Vilanova ou la continuité

"Sur proposition de la direction sportive, d'Andoni Zubizarreta et avec l'aval du conseil d'administration, je vous annonce que l'entraineur sera Tito Vilanova." Simplement quelques minutes après l'officialisation du départ de Pep Guardiola de la tête du FC Barcelone, la déclaration du président Rosell a créé un murmure de stupéfaction dans la salle de presse. La décision n'était pas attendue si tôt. Et personne n'en anticipait une aussi radicale. Elle a surpris tout son monde. Un illustre inconnu amené à diriger un effectif de stars mondiales, et sans aucune expérience du très haut niveau en tant que numéro un. Vilanova n'a disputé que 26 matches de Liga dans sa carrière de joueur, qui l'a mené de Barcelone à Gramenet en passant par Figueres, le Celta Vigo, Badajoz, Majorque et Elche avant de prendre en main la modeste équipe de Terrassa en 2006-2007 puis de retrouver son club de toujours. Peu importe, l'institution Barça assume, sûre de son fait.

Car il y a quatre ans, au moment d'annoncer le successeur de Frank Rijkaard, elle avait déjà fait le pari de lancer Guardiola, alors simple entraineur de l'équipe B. Avec la réussite que l'on sait (treize trophées en quatre ans). Alors le choix d'introniser Francesc Vilanova i Bayo, dit Tito Vilanova (42 ans), l'adjoint du "meilleur entraîneur de l'histoire du club" selon Sandro Rosell, est tout sauf un choix par défaut. "Quand Pep nous a dit début octobre qu'il ne pensait pas poursuivre, on ne voulait pas y croire, raconte Andoni Zubizarreta. Mais nous avons tout de suite travaillé sur cette possibilité." Et son nom a rapidement fait consensus. "L'important c'est le jeu, et les caractéristiques de ceux avec lesquels nous jouons, renchérit le directeur sportif. Le caractère, les actions, la tranquillité, connaître le club de l'intérieur, avec toute sa problématique, parce que cela aussi passe par des chemins complexes. Tito représente tout cela."

Pep Guardiola, lui-même, approuve la nomination de son fidèle adjoint. Il était là à la Masia en 2007 et avec l'équipe première depuis 2008. Il a aussi entrainé, il y a une dizaine d'années, les Messi, Piqué ou Fabregas dans les équipes de jeunes du FC Barcelone. "Le club a fait le bon choix, un choix qui vient de l'intérieur, estime le sortant. C'est une personne que j'estime beaucoup, qui m'a aidé à faire mon travail. Il a toutes les capacités nécessaires. Je sais que les joueurs le connaissent. Ils savent comment il fonctionne, que ça changera très peu dans le mode de fonctionnement de l'équipe. Car j'exprimais nos idées communes à tous les deux." Des voix, discrètes évidemment, vont même jusqu'à dire que Tito Vilanova, dans l'ombre, était le réel cerveau tactique de ce Barça.

Le Barça n'aura pas à attendre longtemps pour le voir à l'oeuvre. Après concertation avec Guardiola, celui-ci sera toujours là durant le mois qui vient, mais va se tenir à l'écart jusqu'à la fin de la saison pour passer le témoin en douceur à son ami. Pep a rencontré Tito durant sa jeunesse au centre de formation des Blaugrana. De quoi permettre à Vilanova de s'habituer progressivement à être sur le devant de la scène. Lui, l'homme discret qui s'est fait connaitre du grand public suite à deux évènements de triste mémoire. Il a d'abord été la victime de José Mourinho qui lui avait mis le doigt dans l'œil lors du match retour de la Supercoupe d'Espagne du 17 août 2011. Le technicien portugais l'avait d'abord méprisé en affirmant ne pas connaitre cet homme avant. Plus tard, il devait lui adresser un message de soutien à l'annonce de son opération d'une tumeur à la glande parotide en novembre dernier. Depuis, Vilanova l'a assuré au club, il est en parfaite santé pour relever le plus grand défi de sa vie professionnelle.