Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Arsenal, les moyens sans l’ambition

Louis Pillot

Publié 09/01/2018 à 23:12 GMT+1

LEAGUE CUP - Arsenal affronte mercredi Chelsea pour espérer conserver l’une de ses dernières chances de succès cette saison, après sa piteuse élimination face à Nottingham Forest en FA Cup. L’une des dernières chances, également, pour Arsène Wenger de finir son règne sur une réussite, dans un club qui a fait des trophées un élément secondaire.

Arsenal's French manager Arsene Wenger looks on from the stands during the English FA Cup third round football match between Nottingham Forest and Arsenal at The City Ground in Nottingham, central England, on January 7, 2018.

Crédit: Getty Images

Tenant du titre en FA Cup, Arsenal en est sorti par la petite porte dimanche. Face à Nottingham Forest, 14e de Championship (soit la 2e division anglaise), les Gunners ont sombré (4-2). Plus que la performance en elle-même, ce sont une nouvelle fois les choix d’Arsène Wenger qui ont été remis en question. L’Alsacien avait choisi de présenter une équipe presque entièrement remaniée. Mais son insuccès pose la question de son ambition, alors que seules l’Europa League et la League Cup, dont Arsenal joue la demi-finale mercredi contre Chelsea, restent jouables pour les Gunners.
Face à Nottingham, glorieuse équipe du championnat anglais aujourd’hui oubliée, Wenger a choisi de titulariser Iwobi (21 ans), Nelson (18 ans), Holding (22 ans), ou Maitland-Niles (20 ans). Certes, ces jeunes étaient entourés des expérimentés Mertesacker, Welbeck ou Walcott. Les Gunners comptaient, au total, plus de 600 apparitions en Premier League. Cela ne les a pas empêchés de commettre des erreurs grossières face à la jeune garde de Forest, notamment sur le premier but, où la ligne défensive haute d’Arsenal s’est mal alignée sur un coup franc.
De quoi provoquer l’incompréhension en Angleterre. “Vous pouvez aligner quelques jeunes, mais vous devez vous assurer d’avoir de grosses cartouches sur le banc. C’est de l’arrogance de la part d’Arsène Wenger”, pestait Chris Sutton sur la BBC. L’ancien attaquant faisait référence aux absences remarquées de Mesut Özil et Alexis Sanchez de la feuille de match, couplées à celles de Wilshere ou Koscielny. L’argument de l’expérience est pourtant difficilement tenable au vu des performances de Mertesacker ou Debuchy, entre autres. Quant à celui de l’arrogance…

Habitudes et "arrogance"

La critique a souvent été faite à Wenger. Vis-à-vis de ses compositions d’équipe, l’Alsacien a simplement fait dimanche ce qu’il a l’habitude de faire, c’est-à-dire donner du temps de jeu à ses jeunes joueurs lors des premiers tours de compétitions. Le pari a fonctionné ces dernières années, donnant lieu à des matches bien moins faciles que prévu. Ce fut notamment le cas contre Reading en 2012, en League Cup, où les Gunners, menés 4-0, avaient fini par s’imposer 5-7 tout au bout de la prolongation. Mais il a atteint ses limites dimanche, face à une opposition surmotivée contre un tenant du titre sans aucune capacité de réaction.
L’arrogance - ou la fierté, c’est selon - est aussi ce qui pousse selon ses détracteurs Arsène Wenger à rester sur le banc d’Arsenal. Le Français a prolongé en fin de saison dernière pour deux ans, après la victoire en FA Cup, sa troisième en quatre éditions. Dans le même temps, les critiques se sont faites de plus en plus virulentes sur l’incapacité des Gunners à lutter pour le titre en Premier League. Comme Ian Wright, après la déroute contre Liverpool (4-0) cette saison : “J’aimerais qu’il parte parce que je ne pense plus qu’il soit capable de motiver ses joueurs. Il doit prendre cette décision pour lui-même. Pour son propre bien.
Pourtant, Wenger s’est accroché à son poste. Il s’est même attiré, en fin de saison dernière, le soutien de ses dirigeants en la personne de l’actionnaire principal, Stan Kroenke. L’Américain déclarait en mai dernier penser “qu’Arsène fait du bon travail, et qu’il est la bonne personne”. Au fond, cela fait sens : pourquoi vouloir bousculer un club qui fait toujours partie des plus riches du monde, qui grappille des trophées de temps à autre, qui dépense peu sur les différents mercatos et qui reste européen depuis plus de 20 ans ?
picture

Mertesacker et Welbeck protestent pendant la rencontre de League Cup entre Arsenal et Nottingham Forest

Crédit: Getty Images

Une histoire de modèle et d’opportunités

C’est dans cette logique que se situent les limites de l’ambition d’Arsène Wenger. Le Français fonctionne, depuis quelques saisons, en saisissant les opportunités. Arsenal est distancé de la course au titre en Premier League ? Les Gunners placent leurs ressources sur les coupes nationales, comme ils l’ont fait ces dernières saisons. La défaite en FA Cup, et l’alignement très probable de l’équipe type en League Cup mercredi, compétition pourtant décriée, n’en sont que des preuves supplémentaires. Il ne serait pas surprenant, également, de voir Arsenal mobiliser enfin ses forces en Europa League. Distancés en championnat (6es), les Gunners pourrait s’en remettre à la C3 pour espérer accrocher la Ligue des champions, comme l’a fait Manchester United la saison passée.
Mais les trophées ne sont plus l’ambition première du club. Bien sûr, Wenger peut défendre son bilan. "Nous avons remporté la FA Cup à trois reprises au cours des quatre dernières années, a répété le Français. On peut s’attendre à ce que cela n’arrive pas tous les ans. Nous n’avons pas produit la performance attendue au 3e tour de la FA Cup. C’est la première fois que cela se produit en 21 ans." Mais il reste insuffisant pour apaiser les supporters, habitués à l'excellence d'un grand club. Au contraire des actionnaires : le stade, s’il se vide, conserve encore les places parmi les plus chères du royaume. La marque Arsenal s’exporte avec succès en Asie, comme en témoignent les derniers voyages estivaux des pensionnaires de l’Emirates (à Singapour en 2015, ou en Chine cet été). Le club tourne si bien qu’il peut se permettre de voir partir pour une brindille Sanchez et Özil, ses deux meilleurs joueurs, mais aussi ses joueurs à la plus grande valeur marchande. La logique d’entreprise fonctionne… mais aggrave sans cesse la fracture entre le club et ses fans.
Arsène Wenger n’est pas exempt de torts, dont celui d’avoir accepté de se contenter désormais du médiocre. Le Français aurait pu, avec ses trois Cups en quatre ans, choisir de partir sur une bonne note. Il en aura encore l’occasion, à condition de battre Chelsea mercredi et de réussir à se débarrasser, probablement, de l’ogre Manchester City en finale de la League Cup. Wenger pourrait alors, comme le disent les dernières rumeurs, laisser sa place à Mikel Arteta. Et sortir cette fois par la grande porte.
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Sur le même sujet
Partager cet article
Publicité
Publicité