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Robert Lewandowski, le grand retour du 9 sur l'échiquier mondial

Glenn Ceillier

Mis à jour 14/12/2020 à 22:30 GMT+1

Auteur d'une année 2020 exceptionnelle et récompensé du titre de joueur de l’année décerné par les rédactions d’Eurosport, Robert Lewandowski démontre que les numéros 9 ne sont pas obsolètes. Boudés pendant des années lors des récompenses individuelles après avoir dû s'adapter à l'évolution du jeu, les attaquants de pointe ont retrouvé un étendard avec le Polonais, qui surfe sur les succès du Baye

Robert Lewandowski - STAR OF THE YEAR - EUROSPORT

Crédit: Eurosport

"Il n'y a de moins en moins de vrais numéros 9". Jean-Pierre Papin, l'ancien buteur de l’Olympique de Marseille et Ballon d'Or 1991 dresse un constat cinglant : l'avant-centre pur a disparu des radars depuis des années. Sur les pelouses mais aussi dans les récompenses de fin d'année, les grands 9 n'étaient plus légion ces derniers temps, presque en voie de disparition. Mais cette espèce menacée possède depuis quelques années un leader pour la guider dans cette quête de survie avec Robert Lewandowski. Cette année, le Polonais a même démontré qu'il avait les épaules pour remettre sa lignée au goût du jour. C’est ainsi que les rédactions d’Eurosport en ont fait leur joueur de l’année.
Le temps où les 9 étaient les stars de la planète football n'est pourtant pas si lointain. Il y a à peine 20 ans, leurs performances rythmaient les week-ends. Et les maillots floqués du 9 s'arrachaient dans les boutiques pour être fièrement portés dans les tribunes. Depuis, les temps ont changé. Il suffit ainsi de jeter un coup d'œil sur le palmarès du Ballon d'Or ou du joueur FIFA de l'année pour se rendre compte de la traversée du désert des grands avant-centres de métier. Le 7 et le 10 pris le pouvoir.
Aucun avant-centre n'a été sacré depuis Andreï Shevchenko, Ballon d'Or 2004. Pire, il n'y a pas eu un seul attaquant de pointe sur les podiums depuis 2008. "C'est un phénomène de mode. Aujourd'hui, peu d'équipes misent uniquement sur un seul buteur. On préfère avoir deux ou trois attaquants aptes à marquer des buts. Il n'y a maintenant plus d'avant-centres qui ne font que ça. Le football ne veut plus être dépendant d'une seule personne", estime Jean-Pierre Papin.
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Robert Lewandowski

Crédit: Getty Images

Victimes de l'évolution du jeu

Le football évolue. Les postes également. Et celui d'avant-centre a dû s'adapter au jeu de possession devenu la référence de la planète football depuis des saisons maintenant. Les avant-centres, qui s'étaient taillés la part du lion pendant des années au Ballon d'Or avec notamment Marco Van Basten (1988, 1989, 1992), Jean-Pierre Papin (1991), Georges Weah (1995), Ronaldo (1997, 2002), Michael Owen (2001) ou encore Andriy Shevchenko (2004), ont ainsi dû accepter de prendre un peu moins la lumière.
Alors que les phénomènes Lionel Messi et Cristiano Ronaldo - loin d’être des attaquants de pointe au sens strict du terme - ont imposé leur patte sur la planète football, les avant-centres ont eux rongé leur frein. Et ont fait des concessions en se mettant plus au service du collectif. "Il y a eu une grande évolution du jeu ces dernières années, souligne également Bernard Lacombe, l'ancien serial-buteur de Lyon ou de Bordeaux dans les années 70-80. Les joueurs dans le profil des anciens attaquants comme j'ai pu l'être sont plus rares. Les attaquants doivent aujourd'hui plus participer au jeu. Ils doivent faire plus d'efforts pour le collectif. Quand je vois par exemple tous les déplacements effectués par Karim Benzema au Real ou Alexandre Lacazette à Arsenal, c'est usant. Après, ils perdent la sensibilité avec le pied dans la zone de vérité ou de la lucidité. Tous ces petits détails qui sont si importants".
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Robert Lewandowski

Crédit: Getty Images

Le football va évoluer encore une fois
Faisant fi de ce constat, Lewandowski a su se faire sa place au soleil dans un style de pur avant-centre comme le football n’en produit quasiment plus, du moins à ce niveau. Certes, le Polonais n'est pas qu'un simple chasseur de buts, ce qu'il fait déjà à merveille pour affoler les stats. Il est bien plus que cela. Complet et fin techniquement, il descend ainsi régulièrement pour participer à la construction du jeu au Bayern, où il contribue aussi au pressing à la perte du ballon. "Dans la philosophie du Bayern, il n'y a pas un joueur qui attend qu'on lui donne le ballon. Il fait partie d'un système, où il doit défendre et attaquer", remarque Jean-Pierre Papin. Mais on parle quand même bien d'un vrai avant-centre.
Par son agilité, son physique, et son efficacité létale, l'élégant attaquant du Bayern Munich brille surtout devant le but. Il ne cesse ainsi d'affoler les compteurs, à l'image de ses cinq titres de meilleur buteur de Bundesliga sur les sept dernières saisons. Dans un système en Bavière qui passe beaucoup par les côtés et le met en valeur, il peut rester le plus souvent dans l'axe et traîner dans la surface, son terrain de chasse favori. "Dans le positionnement, dans les déplacements, c'est le vrai buteur. Il est toujours bien placé", applaudit Bernard Lacombe, fin connaisseur du sujet pour avoir planté 255 buts en 497 matches de première division. "Quand le ballon arrive, il est là. Ça ne s'invente pas. Et quelle adresse !", apprécie aussi Papin.
Avec sa palette si fournie, Lewandowski remet ainsi le numéro 9 à sa place : au coeur du jeu et des débats. L’ancien du Borussia Dortmund illustre que les purs numéro 9 ont encore leur place sous le feu des projecteurs. Et alors que le phénomène Erling Haaland a débarqué sur la planète du ballon rond telle une comète, cela peut même relancer une mode. "On y reviendra un jour. Le football va évoluer encore une fois", annonce déjà Jean-Pierre Papin, content de trouver des successeurs à sa lignée.
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