Vinicius insulté lors de la défaite du Real à Valence, Ancelotti révolté : "La Liga a un problème avec le racisme"

Il y avait comme un air de déjà-vu qu'on ne voudrait plus revoir dimanche à Mestalla. Où la défaite du Real Madrid face à Valence (1-0) est passée au second plan. Le match a été marqué par les insultes du public à l'encontre de Vinicius Jr., qui en subit régulièrement sur tous les terrains du championnat espagnol. Carlo Ancelotti n'y est pas allé par quatre chemins en conférence de presse. "Je ne veux pas parler de football, qui veut vraiment parler de football ?", a lancé l'entraîneur madrilène aux journalistes.

Le technicien italien a songé à remplacer Vincius Jr. quand il a entendu le mot "mono", qui signifie "singe" en espagnol, descendre des tribunes de Mestalla. "Penser à faire sortir un joueur pour cause de racisme, ça ne m'était jamais arrivé, a-t-il lâché. Ce qui s'est passé aujourd'hui (dimanche, NDLR) nous est déjà arrivé, mais de cette manière, non. C'est inacceptable. La Liga espagnole a un problème avec le racisme. Et le problème, ce n'est pas Vinicius. Vinicius est la victime. Mais il y a un problème très grave."

Les versions sur la teneur des insultes ont d'abord divergé. Un journaliste a ainsi répondu à Ancelotti que certains spectateurs n'avaient pas crié "mono", mais "tonto", qui signifie "imbécile" en espagnol. L'entraîneur madrilène n'y croit pas une seconde. "Pourquoi pensez-vous que l'arbitre a interrompu le match ?", a-t-il questionné. Parce que le public criait 'imbécile' à Vinicius ? Non. L'arbitre a interrompu le match parce qu'il a ouvert le protocole de racisme." Dans son rapport, la Liga a confirmé que que ces insultes étaient bien racistes.

Le match a été interrompu aux alentours de la 70e minute quand Vinicius Jr. a pointé du doigt un supporter qui lui a proféré des insultes racistes. Accompagné de ses coéquipiers, il est allé rapporter les faits à l'arbitre. "Je lui ai demandé (à Vinicius, NDLR) s'il voulait continuer à jouer, et il voulait continuer, a expliqué Ancelotti. L'arbitre m'a dit qu'il devait aussi continuer, qu'il allait appliquer le protocole si cela se reproduisait. Mais cela s'est reproduit, parce que quand il l'a expulsé sur carton rouge, tout le stade s'est mis à chanter "singe, singe"... Cela ne peut pas continuer... Je suis très triste".

Vinicius Jr. a écopé d'un carton rouge dans le temps additionnel après une altercation avec Giorgi Mamardashvili, le gardien de Valence. Il s'en est suivi une échauffourée durant laquelle le Brésilien a asséné un coup au visage de d'Hugo Duro, l'attaquant du VCF, ce qui lui a valu cette expulsion. Hors de lui, Vinicius Jr. a adressé un "A segunda" ("vers la deuxième divsion") avec les deux doigts levés au public de Mestalla, qui l'a insulté de plus belle pendant et provoquant un épisode de tension entre les bancs des deux équipes.

Vinicius Jr. a subi des insultes durant toute la rencontre, comme c'est régulièrement le cas dans les matches à l'extérieur du Real Madrid, où le public tente ainsi de faire sortir le joueur de son match. Le phénomène s'était déjà produit notamment lors de la défaite du club merengue à Majorque (1-0). "Il n'y a rien de nouveau, dans tous les stades d'Espagne, les gens manquent de respect à Vinicius de manière continue, a déploré son coéquipier Dani Ceballos. C'est un joueur que l'on doit choyer. C'est un joyau de notre Liga et de notre club. C'est vraiment dommage que l'on soit arrivé à ce point."

Ces incidents ne resteront pas sans suite. Dans un communiqué, Valence a dit "condamner publiquement toute sorte d'insultes, d'attaques ou de mépris", et "regrette les faits survenus", en évoquant toutefois un "acte isolé". "Le club est en train d'enquêter sur les faits qui se sont déroulés et prendra les mesures les plus sévères", a poursuivi le club. "Il s'agit de déclarations totalement erronées de la part de M. Ancelotti, a par ailleurs déclaré le directeur général Javier Solis. Nous rejetons les déclarations de l'entraîneur, qui sont le résultat d'une erreur de langage. Il a dû comprendre un autre mot."

Ancelotti, peu adepte des sorties médiatiques spectaculaires, est bien sûr de ce qu'il a entendu. La Liga va d'ailleurs dans son sens. Et l'entraîneur madrilène ne décolère pas. "Ces épisodes de racisme ne peuvent pas se produire, il s'agissait de tout le stade, pas d'une seule personne, comme ce fut le cas à d'autres occasions, a-t-il affirmé. Il faut que cela cesse. Et je dirais la même chose si nous avions gagné 3-0. Je suis très attentif à ce qui se passe. En général, il ne se passe rien. Je ne suis pas un juge, mais il faut bien évaluer la situation, c'est assez grave."

Bien plus prompt à critiquer la prise de position du Brésilien que les paroles racistes proférées, le président de la Liga, Javier Tebas, a répondu dans la soirée à la sortie de Vinicius sur ses réseaux sociaux. Le Brésilien fustigeait le problème de la Liga, championnat "qui appartient aux racistes", et Tebas a volé au secours de son championnat.

"Comme ceux qui devraient le faire mais ne t'expliquent pas ce que la Liga peut faire lors d'un acte raciste, nous avons essayé de te l'expliquer nous-mêmes, mais tu ne t'es présenté à aucune des deux dates que tu avais toi-même sollicitées, a répliqué Tebas, ajoutant une vidéo du joueur où l'on entend qu'il loue le travail de la Liga en matière de lutte contre le racisme. Avant de critiquer et d'injurier la Liga, il faut que tu t'informes correctement. Ne te laisse pas manipuler, et assure-toi de bien comprendre les compétences de chacun et le travail que nous faisons ensemble."