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Barcelone et Séville, les malheurs de Diego

Antoine Donnarieix

Mis à jour 31/03/2018 à 12:50 GMT+2

LIGA - Séville - Barcelone compte samedi pour la 30e journée du championnat d'Espagne, mais c'est aussi un match qui évoque aux nostalgiques le rêve évanoui de Diego Maradona, tant en Catalogne qu'en Andalousie.

Diego Maradona lors de sa présentation au FC Barcelone, le 28 juillet 1982 au Nou Camp

Crédit: Getty Images

Icône de Boca Juniors, Naples et l'Albiceleste, Diego Armando Maradona constitue pour de nombreux experts le meilleur footballeur de tous les temps. Dans sa carrière, El Diez a pourtant connu des périodes noires qui coïncident avec son passage en Espagne, à Barcelone comme à Séville. Rétrospective de ces rendez-vous manqués.
Qu'on se le dise, et tant pis si cela fait défaut au film réalisé par Étienne Chatiliez en 1988 : la vie n'est pas un long fleuve tranquille, surtout dans la vie d'artiste. Il y a des périodes fastes, illustrées par la gloire et la reconnaissance, mais il y a aussi des périodes creuses, où le doute et la critique s'abattent comme une avalanche. Le cas de Diego Maradona ne fait pas exception à la règle, et ses passages en Espagne durant sa carrière de footballeur en sont la preuve. Diego et Barcelone, aussi fou que cela puisse paraître, ce n'était pas fait pour aller ensemble.

La malédiction de 1982

Commençons par le commencement de la guigne, au Mundial 1982 organisé en Espagne. Tenante du titre depuis son sacre acquis sur ses terres quatre ans plus tôt, l'Argentine arrive à la Coupe du monde avec un nouveau visage : celui d'un jeune que l'on surnomme déjà El Pibe de Oro (Le gamin en or, en VF). Toujours entraînée par l'esthète César Luis Menotti, l'Albiceleste possède en Maradona le joueur capable de changer le cours d'un match. Hélas pour lui, le meneur de jeu de Boca Juniors transféré au Barça pour la saison prochaine va connaître un premier couac. Lors du match d'ouverture contre la Belgique, l'Argentine s'incline… au Camp Nou (0-1).
Les deux rencontres suivantes se jouent à Alicante, où l'Argentine se refait une santé contre la Hongrie grâce au doublé de Maradona (4-1), puis face au Salvador (2-0). Deuxièmes de leur poule, les hommes de Menotti doivent ensuite intégrer un nouveau groupe à trois, en compagnie de l'Italie et du Brésil. Un mini-championnat qui prendra place à l'Estadi de Sarrià de Barcelone. Résultat ? Deux défaites pour l'Argentine, synonymes d'élimination. Lors de la dernière rencontre perdue contre le Brésil (1-3), Maradona peaufine sa réputation de mauvais garçon en assénant un coup de pied dans le ventre du milieu défensif Batista. Le verdict tombe : carton rouge et sortie par la petite porte pour le prodige.
Diego Maradona lors de Brésil - Argentine à la Coupe du monde 1982

Victime du "boucher de Bilbao"

Avec trois défaites et une expulsion dans la cité d'Antonio Gaudi, Maradona ne démarre pas son aventure barcelonaise du bon pied. Férus de beau jeu et de la pratique de la non-violence, les supporters du Barça s'inquiètent même de la venue de Maradona. Pour qui se prend-t-elle, cette starlette venue d'Amérique du sud à l'hygiène de vie discutable ? Lors de son premier match avec le maillot blaugrana, Diego marque, mais ne peut empêcher la défaite de son équipe contre Valence (2-1). Après des débuts corrects sur le plan individuel, El Pelusa contracte une hépatite et s'absente des terrains pendant trois mois. À son retour, le Barça remportera la coupe du Roi comme lot de consolation, mais le club s'attend à bien mieux pour la saison 1983-1984.
Plein d'espoir, le Barça reçoit l'Athletic Club, champion d'Espagne en titre, lors de la troisième journée de Liga le 24 septembre 1983. El Flaco Menotti vient d'être nommé nouvel entraîneur du Barça, et la victoire des Culés est sans appel (4-0). Mais durant la partie, le parcours de Maradona à Barcelone vient de prendre un tournant définitif. À la suite d'un horrible tacle d'Andoni Goikoetxea à l'heure de jeu, El Diez quitte la pelouse sur civière et la cheville gauche en morceaux. L'auteur de cet attentat, surnommé par la suite "le boucher de Bilbao", recevra un simple carton jaune dans la rencontre, avant de voir sa peine réajustée à… Dix-huit matchs de suspension.

Adieu barcelonais et tapis rouge sévillan

Un temps mise entre parenthèses suite à ce coup dur, la carrière de Diego Maradona au Barça va se boucler par un dernier duel contre l'Athletic Club (auréolé par ailleurs d'un nouveau titre de champion d'Espagne) en finale de coupe du Roi le 5 mai 1984. Les débats d'avant-match sont houleux : l'entraîneur Javier Clemente parle de Maradona comme d'un "imbécile" et Menotti enchaîne, expliquant que son équipe est "prête pour jouer sur n'importe quel terrain, celui de la violence inclus". Chaud comme la braise, Diego provoque alors une bagarre générale sur la pelouse. Malgré la défaite de son équipe (1-0), l'Argentin estime avoir lavé son honneur et part à Naples, où sa légende va s'écrire en majuscules.
La fin de l'épisode espagnol pour Maradona ? Non. En 1992-1993, le demi-dieu napolitain devenu champion du monde avec l'Argentine ne possède plus de limites. Le voilà qui souhaite remporter le titre de champion d'Espagne avec… le FC Séville, champion en 1946 et entraîné par le prestigieux Carlos Bilardo. L'ancien sélectionneur est très clair avec sa direction un temps hésitante : "soit Diego vient, soit je fais mes valises et je me casse !". Débarqué en Andalousie avec la même coupe de cheveux qu'en 1986, Maradona rend fou d'amour les Sévillans, qui se mettent à croire à l'impossible. Mais l'aventure va, là encore, tourner au vinaigre.
Diego Maradona après FC Séville - Bayern Munich, le 28 septembre 1992

Conflits d'intérêts, cocaïne et détective privé

Le transfert de Maradona de Naples à Séville, c'est surtout celui d'une diva qui débarque avec de grosses casseroles attachées à sa robe de soirée. Si Diego réalise des prestations convaincantes, notamment pour la réception du Real Madrid (2-0), son départ en Italie est dû à deux choses : d'une part, des problèmes avec le fisc italien et une condamnation à quatorze mois de prison avec sursis, puis un contrôle antidopage positif à la cocaïne en le 27 mars 1991, qui lui coûte quinze mois de suspension. Bref, Maradona assure l'essentiel sur le terrain, mais déconne en dehors.
Rappelé par l'Argentine pour un match contre le Danemark, Maradona souhaite participer à l'évènement alors que Séville doit jouer une rencontre importante de coupe du Roi face à Logroñés. La direction le prévient : s'il renonce à ses obligations vis-à-vis de son employeur, le club lui infligera une amende. Diego s'en fout, vole pour Buenos Aires et honore sa sélection. Au vu de cette détérioration des rapports, le club andalou engage un détective privé pour suivre le noceur dans ses sorties, afin de prouver sa mauvaise hygiène de vie et éviter de payer son salaire. Maradona quitte donc Séville en fin de saison, pour un ratio de 5 buts en 26 apparitions. Encore et toujours un beau gâchis…
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