Liga : Où se situe Marc-André ter Stegen (FC Barcelone) dans la hiérarchie des gardiens ?

Il ne faut pas être mentaliste pour savoir que Gianluigi Buffon, Manuel Neuer ou David De Gea sont constamment les premiers cités lorsqu'il s'agit d'évoquer les meilleurs gardiens de la planète. Il faut être borné pour ne pas croire qu'une classe émergente, menée par Jan Oblak, Ederson ou Alisson, finira par grappiller un peu de place dans l'esprit commun.

Marc-André ter Stegen n'entre ni dans la première catégorie, ni dans la seconde. En réalité, le portier du FC Barcelone devrait figurer dans les deux. D'abord parce qu'il est issu de la même génération que tous les gardiens d'avenir. Aussi parce que depuis le début de saison, ses performances en font un sérieux candidat au statut de n°1 mondial.

Longtemps, l'Allemand a souffert de premières saisons laborieuses en Catalogne, où il avait notamment souffert, psychologiquement et sportivement, de la concurrence de Claudio Bravo. Aujourd'hui, il paie encore l'ADN de son club : le Barça et sa philosophie mettent bien plus en lumière l'aspect offensif que l'arrière-garde. L'ancien joueur du Borussia Mönchengladbach s'y est pourtant totalement greffé. Il y est un premier relanceur efficace. Et il est devenu un dernier rempart difficilement franchissable.

De ce constat découlent plusieurs questions : qu'est-ce qu'un excellent gardien dans le football moderne ? Doit-il garder sa cage inviolée ? Briller avant tout sur sa ligne ? Doit-il avoir un rôle essentiel dans la construction des phases offensives ? Le portier parfait serait capable de rayonner sur tous ces plans. Il n'existe pas. Mais ter Stegen est peut-être celui qui s'en rapproche le plus. En Europe, championnat et Ligue des champions confondus, aucun joueur n'a réussi plus de clean sheets que lui (19 au total). Jan Oblak et David De Gea en cumulent autant. Le portier de Manchester United a eu besoin de deux matches de plus pour y parvenir et le Slovène va désormais devoir se contenter de la Ligue Europa pour briller sur le continent.

Le mur de l'Atlético de Madrid est aussi celui qui a concédé le moins de but par match (0,44) en Liga. Ter Stegen est le seul autre gardien de statut international à pouvoir rivaliser avec lui (0,48). Mais l'Allemand l'a surclassé sur la scène européenne (0,33 contre 0,67 pour Oblak). Mieux encore : en championnat, aucun portier ne réussit plus de passes que lui (24,8 par rencontre), pas même Ederson à Manchester City (21,9), même si la tendance s'inverse en Ligue des champions (22,2 pour le Barcelonais, 27,7 pour le Brésilien). Sur la ligne de but, personne n'est aussi décisif que David De Gea, à la fois parce qu'il dispose de réflexes peu communs mais aussi parce qu'il est plus sollicité que les autres.

Même protégé par une défense très imperméable depuis le début de la saison, Ter Stegen entre malgré tout dans la moyenne haute. Pour y parvenir, le joueur de la Mannschaft a exploité sa plus grande marge de progression. En 2014, le Barça l'avait avant tout recruté pour ses aptitudes au pied. Il possède désormais un gardien capable de sauver des points. A tel point qu'il est maintenant une source d'inspiration pour Buffon, le plus grand gardien du XXIe siècle : "Je le dis avec humilité. Pour être meilleur moi-même, je dois analyser les forces et les faiblesses des autres, que ce soit Neuer, Ter Stegen, De Gea ou Courtois".

Le légendaire gardien de la Juventus Turin l'a affronté en Ligue des champions. Et il a pu constater ses progrès. "Je l'apprécie car il ne se distingue pas seulement avec ses pieds, mais aussi avec ses parades, avait-il confié à Der Spiegel. Comme, bien sûr, celle qu'il a effectuée, devant Dybala et à la 90e+2 minute. Après le match, je suis allé le voir et je lui ai dit : 'mais comment oses-tu faire un tel arrêt dans le salon de ma maison ?' J'étais heureux pour lui. Son évolution est incroyable". Si même lui le dit.