Liga - Que va faire le Real Madrid avec Luka Modric ? "Tout le monde pense que c'est la fin de sa carrière… sauf lui"

C'est un cérémonial désormais bien réglé, presque un passage nostalgique obligatoire : quand on quitte le Real Madrid en légende, c'est accompagné d'une conférence de presse émotionnelle où les larmes sont aussi nombreuses que les trophées amassés au fil des années. Cristiano Ronaldo, Marcelo, Sergio Ramos, Casemiro, Karim Benzema : personne n'a échappé à cette tradition, celle d'un club qui rend une dernière fois hommage à ses héros avant de tourner la page, sans jamais se retourner.

A mesure que le Real Madrid a entrepris sa reconstruction, dont le point final pourrait bien être cette intersaison 2024 en forme de feux d'artifice avec l'arrivée programmée de Kylian Mbappé, chaque été a fait des victimes. A l'heure de couper des têtes, le club merengue ne verse jamais dans le sentimentalisme. La performance et la programmation sportive priment toujours sur la nostalgie et, en 2024, deux candidats mettent déjà l'équipe évènementielle du club madrilène sur le qui-vive : Toni Kroos et Luka Modric.

L'Allemand de 34 ans, qui a annoncé son retour en sélection, n'est cependant pas dans la même incertitude que le Croate de 38 ans. Ces derniers mois, à mesure que Kroos continuait de rayonner sur le tempo du Real, Modric se cantonnait au banc de touche. Seize petites titularisations cette saison sur trente-cinq matches disputés : s'il fallait cibler le grand perdant de l'opération rajeunissement du Real, voilà la victime idéale. Samedi, il débutera à nouveau sur le banc de la pelouse de Mestalla, où le Real se déplace pour affronter le Valence CF.

Ce nouveau statut, le Ballon d'Or 2018 l'accepte mal. Parce que malgré son élégance, malgré son apparente bonhommie, Modric est un guerrier - soyeux certes -, combattant dans l'âme et compétiteur extrême. Mais sa situation contractuelle précaire – il est en fin de contrat en juin – n'aide pas à l'intégrer plus dans les rotations madrilènes où faire grandir les jeunes pousses est une nécessité pour l'avenir.

Sa sortie médiatique, en septembre dernier où il revenait sur sa récente prolongation d'un an, traduisait assez bien son état d'esprit : "L'unique condition que j'ai fixée pour rester, c'était qu'on me considère encore comme un joueur compétitif, comme c'était le cas jusqu'à présent. En gros, qu'on ne me garde pas dans l'effectif simplement pour mes mérites passés". Visiblement, son souhait n'a pas été totalement entendu. Et la suite ne sera pas forcément plus enthousiasmante.

Selon AS, Carlo Ancelotti n'a pu lui proposer qu'une place dans son staff l'an prochain. En Arabie saoudite, en MLS, à Zagreb, en Turquie, on l'imagine encore comme une star à même d'impulser un nouveau projet. Voilà donc Modric à la croisée d'un chemin s'approchant malgré tout de la fin. Au Real, les choses semblent en tout cas claires. "Je ne parle pas de choses personnelles dans la presse, a botté en touche l'Italien quant à sa proposition. Ce que tout le monde souhaite, Modric y compris, c'est qu'il continue d'être le joueur fantastique qu'il est. Son futur, il le décidera par lui-même".

Visiblement, le message est passé. "Fantastique", il l'a été après pour débloquer le Real face au FC Séville (1-0). Un enchaînement d'une simplicité folle, d'une finesse magnifique, d'une efficacité redoutable : du Modric dans le texte pour une réplique de son but face à Manchester United en 2013. Son accueil dans le vestiaire madrilène après le match symbolise sa place dans cet effectif. "On l'a fêté comme il se doit car il le méritait, il a marqué un super but, commentait Carletto après coup. C'est très compliqué de le laisser sur le banc, de laisser un joueur de ce calibre sur le côté. J'ai connu ça à la fin de ma carrière et je sais très bien ce qu'il ressent, je comprends qu'il soit un peu triste de tout ça".

Et l'Italien de continuer. "Tout le monde pense que c'est la fin de sa carrière… sauf lui, a-t-il glissé. Il montre qu'il est frais, qu'il est bien, qu'il a des jambes. Par ce qu'il fait, c'est impossible de dire que c'est la fin". Alors que le mois de mars débute, mois où le Real prend historiquement des décisions quant aux prolongations à venir, son cas ne semble plus aussi tranché. Parce que Modric, même à 39 ans, reste à part.

"C'est entre ses mains, il fera ce qu'il veut, a conclu Ancelotti. On doit juste attendre sa décision. Modric, Kroos, Nacho : ils sont dans la même situation." Dans l'affaire, la presse madrilène, via Marca, toujours aussi versatile, a résumé le mieux les choses. Un poco de Modric puede ser muchísimo. Pas besoin de traduction.