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Zlatan Ibrahimovic, l'essence de la revanche

Maxime Dupuis

Mis à jour 05/06/2023 à 16:50 GMT+2

LES GRANDS RECITS – Zlatan Ibrahimovic est un footballeur à part. Parce qu'il est un type pas comme les autres. Né en 1981 à Malmö, ce fils d'immigrés yougoslaves s'est construit au cœur d'un pays qui n'avait pas de place pour les gars comme lui. Dans l'adversité et après une jeunesse chaotique, Ibra ne s'est jamais renié et a réussi sa carrière sans faire de concession.

Zlatan - Grand Récit

Crédit: Eurosport

Le talent a ceci de fascinant et d'irritant qu'il est insaisissable, bien souvent. Inquantifiable, tout le temps. D'ailleurs, qu'est-ce que ça signifie "avoir beaucoup de talent" ? C'est mieux qu'un peu, mais moins qu'énormément. Le talent est une chimère que chacun d'entre nous apprivoise comme il le peut. Parce que, oui, tout le monde en a - plus ou moins, on y revient.
Chacun de nous possède en son sein ce petit quelque chose qui le rend différent et en fait un être remarquable. Mais du remarquable au remarqué, il n'y a qu'un pas que beaucoup ne franchissent jamais. Trouver son chemin vers l'accomplissement est assurément ce qu'il y a de plus difficile. Parce qu'il faut avoir conscience de ce que l'on peut devenir. Y croire dur comme fer, aussi.
Si le plus talentueux gagnait toujours à la fin, il n'y aurait pas d'histoires à raconter. Et celle qui débute ici serait déjà terminée. Parce que le personnage principal de celle-ci est né avec de l'or dans les pieds, indubitablement. Mais les pieds n'auraient pas suffi si l'intéressé n'avait pas été mué par un feu intérieur qui irrigue le moteur depuis toujours.
Zlatan Ibrahimovic a tout d'une anomalie. Footballistique, en premier lieu. Il suffit d'un coup d'œil et de quelques-unes de ses arabesques sur le pré pour s'en persuader. A deux doigts du double mètre et quelques kilogrammes du quintal, Zlatan est bâti comme un déménageur mais joue au football comme un pianiste. Charpenté comme Jan Koller, fin comme un meneur : l'ancien international suédois est un joueur à part.
Zlatan, sous les couleurs du PSG

La loi de Jante

Zlatan est différent, aussi, par son histoire personnelle. De par sa détermination et son obstination absolue. L'enfant - puis l'homme – n’en a toujours fait qu'à sa tête et, mué par une volonté de fer, a tracé sa route sans se soucier du qu'en dira-t-on et de ce que les autres, souvent, criaient sur les toits. Aujourd'hui, à 38 ans bien tassés, l'ancien joueur du Paris Saint-Germain en a fait son fonds de commerce, jusqu'à la caricature, jusqu'à l'usure bien souvent. Mais pendant que l'homme et le footballeur se construisaient sur un sol tout ce qu'il y a de plus instable, ce fut une force. Au cœur d'un pays régi par la loi de Jante, code de conduite fictif qui promeut des valeurs telles que la modestie et le respect, ce fut une gageure également, tant elles semblent aux antipodes de celles de Zlatan.
Le 3 octobre 1981, Zlatan a vu le jour dans une contrée où les Zlatan n'avaient pas encore voix au chapitre. Parce que la Suède, pays d'émigration au début du XXe siècle, ne s'est muée que tardivement en terre d'accueil pour les étrangers. Dans la liste des joueurs ayant défendu les couleurs de la sélection nationale, Ibra est d'ailleurs avec Teddy Lucic (86 sélections) le seul des vingt footballeurs les plus capés ayant deux parents nés à l'étranger.
Sefik, le papa, a quitté son pays en 1977 pour Malmö après avoir divorcé de Slobodanka, sa première épouse. En Suède, il y a rencontré Jurka. Elle est d'origine croate et catholique. Il est de Bosnie et musulman. A l'époque, on parle de Yougoslavie, mosaïque culturelle tenue d'une main de fer par Tito. Le maréchal rendra son dernier souffle avant que Zlatan ne pousse son premier cri. La Yougoslavie lui survivra une décennie, avant d'imploser au début des années 90.
Le couple Ibrahimovic aura tenu moins longtemps que l'édifice slave brinquebalant. Sefik et Jurka divorcent au cœur de l'année 1983 après avoir eu deux enfants, Selena et Zlatan, donc. Le petit dernier, pas encore deux ans, reste avec sa mère et une partie d'une fratrie déchirée, dont une demi-sœur, qui finira par sombrer dans la drogue, et bientôt un demi-frère. Tout le monde vit tant bien que mal aux crochets d'une maman qui se tue à la tâche en faisant des ménages ici et là, quatorze heures par jour. Zlatan voit son père et son autre demi-frère, le regretté Sepko, tous les quinze jours. Voilà comment s'organise la vie du jeune garçon.
Zlatan Ibrahomovic

"Les gens parlent de ghetto ? J'appelle ça le paradis"

Autant que le "comment", c'est le "où" qui va compter dans la vie du jeune Ibra. Où se construit Zlatan ? A Rosengard, un quartier à quelques kilomètres seulement du centre de sa ville de naissance, Malmö. Rosengard, ce n'est pas Baltimore. Mais ce n'est pas loin d'être le Bronx. Bardé de tours HLM, bâties à la fin des années 60 pour assurer à toute la population suédoise un logis décent et digne de ce nom, le quartier - où vivaient 20% d'immigrés en 1972 - a vu sa population changer au fil des décennies pour, aujourd'hui, abriter plus de 85% d'enfants nés de parents étrangers, avec toutes les barrières et les injustices qui en découlent. Chômage, trafics en tout genre, règlements de compte constituent aujourd'hui le quotidien du coin.
"Le quartier était plein de Somaliens, de Turcs, de Yougos, de Polaks, plein d'immigrés et de Suédois. Tous les gars du coin se la jouaient. Un rien pouvait nous faire dégoupiller et les choses n'étaient pas faciles à la maison", résume Ibra dans sa biographie best-seller "Moi, Zlatan". A son arrivée à Los Angeles, interrogé par ESPN, il précisait avec un brin de nostalgie dans la voix : "D'où je viens, il faut être dur parce que c'était un environnement difficile. Les gens parlent de ghetto ? J'appelle ça le paradis. Je me sentais chez moi et je pouvais être moi-même. Dans ce quartier, tu ne demandes pas le respect. Tu le gagnes."
Zlatan va grandir dans cet environnement pour le moins particulier. Il s'y sent comme un poisson dans l'eau. "J'avais tout ! J'étais libre, on vivait dans une HLM. Dehors, on allait jouer et on faisait ce qu'on voulait avec des gens de tous les horizons, tous les pays. Du football, du basketball, tout le monde était le bienvenu. Personne ne jugeait personne. Tout le monde était à égalité au niveau des opportunités. Je pouvais être moi-même. Je le suis resté."
Le gamin n'est pas très grand, a un gros nez et, cerise sur le gâteau, zozote. Mais s'il n'a pas envie que l'on se moque de lui, Zlatan doit montrer les dents et se battre, au propre comme au figuré. Faire croire à l'autre qu'il est le plus fort. Tout au moins qu'il ne cédera pas, quoi qu'il advienne. Sur les terrains de foot, qu'il fréquente depuis ses 6 ans. A côté, aussi. A la maison, enfin.
Au cœur du foyer familial, personne ne lui fait de cadeau. Sa mère, dépassée par les événements, craque plus que de raison et casse quelques cuillères de bois sur le dos du garçon. Cuillères que le principal intéressé doit à chaque fois remplacer quand elles sont brisées. Une autre idée de la double peine.
Zlatan fait avec - ou sans, c'est selon. A l'école, l'élève Ibrahimovic n'est pas un génie. Mais il n'est pas largué non plus. Pas mauvais en maths mais turbulent… Son père le rêve avocat. Lui sait déjà que ce n'est pas assis derrière un pupitre qu'il y arrivera. Un autre destin l'attend.

Beurre, lait et pain

Celui-ci passe par la case papa. Parce que ce dernier récupère la garde du rejeton alors qu'il a soufflé ses neuf bougies. Maman Ibra a du mal à joindre les deux bouts et ses enfants paient les pots cassés. Après enquête des services sociaux, décision est donc prise d'envoyer Zlatan et Selena chez Sefik. Selena repartira vite chez sa mère. Zlatan reste et grandit dans un univers tout aussi compliqué.
Si vous demandez un jour à Ibrahimovic ce qu'il retient de son adolescence, il vous parlera sans doute de ses déménagements incessants ici et là, autour de Malmö. Mais il vous dira, plus que probablement, que ces années sont symbolisées par une sensation, plus qu'un sentiment : la faim. En pleine croissance - même tardive -, le futur joueur de l'Inter et de l'AC Milan est un ventre. Un ventre qui ne demande qu'à être rempli mais sonne désespérément creux.
Zlatan ne vit pas avec son père. Il vit à côté de lui. Deux hommes dans un appartement vide. "Papa était gardien d'immeuble et travaillait selon des horaires impensables et quand il revenait avec sa salopette, les poches pleines de tournevis et d'outils, il tenait à s'asseoir près du téléphone, devant la télé, et ne voulait pas être dérangé, relate Zlatan Ibrahimovic dans sa biographie. Il était dans son petit monde et se mettait souvent un casque pour écouter de la musique populaire yougoslave. Il était fou de musique yougo". Sefik, musicien à ses heures, a d'ailleurs enregistré quelques chansons. Mais il est désespérément seul, se nourrit à la Carlsberg et à l'information en continu, au cœur d'une décennie qui détruit son chez lui, le vrai, en ex-Yougoslavie. Les images tournent en boucle, le conflit le mine. Alors il boit. Toujours et encore. Trop.
Le ventre de Zlatan a tout de même trois alliés, de circonstance : le lait et le beurre qui, à côté des canettes, "remplissent" le frigo de l'appartement. Et le pain. Matin, midi et soir, le futur international suédois (116 sélections, 62 réalisations) se nourrit ainsi. Parfois, il file chez maman pour y trouver autre chose que des tartines et mange pour quatre. Ce que cette dernière ne voit pas forcément d'un bon œil.
Pour se rendre de manière impromptue à la table de maman, Zlatan utilise rarement ses jambes. Ibra a une passion pour les deux roues. Une passion particulière puisqu'elle consiste à subtiliser les bicyclettes des autres. Pour aller au foot aussi, Ibrahimovic pique des vélos. Un cadenas ? Pas de souci, Zlatan sait faire. Une pince coupante et le tour est joué. "Mon père travaillait mais on n'avait pas d'argent. Parfois, j'avais dix kilomètres à parcourir pour me rendre à l'entrainement. Je courais mais j'avais souvent besoin d'un vélo. Quand on m'attrapait, je disais que je l'avais emprunté."
A part marquer des buts, il n'y a rien que le gamin fait mieux que chourer des vélos. Celui des gamins des alentours, bien souvent. Celui du facteur, une fois. Il ira même, bien plus tard, jusqu'à malencontreusement prendre celui de l'entraineur adjoint des juniors du Malmö FF, Ola Gällstad.
Parfois, il vole plus que des deux roues. Et tente le diable dans les supermarchés du coin. Zlatan s'impose une seule règle, salvatrice : que son père n'en sache rien. Sefik a beau être une absence, elle est très présente dans l'esprit d'Ibra. Et il sait que tout écart de ce type passerait difficilement avec le papa qui, s'il ne fait pas tout bien dans sa vie, ne veut pas que le petit suive un mauvais sillon.

Hautain, insupportable et irrespectueux

Et le football dans tout ça ? Zlatan met les pieds sur un terrain avant de savoir lire. Son premier club, c'est le Malmö Boll och Idrottsförening, MBI pour les intimes. Premier conseil dont il se souvient et qui va le suivre tout au long de sa carrière naissante de footballeur : "Passe la balle !" Ibra, qui est un fan absolu de Ronaldo au cœur de son adolescence, veut tout faire comme le prodige brésilien.
Ronaldo est capable de remonter 50 mètres ballon au pied, d'enchainer les passements de jambes et de marquer à peu près quand il le veut ? Eh bien, Zlatan veut l’imiter. Sauf que Ibrahimovic n'est pas Ronaldo. Il n'est même pas encore Zlatan, juste un gamin censé jouer avec d'autres gosses mais qui a du mal à leur donner le ballon. Hautain, insupportable et irrespectueux bien comme il faut, le Suédois se retrouve même souvent écarté du terrain. Mais quand il y met les pieds, la magie opère.
Parti jouer au FBK Balkan, club fondé par des immigrés yougoslaves de Malmö, Zlatan va se retrouver au cœur d'une anecdote qui résume assez parfaitement le personnage. Un jour de match, laissé sur le banc pour une bagarre avec un coéquipier, il trépigne. Parce que son équipe se prend une raclée. 4-0 à la pause, face à "une bande de snobs de Vellinge". Hasib Klicic, son entraineur d'alors, se remémore dans le documentaire "Zlatan Ibrahimovic : hors norme" : "Je décide de le faire entrer à la mi-temps. Il marque huit buts, on gagne. A la fin, il vient me voir et me lance : 'vous êtes content maintenant ?'"
Ibra est fatiguant au possible mais il est impossible de passer à côté d'un tel diamant. Même si, il faut bien le dire, il n'est pas aussi brillant que le principal intéressé le crie haut et fort. "A l'époque, on ne pouvait pas dire qu'il deviendrait un joueur de classe mondiale. Il y avait des meilleurs joueurs que lui quand on était gamins, se souvient Valentino, un ami d'enfance interrogé par Canal Plus il y a quelques années. Il avait déjà ce côté prétentieux. Il disait 'je suis le meilleur'." Il n'est pas le meilleur mais il y croit. Et c'est déjà énorme.
Zlatan Ibrahimovic à l'entrainement avec Malmö

Une pétition pour le faire expulser du club

A douze ans, Zlatan Ibrahimovic rejoint le grand Malmö FF. Si le club, finaliste malheureux de la Coupe d'Europe des Clubs Champions 1979, a perdu de son lustre, il n'en reste pas moins que Zlatan effectue un grand pas en avant quand son père l'y envoie tenter sa chance. Un pas dans l'inconnu, aussi. Pas besoin de scruter l'horizon bien longtemps pour se rendre compte que le jeune garçon ne ressemble pas aux autres. Physiquement, déjà. Il détone. Il n'est pas blond. Culturellement, aussi. Economiquement, enfin.
"J'avais treize ans et il y avait quelques autres étrangers. Sinon, il n'y avait que des Suédois normaux, y compris des banlieues chics. Je me sentais comme un martien. (…) Je me sentais différent parce que, d'où je venais, on n'était pas les bienvenus. Dans mon coin, on ne trouvait pas de suédois typiques. Il y avait beaucoup d'étrangers. J'ai mis ça dans mon football et au cœur d'une équipe qui était très suédoise. Les chances d'y arriver étaient minimes. Mais je travaillais dur et j'avais énormément de confiance. On ne pouvait pas me couler, j'étais insubmersible".
Zlatan n'a pas leur tête, ni leurs codes et encore moins leur façon de jouer au football. Zlatan joue comme il le faisait à Rosengard ou au FBK Balkan. Pour épater la galerie et prouver au monde qu'il est le meilleur. Si bien qu'un jour, le père de l'un de ses jeunes coéquipiers, victime d'un coup de tête du "Z", fait tourner une pétition pour le faire expulser du club. Sans réussite. Malmö le conserve. Zlatan Ibrahimovic n'est peut-être pas l'un des leurs mais il serait dingue de ne pas essayer de faire du gamin un footballeur professionnel.
Comme dans tous les clubs où il est passé, Zlatan n'en fait qu'à sa tête, se voit sanctionné tous les quatre matins mais, toujours, répond sur le terrain. Le bâton puis la carotte. Rituel bien huilé.
Zlatan Ibrahimovic à l'Euro 2012
Le malheur de son club va bientôt faire ses affaires. En 1999, le Malmö FF, relégué pour la première fois de son histoire, va faire de la place à ses jeunes, contraint et forcé. Zlatan, qui a déjà joué quelques matches parmi l'élite la saison précédente, est de ceux-ci. La Suède, avant le monde, découvre alors cet échelas de 1,95m, qui lâche le ballon quand il en a envie - à savoir, rarement -, se prend pour un Ballon d'Or et exaspère ses partenaires. Ceux-ci n'hésitent pas à le balancer haut et fort devant toutes les caméras qui se présentent sous leur nez.
Morceaux choisis :
"Zlatan n'est pas un problème mais il est très sûr de lui. Il n'est pas encore une star même si, lui, pense le contraire. Quand il jongle au poteau de corner, ils pensent tous que c'est le nouveau Maradona. Nous aussi, on sait jongler…" (Hans Mattisson)
"Il est très égoïste. On est souvent démarqué mais Zlatan ne nous voit même pas. Une simple passe et on marquerait". (Erik Johansson)
Douze buts d'Ibra plus tard, Malmö remonte en D1. Les jours de Zlatan en Suède sont déjà comptés. Le joueur est déjà trop grand pour le pays et a attiré l'œil de quelques écuries de choix, dont l'Ajax Amsterdam qui deviendra son premier grand port d'attache au cœur d'une carrière qui le verra partir à la conquête de l'Italie, l'Espagne, la France et les Etats-Unis. Et exporter le nouveau modèle suédois, par-delà les frontières.

"Il aime s'inventer des ennemis là où il n'en a pas"

On peut reprocher beaucoup de choses à Ibrahimovic et penser ce que l'on veut du personnage Zlatan. On ne pourra jamais lui reprocher de s'être trahi. Poches et ventre vides ou avec de l'argent à n'en plus savoir que faire, le gamin de Rosengard est toujours resté le même, au fond. "On peut sortir un enfant de Rosengard mais on ne peut pas sortir Rosengard de cet enfant", a-t-il dit un jour, avant que la phrase soit immortalisée à l'entrée d'un tunnel de son ancien quartier.
"Zlatan se nourrit à l'hostilité, nous confirme Simon Bank, journaliste suédois qui a écrit sur le joueur. Il aime s'inventer des ennemis là où il n'en a pas et il se sent constamment obligé de prouver à ceux qui doutent de lui qu'ils ont tort. Et peu lui importe s'il a gagné la bataille, il continue à se battre. Pas plus tard que l'an dernier, il a parlé de racisme institutionnalisé dans le football suédois et l'équipe nationale. Il a pris une volée de bois vert mais cela a montré à tout le monde qu'il était toujours et encore marqué par tout cela. Ce combat, débuté durant sa jeunesse, a été un thème tout au long de sa carrière. Cette attitude n'a pas que du bon mais sans celle-ci, il ne serait arrivé nulle part."
Aurait-il gagné à être plus rond ? A faire des concessions ? Notamment à Barcelone ? On dit qu'il est compliqué de jouer avec Lionel Messi, de s'accorder avec l'Argentin. A la différence de bien d'autres, lui n'a pas vraiment essayé. La catalanité du vestiaire blaugrana, il ne fut pas le premier à l'avoir ressentie. Mais il n'essaya pas plus de s'y plier. Pas parce qu'il est suédois, "à 100%", a-t-il déjà jugé bon de préciser à ses éventuels détracteurs, mais par ce qu'il est Zlatan.
Zlatan Ibrahimovic et Lionel Messi

La statue déboulonnée

"Il y a pas mal de situations où ce côté 'sans compromis' a été un vrai problème, juge Johanna Franden, journaliste au Aftonbladet qui l'a suivi de Barcelone à Paris. Il aurait sûrement gagné quelques amis en étant plus 'rond', et peut-être même des trophées, qui sait ? Mais il aurait alors été un autre joueur et un autre personnage. C'est donc difficile à dire..."
Une chose est sûre, l'homme ne laisse personne de marbre. Les outrages dont a été victime sa statue de bronze, dévoilée fin 2019 aux abords du stade du Malmö FF, en sont une preuve. Suite à son rachat de 25% des parts du club stockholmois d'Hammerby, les déçus du zlatanisme s'en sont donné à cœur-joie : Nez arraché, jambes sciées, statue déboulonnée… et inscriptions racistes pour assaisonner le tout d'un mauvais goût prononcé. La statue a été planquée en attendant des jours meilleurs et plus apaisés. Nul n'est prophète en son pays mais ça, Zlatan le savait déjà.
La conclusion de cette aventure humaine se trouve paradoxalement au début du livre qui raconte la sienne. Elle est signée Zlatan, évidemment.
Une pensée à tous ces mômes là-bas, tous ces gosses qui se sentent différents, qui ne sont pas vraiment dans le moule et qui se font remarquer pour un tas de mauvaises raisons. Ça ne pose aucun souci de ne vouloir ressembler à personne d'autre qu'à soi. Ayez confiance en vous. Après tout, je m'en suis moi-même plutôt bien tiré.
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