Pour les autres, Iniesta restera plus qu’un footballeur

On reconnait un géant à l'héritage qu'il laisse. Aux images qu'on retient de lui. Aux trophées, bien souvent, qu'il traine dans son sillage et qui garnissent ses armoires. Et puis, il y a Andres Iniesta. Et Iniesta, c'est bien plus que ça. Autre chose, même. A lui seul, il incarne une idée du football où l'individu se fond dans le collectif. Où briller est moins primordial que faire briller.

L'Espagnol n'a pas annoncé sa retraite sportive, vendredi à Barcelone. Mais c'est tout comme. L'unique buteur de la finale de la Coupe du monde 2010 a officialisé ce que le monde subodorait : il s'en va du Barça comme on quitte sa maison, après plus de deux décennies à en arpenter les coins et les recoins. D'ici moins d'un mois, le milieu de terrain ne portera plus jamais le maillot blaugrana. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que les hommages n'ont pas tardé à fleurir.

Ils sont évidemment venus de la "casa Barça" où personne n'aurait imaginé dire du mal de l'homme aux 125 sélections avec l'équipe d'Espagne. Et même des anciens de la maison. Pep Guardiola en tête. Lui, le révolutionnaire du FC Barcelone ne tarit pas d'éloges sur son lointain successeur au milieu de terrain du club catalan. Et résume parfaitement ce que Iniesta aura été pour lui : "Les gens pensent que les entraîneurs aident les joueurs mais c'est lui qui m'a aidé à mieux comprendre le jeu, juste en le regardant jouer au football. J'espère qu'il reviendra à Barcelone pour montrer aux jeunes joueurs ou aux professionnels ce qu'il a montré sur le terrain."

Entendre Pep dire du bien d'Iniesta, c'est un peu comme écouter Martin Scorsese tresser des lauriers à Robert de Niro. Ce qui est moins commun et condense parfaitement la trace laissée par Don Andres, c'est voir Zinédine Zidane saluer l'impact du Barcelonais sur le jeu. Avec la plus grande sincérité du monde, rivalité séculaire rangée au vestiaire. "Là on ne parle plus de Barcelone-Madrid, là on parle d'un joueur de football qui a fait rêver tout le monde, que j'ai admiré voir jouer. Je ne le connais pas beaucoup mais les deux ou trois fois où je l'ai croisé, c'est quelqu'un de charmant, de très réservé", a-t-il affirmé.

"Ce que je vais dire fera peut-être les gros titres dès demain mais je pense qu'il aurait mérité un Ballon d'Or quand il a gagné son Mondial. Il avait fait une année exceptionnelle, il termine avec le Mondial en gagnant, en marquant en finale. Il l’aurait forcément mérité", a lancé l'entraîneur madrilène, qui sait qu’un (ou deux buts) en finale d’une Coupe du monde peuvent faire le bonheur d’un footballeur à l’heure du Ballon d’Or. Ce regret, Andres Iniesta ne le partage pas. Parce que sa conception du football, on y revient, est tout autre. "Ne pas avoir gagné le Ballond’Or n’est pas un déchirement. Être ici avec Messi et Xavi était magique. Mon bonheur ne dépend pas d'avoir gagné un Ballon d'Or ou pas. Tout l'amour que j'ai reçu du monde entier m'a suffi."