avait avant tout construit une équipe pour ne pas perdre et céder du terrain à son adversaire du jour. Détruire plutôt que construire (Ramires avec Mikel et Lampard dans l'entrejeu), et espérer qu'un talent individuel (Hazard, Willian, Torres) fasse la différence pour réaliser le coup parfait. De différence il n'y a pas eu, mais Mourinho est reparti très heureux de chez son voisin, ramassant un point pour rester dans son sillon.
Ce jour-là, les Blues étaient en 4-1-4-1 avec Mikel en sentinelle entre deux lignes de quatre. Le bloc était bas et les lignes resserrées. Il s'agissait de laisser venir l'adversaire. Lorsqu'il faut aller chercher un résultat en revanche, Chelsea change d'approche : le n°6 est transformé par un n°10 et le bloc remonte dans le sillage des attaquants, premiers éléments perturbateurs pour la relance adverse. Une situation vue face à Liverpool, où les Blues ont dû réagir après avoir encaissé très rapidement l'ouverture du score. Complétant le quatuor offensif avec Eden Hazard, Samuel Eto'o, Willian et Oscar ont abattu un énorme travail défensif pour mettre les Reds en difficulté au milieu de terrain. Le pressing commence par les attaquants : c'est l'un des grands points communs des équipes qui ont réussi ces dernières années et José Mourinho veut l'appliquer à Chelsea comme il l'a appliqué au Real Madrid et surtout à l'Inter Milan. Depuis son retour en Angleterre, le coach insiste sur ce point, et trouve avec Oscar et Willian des "artistes" qui ne rechignent pas à ces tâches ingrates.
Hazard comme Ronaldo
Ce travail abattu par les deux Brésiliens, et accompagné par Eto'o ou Torres lorsque ces derniers sont en bonne forme physique, permet à Mourinho de décharger en partie son quatrième "offensif" de ses responsabilités défensives. Sur ce point, le coach portugais avait le choix entre Juan Mata et Eden Hazard ; la première partie de saison a consacré le Belge comme étant son premier choix. Aujourd'hui, l'ancien Lillois est à Chelsea ce que Cristiano Ronaldo était au Real Madrid la saison dernière : le joueur-référent en attaque et libéré de certaines tâches défensives... Pas toutes, attention ! Lorsque Chelsea doit défendre, Hazard doit tenir son couloir et se replacer comme ses dix autres partenaires. En revanche, il est moins actif au pressing par rapport aux autres membres du quatuor offensif. Quand Eto'o, Oscar et Willian se sacrifient à la récupération et reviennent aider leurs milieux de terrain, Hazard doit se tenir prêt pour accompagner le contre en cas de ballon gagné par ses partenaires.
De la même façon, le Belge est le "milieu offensif" le plus proche de l'attaquant lorsque les Blues doivent "placer" leurs offensives. A l'instar de l'animation madrilène, où Ronaldo évoluait haut et laissait Özil ou Di Maria remonter les ballons, Hazard abandonne la mène à Oscar et Willian pour occuper un rôle hybride entre l'ailier et le neuf et demi. Libre de se déplacer sur tout le front de l'attaque, l'international belge est l'homme de la dernière passe, du dernier dribble, du dernier tir. Depuis le début de la saison, ses stats suivent : en 24 apparitions, il a signé 9 buts et 5 passes décisives, et crée en moyenne plus de deux occasions par match pour ses partenaires. Bref, il franchit un palier, lui qui en était resté à 9 réalisations sur toute la saison 2012/2013.
Une animation toujours en construction
Si Chelsea donne l'impression de monter en puissance au fil des semaines, c'est certainement grâce à l'avènement du duo Oscar-Willian en soutien du Belge. Travailleur contre Arsenal, Willian a pris une autre envergure lors du second choc des Blues face à Liverpool. Sans perdre de son activité défensive, l'ex-milieu de terrain du Shakhtar Donetsk a affiché une belle complémentarité avec son partenaire brésilien, prenant en main ensemble le jeu des Londoniens. A tour de rôle, les deux Brésiliens revenaient dans leur camp afin de suppléer Lampard et David Luiz à la relance, créant ainsi le surnombre face aux milieux adverses.
Travaillant principalement dans l'axe, ce quatuor était accompagné par les montées d'Ivanovic et Azpilicueta. A défaut de multiplier les débordements sur leurs ailes - Ivanovic n'est pas un spécialiste du genre et Azpilicueta s'est finalement imposé côté gauche - les deux hommes sont des relais extérieurs qui permettent aux créateurs de se projeter et d'attaquer la défense adverse. Laissant généralement le quatrième milieu en couverture (David Luiz, Mikel...), Lampard, Oscar et Willian orchestrent les offensives des Blues, à la recherche de Hazard et leur avant-centre (Eto'o, Torres, Ba...) dans les 30 derniers mètres.
Bref, Chelsea semble donc avoir enfin trouvé un équilibre au cours de cette période charnière de la saison de Premier League. José Mourinho peut désormais préparer sereinement les échéances à venir, pianotant à partir de ce possible onze-type pour obtenir des formules plus offensives (association de Mata et Hazard) ou défensives (Ramires à la place de Willian dans l'entrejeu). Les fondations sont posées, reste désormais à faire monter l'édifice le plus haut possible. Reste à savoir avec quels renforts...
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