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La mort de Bernard Tapie - OM : De l’ambassade d’URSS à Munich, l’odyssée marseillaise de Tapie en 9 dates

Maxime Dupuis

Mis à jour 03/10/2021 à 22:54 GMT+2

LA MORT DE BERNARD TAPIE - Bernard Tapie est mort dimanche matin. A jamais, il restera dans les mémoires et dans l’histoire de l’Olympique de Marseille qu’il avait transformé en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. De club moribond à champion d’Europe, le “Boss” aura eu besoin de sept ans. Moyens, flair et ambition : voici les 9 dates qui ont marqué son OM.

Bernard Tapie et Jean-Pierre Papin, son joueur symbole

Crédit: Getty Images

4 octobre 1985 : L’URSS, plus court chemin vers l’OM

Quand il prend place au banquet donné à l’ambassade d’URSS en l’honneur de Mikhaïl Gorbatchev, Bernard Tapie est sans doute à mille lieux d’imaginer la suite. Si son histoire est celle d’un homme d’instinct, d’un touche à tout qui ne recule devant rien, l’Olympique de Marseille n’est pas une ambition. Pas même une envie. Mais le hasard de la vie fait souvent bien les choses. Assis non-loin d’Edmonde Charles-Roux, épouse du ministre du Plan et de l’Aménagement du territoire qui n’est autre que le maire de Marseille, Gaston Defferre, le jeune et dynamique quadra devise de choses et d’autres avec ceux de se ses rares voisins de table qui parlent français.
A un moment, l'écrivaine se lance et demande au magnétique Tapie : “Pourquoi ne viendriez-vous pas à l’OM ?” L’histoire est en marche. Dans deux mois, l’entrepreneur - animateur - vainqueur du Tour de France annonce son ambition de racheter un club moribond, qui ne pèse plus grand chose dans la galaxie du football français. La perestroïka est en voie.

12 avril 1986 : Le Boss au pouvoir

Un franc symbolique. La spéciale Tapie. L’OM dans la poche, celui qui deviendra le “Boss”, va commencer à mettre la main au portefeuille, sérieusement. On n’attire pas les mouches avec du vinaigre. On n’attire pas l’attention des grands joueurs ou des grands techniciens avec des promesses, même si personne ne sait mieux les susurrer que “Nanard”. Très vite, Bernard Tapie cible Gérard Banide et Michel Hidalgo pour l’accompagner dans cette folle aventure. Hidalgo n’est plus sélectionneur des Bleus depuis l’été 1984 et il sait gagner, puisqu’il a propulsé l’équipe de France sur le toit de l’Europe.
Tapie n’y connaît pas grand-chose en football, le reconnaît volontiers, mais il sait s’entourer de ceux qui savent. Et l’animal qu’est Bernard Tapie apprend vite. Jean Carrieu, président de l’OM en place, n’a pas forcément envie de céder la place. Mais il ne sera bien plus qu’un astérisque dans cette histoire. Il démissionne le 10 avril. Tapie prend le pouvoir deux jours plus tard.
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Bernard Tapie, président de l'Olympique de Marseille

Crédit: Getty Images

5 août 1986 : L’ère Papin est lancée

Vite, Bernard Tapie cible des stars pour venir renforcer cet OM moribond. Förster arrive, Giresse viendra, Tigana aussi, mais plus tard, Platini est ciblé, Maradona le sera. Parce que Tapie a les moyens et l’envie. Mais son premier grand coup, pas le dernier mais sans aucun doute le plus beau et le plus symbolique de toute l’histoire de l’OM, tient en trois lettres : JPP. A l’été 1986, alors qu’il entame sa vie de président du club phocéen, Tapie rapatrie un jeune attaquant français, qui vient de jouer la Coupe du monde avec les Bleus et qui évoluait jusqu’ici en Belgique, à Bruges.
Il est jeune, un peu chien fou avec les défauts de ses qualités mais le futur ministre de la Ville, sent le bon coup. Jean-Pierre Papin s’engage avec l’OM, après avoir signé un pré-contrat avec… Monaco. Son premier match au Vélodrome, c’est le 5 août contre… l’ASM. Il marque deux fois. Déjà. Dans cinq ans, il sera Ballon d’Or. Le seul de l’histoire sacré sous les couleurs d’un club français.

10 juin 1989 : Le doublé et le sommet hexagonal

“Le football n’est pas une science exacte mais, au bout de cinq ans, nous sommes sûrs de réussir” : du Bernard Tapie dans le texte. En 1986, il avait parlé de cinq ans. En trois, il réussit le doublé avec le club phocéen. Après deux finales de coupe perdues en 1986 et 1987 (face au Bordeaux de Bez, le nemesis de Tapie) et une deuxième place du championnat en 1987, Marseille dépoussière son palmarès. L’OM n’avait plus rien gagné depuis 1976.
Ce 10 juin 1989, l’OM décroche sa 10e Coupe de France et réussit le doublé, Papin monte embrasser Mitterrand et Marseille revient au centre du football français. Grâce à Tapie, grâce à ses investissements. Grâce à Gérard Gili, aussi. Le jeune entraîneur a été propulsé à la tête de l’équipe première parce que Bernard Tapie a viré Gérard Banide après… deux journées de championnat. Il ne se sentait pas prêt. Tapie, si. Il avait raison.
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Triplé de JPP, Dib voit double en vain : Revivez la folle finale OM - Monaco de 1989

18 avril 1990 : Le soir où Tapie a compris

L’OM a changé de statut en 1988/1989, il s’apprête à changer de galaxie en 1989/1990. Recrutement XXL, avec en point d’orgue l’achat d’un Anglais à prix d’or mais dont l'investissement ne sera pas vain, Chris Waddle. Bernard Tapie n’a pas pris les rênes de l’OM pour régner sur la France. Il est venu pour s’offrir l’Europe. Et si le club est allé jusqu’en demie de la Coupe des Coupes en 1988, surclassé par l’AJax Amsterdam, ce n’est pas la C2 que Marseille vise. Mais la grosse, la belle, celle qui a de grandes oreilles.
La première rencontre entre Tapie et la Coupe d’Europe des Clubs Champions est longtemps réussie. Mais se termine sur un crêve-cœur. A Lisbonne. Sur les terres du Benfica, l’OM passe à côté de sa soirée (défaite 1-0). Et se fait punir sur un but de la main, la fameuse mimine de Vata, que Marcel Van Langenhove n’a pas vue. Suivra cette phrase que l’on entendra comme on voudra : “Ce soir, j’ai compris comment il fallait faire pour gagner une Coupe d’Europe”.

18 mars 1991 : Le jour où l'OM a changé de stature

Sur la route d’une première finale européenne et de Bari, l’OM de Bernard Tapie réussit un immense coup. On pourrait parler d’exploit si celui-ci en était un. Or, Marseille a dominé l’AC Milan, de la tête et des épaules. En quart de finale de la Coupe d’Europe des Clubs Champions, l’OM s’est offert le scalp du double tenant, dirigé par Silvio Berlusconi (1-1, 1-0). Son double italien, en quelque sorte. Démonstration tactique à l'aller, soirée folle et lumineuse au retour (malgré les plombs des projecteurs qui pètent), l'OM vient de réussir le plus grand coup européen de son histoire.
Avec Raymond Goethals aux commandes, que Tapie est allé chercher l’hiver précédent, après avoir remplacé Gili par Beckenbauer, l’OM est une machine de guerre que rien n’arrêtera, pense-t-on. Jusqu’au 29 mai, où le club phocéen tombe face à l’Etoile Rouge de Belgrade. Marseille a tapé à côté ce soir-là (0-0, 3 tab à 5). Bernard Tapie s’est retrouvé à une séance de tirs au but près de réussir son pari.
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6 mars 1991, San Siro : le grand soir de l'OM face au grand Milan de Gullit et Maldini

Crédit: Imago

25 avril 1992 : JPP - DD, le passage de témoin

Bientôt quadruple champion de France mais éliminé au deuxième tour de la C1 par le Sparta Prague, l’OM de 1991/1992 vit une saison paradoxale. Le club n’a perdu que trois matches en 38 journées, encaissé 21 petits buts, mais il est temps de tourner une page. Celle-ci est symbolisée par Jean-Pierre Papin, assurément. Le Ballon d’Or annonce ce samedi-là, micro en main, qu’il s’en va à l’AC Milan. C’est le football de l’avant-Bosman et aller à l’étranger est une aventure. Face à Cannes, pour ses adieux, Papin marque. Deschamps marque, aussi, d’une tête plongeante. L’OM est de nouveau champion.
Le symbole n’est pas encore perceptible mais le passage de témoin est là… La flamboyance de l’OM de JPP laisse place à celui de DD. Plus costaud, il soulèvera la Ligue des champions dans un peu plus d'un an. Deschamps, Tapie n’y croyait guère. C’aurait pu être une des erreurs de recrutement du Boss, qui l’avait prêté une saison à Bordeaux et n'avait pas trop envie de le voir revenir. Mais Deschamps, c’est aussi celui qui a tenu tête à Tapie et a finalement eu raison de le faire.

20 mai 1993 : Le début de la fin

Le point noir et le début de la fin. Six jours avant la finale de la Ligue des champions et les retrouvailles face à l’AC Milan, Marseille a rendez-vous dans le Nord, à Valenciennes. Marseille s’impose 1-0, but de Boksic, et file droit vers un cinquième titre de suite (record), le dixième au final (autre record). Sans histoire. Sauf qu’à la pause, Jacques Glassmann a révélé à son coach, Boro Primorac, une tentative de corruption dont il a été victime avec Jorge Burruchaga et Christophe Robert, par Jean-Jacques Eydelie et Jean-Pierre Bernès. Une réclamation est déposée. Le ver est dans le fruit. L’histoire de Bernard Tapie avec l’OM se terminera mal, d’ici quelques mois.
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FOOTBALL 1995 Affaire OM-VA (Glassmann et Tapie)

Crédit: AFP

26 mai 1993 : l’extase

Avant le douloureux épilogue, l’extase de Munich. Sept ans après avoir pris les rênes de l’Olympique de Marseille, Bernard Tapie arrive à ses fins. 37 ans après la création des Coupes d’Europe, la France décroche - enfin - le Graal. Cette équipe post-ère Papin n’était peut-être pas la plus belle. Mais celle-ci, encore et toujours, porte le sceau Tapie. Pour la bâtir, il est allé chercher des stars, comme Rudi Völler, mais aussi des joueurs plus obscurs, comme Alen Boksic. Le Croate avait tapé dans l’oeil de l’état major olympien quand celui-ci supervisait l’Etoile Rouge. Tapie a tenté le pari. Gagnant.
Une tête de Basile Boli, quelques arrêts de Fabien Barthez plus tard, l’OM décroche la C1. Tapie, voix cassée parce qu’il n’a cessé de donner des directives et son avis à Raymond Goethals quelques mètres plus bas, savoure. Le Boss est au sommet. Pas longtemps. Mais il y est parvenu.
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C'était le grand OM : notre onze de l'ère Tapie

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