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Avant de défier le Barça - Recrutement, formation, stabilité : pourquoi Villarreal se porte bien

François-Miguel Boudet

Mis à jour 07/11/2015 à 20:13 GMT+1

LIGA - Cinquième du championnat d'Espagne avec 20 points, Villarreal se rend au Camp Nou avec de sérieuses ambitions. Ephémère leader du championnat après six journées, le sous-marin jaune est un modèle de gestion et de politique sportive.

Villarreal's players celebrate their first goal during the Spanish league football match Villarreal CF vs Club Atletico de Madrid at El Madrigal stadium in Villareal on September 26, 2015. AFP PHOTO / JOSE JORDAN

Crédit: AFP

Le 27 septembre 2015 est un jour à marquer d'une pierre jaune. Au terme de la 6e journée de Liga, Villarreal s'est emparé, pour la première fois de son histoire, seul de la tête du championnat espagnol. Ephémère certes. Mais pour une ville de 50 000 habitants qui a passé la grande majorité de ses 92 ans d'existence à ferrailler sur des terrains rapés et cabossés de la Communauté Valencienne, le symbole est d'envergure. Un peu comme si Arles avait été leader de la Ligue 1.
Depuis une quinzaine d'années, Villarreal est un club qui fait partie du paysage footballistique. Seize saisons en Liga, douze participations européennes, la plus célèbre étant la campagne 2005/2006, achevée en demi-finale contre Arsenal (ah ce penalty de la qualification en finale loupé par Juan Roman Riquelme !) : la petite ville connue pour ses céramiques est devenue une actrice majeure du football espagnol. Année après année, le sous-marin jaune a su bâtir une structure pérenne, de la base à l'équipe première. Alors des céramiques peut-être, mais des azulejos s'il vous plaît !
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Arsenal's German goalkeper Jens Lehmann (L) saves a penalty shot by Villarreals Argentine Roman Riquelme during their Champions League semi-final second leg football match at the Madrigal stadium in Villarreal, 25 April 2006

Crédit: AFP

Soldado, étendard d'une attaque entièrement renouvelée
Repartir d'une feuille blanche et tout rebâtir, telle a été l'ambition de Villarreal pour sa ligne d'attaque. Luciano Vietto (Atlético), Giovani Dos Santos (Los Angeles Galaxy), Ikechukwu Uche (Tigres) et Gerard Moreno (Espanyol) ont été transférés. Prêté au Rayo Vallecano la saison dernière, Javier Aquino a rejoint Uche au Mexique. Quant à Denis Cheryshev et Joel Campbell, ils sont retournés dans leurs clubs d'origine, respectivement au Real Madrid et à Arsenal.
Au total, le sous-marin jaune a vendu pour 40 millions d’euros (36 millions + 4 millions pour la vente à Manchester City d'Aleix Garcia qui évoluait avec l’équipe B). L'objectif de Marcelino, le coach des jaunes, était de trouver le bon compromis entre mobilité, rapidité, jeu entre les lignes, profondeur et déséquilibre. En tout, le recrutement a coûté 47 millions d’euros. Sept nouveaux joueurs sont arrivés dans ce secteur de jeu : Samuel Castillejo, Samuel Garcia, Denis Suarez, Cédric Bakambu, Leo Baptistao, Adrian Lopez et Roberto Soldado.
Une stabilité récompensée
L'ex-Killer du Valencia CF a été la star de ce recrutement estival. Ses deux dernières saisons à Tottenham sont trompeuses : Soldado est un attaquant coté en Espagne, international de surcroît. Arrivé pour 10 millions, c'est un investissement qui sera rentabilisé dès sa première saison, le genre de buteur à facturer ses 20 réalisations toutes compétitions confondues sans frémir. En titrant "Soldado s'échauffe pour le Camp Nou" dans son édition de vendredi au lendemain du difficile succès de Villarreal sur la pelouse du Dinamo Minsk (2-1) en Ligue Europa, le quotidien régional SuperDeporte a déjà ciblé le joueur qui pourra faire la différence face au Barça. Initialement suspendu après avoir reçu un carton jaune contre Séville, Soldado a été blanchi a posteriori et devrait être titulaire.
Continuité et renouvellement sont les maîtres mots de Villarreal. Arrivé il y a près de 3 ans alors que le club était en 2e division, Marcelino imprime sa vision du jeu, appuyé par des joueurs emblématiques et inamovibles. Natifs de la province de Castellon, Bruno Soriano (31 ans) et Mario Gaspar (25 ans) ont été formés chez les Groguets (jaunes) et sont devenus internationaux. Jaume Costa et Manu Trigueros sont également présents depuis 2010. La défense centrale Eric Bailly – Victor Ruiz n'a pas bougé, en attendant le retour de Mateo Musacchio (25 ans), blessé à la cheville depuis avril. Ce cadre favorable a permis aux recrues de s'acclimater rapidement et d’être performantes, même si l'équipe peut connaître des trous d'air, comme ce fut le cas en octobre avec deux défaites contre Levante (1-0) et le Celta de Vigo (1-2) et un nul contre Las Palmas (0-0), avant de se reprendre contre Séville (victoire 2-1).
Aréola, pari gagnant-gagnant
Arrivé en prêt en provenance du PSG après une belle saison avec Bastia, Alphonse Aréola a profité de l'excellent début de saison de son équipe pour être sélectionné en équipe de France pour la première fois, preuve que son acclimatation a été rapide. Il est l'archétype des "coups" tentés et réussis par Villarreal en matière de recrutement.
Après un passage décrié au Valencia CF, Victor Ruiz est lui aussi une réussite et son option d'achat a été levée cet été. Leo Baptistao a été attiré en partie grâce... au fils de Marcelino qui jouait au futsal avec lui au Rayo Vallecano dans les catégories de jeunes. Les discussions collégiales impliquant les scouts, la présidence (Fernando Roig père et fils ainsi que José Manuel Llaneza) et l'entraîneur limitent les erreurs de casting, un concept qui semble basique mais qui n'est pas si courant. La gestion humaine et sportive de Villarreal est ainsi citée en exemple non seulement en Espagne, mais aussi dans toute l'Europe.
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Alphone Areola (Villarreal)

Crédit: AFP

Villarreal, c'est avant tout une équipe qui joue au ballon. Juan Roman Riquelme, Diego Forlan, Robert Pirès, Juan Pablo Sorin, Santiago Cazorla, Marcos Senna, Borja Valero, Cani : la liste des "jugones" à avoir porté le maillot jaune témoigne d'une volonté de développer un jeu séduisant et attractif. Marcelino a livré sa pensée dans les colonnes d'El Pais en octobre dernier, tout en glissant un bon tacle à Vicente Del Bosque : "Une équipe qui a 80% de possession de balle et ne tire que trois fois aux cages, ça m'ennuie. Notre objectif, notre idée du jeu, c'est de tenter notre chance le plus de fois possibles".
Le beau jeu est une valeur ajoutée non négociable
Un discours guère étonnant de la part d'un amateur du football de Jürgen Klopp fondé sur la verticalité, la vitesse et les combinaisons. Une vision qu'il partage avec Luis Enrique, coach des Blaugranas, et Asturien comme lui. Dans les colonnes d'El Pais, Javier Pérez expliquait en août dernier la philosophie du club en matière de jeu : "donner du plaisir car le beau football est aussi une fin. Une valeur ajoutée non négociable. La noblesse exige un compromis esthétique. Les joueurs le savent et n'ont aucun doute quand Villarreal les courtise. C'est un bon club pour exercer sa profession, pour relancer sa carrière en quête d'excellence ou pour trouver un contrat mirobolant dans un grand club".
L'objectif majeur de Villarreal est aujourd’hui de poursuivre dans cette voie avec, si possible, la participation active de joueurs formés. Argentin naturalisé espagnol, Nahuel est la dernière réussite du club. D'autres joueurs tapent à la porte de l'équipe première comme les internationaux champions d'Europe U19 Rodri Hernandez et Alfonso Pedraza. Leur coéquipier en sélection Ivan Alejo a quitté l'Atlético Madrid pour achever sa formation au Madrigal. Fait unique en Espagne, le club a investi pour construire une deuxième Ciudad Deportiva, complexe sportif destiné à accueillir les meilleurs joueurs de la province de Castellon issus de 37 clubs qui ont souscrit un accord avec le sous-marin jaune.
Réussir mais pas à n'importe quel prix, faire confiance aux hommes mis en place et ne pas renier ses principes : Villarreal fait partie des clubs qui méritent une attention particulière. Son ambition et sa stabilité sont une référence. Le sous-marin jaune a su allier les besoins de résultats et les choix stratégiques sportifs sans renier son identité, aspect essentiel en Espagne. De quoi s'ancrer encore longtemps parmi les meilleures équipes d’Espagne.
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