MU prend sa revanche

Cela n'effacera sans doute pas le revers subi à domicile dans le derby précédent (1-6), mais la victoire acquise sur le terrain des ennemis de City en FA Cup aura le mérite de remettre un peu de baume aux coeurs des Red Devils. United réalise un joli coup en signant un succès dans le 161e derby de Manchester et en éliminant les tenants du titre. Mais que cette victoire fut difficile à confirmer pour les hommes d'Alex Ferguson pourtant en supériorité numérique pendant 79 minutes après l'expulsion un peu sévère de Vincent Kompany, coupable d'un tacle dur sur Nani. Dominateurs, avec des automatismes retrouvés, les visiteurs ont logiquement fait la course en tête dans cette rencontre, City frôlant la correction avant même la pause, avant de retomber dans leurs récents travers et de s'exposer à un improbable retour des tenants du titre.

Après deux revers en championnat et des embrouilles extra-sportives dont Ferguson ne voulait pas prendre ombrage, quel pouvait être l'état d'esprit des visiteurs? Pour faire oublier les affaires Rooney (sorties nocturnes et annonce de transfert dans la presse), l'entraîneur écossais avait sorti de son chapeau Paul Scholes, de retour sur le banc après avoir annoncé sa retraite l'été dernier. A 37 ans, le vétéran anglais reprend du service jusqu'à la fin de saison. Pour le reste, MU alignait ses titulaires habituels, ceux encore aptes, exceptions faites de Chicharito relégué sur le banc et Berbatov en tribunes. Il ne fallait que 10 minutes pour juger qu'à United, les matches n'ont réellement aucune influence sur les suivants. Les Red Devils laissaient passer l'orage bleu les cinq premières minutes du match avant de saisir leur toute première opportunité pour faire mouche. Rooney reprenait de la tête un centre de Valencia pour tromper Pantilimon, remplaçant de Joey Hart (0-1, 10e). Une ouverture du score qui dopait le moral des troupes rouges.

Mieux dans leur football, revenus à du basique dans le jeu sans chercher les passes compliquée qui n'aboutissaient plus les dernières rencontre, Giggs et les siens déroulaient, aidés aussi par la réduction à 10 de leurs adversaires. Plus que d'un point de vue numérique, c'est dans l'attitude affichée par les Red Devils qu'on sentait la différence. Welbeck se battait pour récupérer le ballon et marquer d'une belle reprise de volée (0-2, 30e). Le jeune attaquant obtenait ensuite un penalty que Rooney transformait en deux temps (0-3, 39e). Très remuant et parfaitement à l'aise dans son rôle de distributeur du jeu, Rooney faisait ainsi oublier ses frasques récentes et sa mise à l'écart du groupe. Mais, toute aussi maîtresse du ballon et de sa rencontre qu'elle était, United ne parvenait pas à enfoncer définitivement le clou et la machine s'enrayait progressivement.

Roberto Mancini réalisait alors un joli coup tactique. Privés des frères Touré partis à la CAN, avec un Nasri en dedans, l'Italien recomposait sa défense en la faisant passer à cinq (Richards, Savic, Zabaleta, Lescott, Kolarov). United se heurtait alors à un mur qui se muait en rampe de lancement pour contres foudroyants. De quoi faire retomber les Red Devils dans leurs travers et leur faire perdre le fil de leur match. Kolarov changeait définitivement la face du match en inscrivant un coup franc direct dès la reprise (1-3, 48e). City ne croyait pas encore totalement à un retour, mais à un affront moins grand. Aguero, lui, ne voulait pas abdiquer. Seul en pointe, l'Argentin réduisait la marque peu après l'heure de jeu en profitant d'un relâchement de Smalling pour marquer face au but (2-3, 65e).

Un penalty oublié de part et d'autre (une main de Jones et une faute de Kolarov sur Welbeck) n'y changerait rien. La débauche d'énergie était sans doute trop importante pour City qui, malgré toute son envie, ne parvenait pas à arracher une égalisation synonyme de seconde manche à Old Trafford. United déleste donc son éternel rival de sa couronne et peut encore espérer glaner un trophée qui la fuit depuis 2004. Si la bande à Ferguson s'adjuge un nouveau derby, ce succès à l'arraché n'effacera pas tous les doutes sur les capacités réelles d'un groupe encore convalescent.