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Darder : "L'OL, mes meilleures années de footballeur"

François David

Mis à jour 21/09/2018 à 13:49 GMT+2

LIGA - Titulaire dans l'équipe surprise de ce début de saison (4e), Sergi Darder rayonne depuis quelques semaines. Avant d'affronter le Real Madrid au Santiago-Bernabeu ce samedi (20h45), le milieu de l'Espanyol n'oublie pas pour autant l'Olympique Lyonnais, avec qui il a gardé un lien très spécial.

Sergi Darder (Espanyol) face à Geoffrey Kondogbia (Valence)

Crédit: Getty Images

Sergi, vous vous attendiez à un tel début de saison?
S.D. : En tout cas, on en avait très envie ! Pour le moment nous n'avons encore rien fait, mais c'est vrai que c'est agréable d'être quatrième. L'an dernier, nous dépendions beaucoup d'un seul joueur (Gerard Moreno, transféré à Villarreal cet été, ndlr). Le nouveau coach veut plus de variété offensive. Nous ne nous donnons pas de limites.
Le Real Madrid est un bon test pour se jauger.
S.D. : Nous n'avons rien à perdre. Madrid gagne 95% de ses matches à domicile et même sans Cristiano Ronaldo, le Real peut mettre deux buts en cinq minutes. La pression est énorme au Bernabeu, les gens ne s'en rendent pas toujours compte. A nous de nous montrer courageux.
Les performances de Benzema vous étonnent-elles ?
S.D. : A Lyon, tout le monde me parlait de Benzema ! Je vois un Karim plus libéré par rapport aux autres saisons. Au Real, il travaillait pour Ronaldo. C'est assez courant dans les très grands clubs : tu te mets au service de la star. Je sens un Benzema plus autonome, plus responsable, qui tente des choses qu'il n'aurait pas faites avant. Il est un meilleur joueur, tout simplement.
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Karim Benzema, double buteur contre Leganés en Liga.

Crédit: Getty Images

Vu du terrain, quelle impression donne le trio Casemiro-Kroos-Modric ?
S.D. : Quand on attaque, on se rend compte que Kroos ou Modric ne sont pas des spécialistes de la défense. Mais quand on doit défendre contre eux, c'est l'enfer. Tu ne peux pas les presser, car ils vont trouver une solution dans ton dos, avec l'aide de leurs latéraux. Casemiro est l'unique spécialiste défensif “pur”. Dès qu'il peut, il donne le ballon rapidement à Kroos et à Modric. Si ça arrive à Kroos, tu sais qu'il ne perdra pas le ballon. Qu'il va bien le protéger, ouvrir de l'autre côté du terrain, faire jouer ses partenaires et avec beaucoup d'assurance. Si c'est Modric, tu dois faire attention à la dernière passe, à sa conduite de balle, car il est capable d'éliminer le moindre adversaire sur un changement de rythme. C'est lui qui accélère le jeu du Real Madrid. Tout deux sont de grands joueurs et sont très complémentaires.
A l'Espanyol, je joue et je suis chez moi. C'est l'idéal.
Au niveau personnel, on sent une grande différence par rapport au Darder de la saison dernière…
S.D. : Je jouais souvent sur un côté l'an passé et je n'avais pas forcément de repères. Cette saison, nous sommes trois au milieu, avec Marc Roca qui est notre premier relanceur. Devant lui, Il y a Esteban Granero et moi-même. Je pense avoir une grande marge de progression. Je dois marquer plus, faire plus de passes décisives, être constant pendant tout un match. Je dois aussi travailler mon jeu dos au but, mieux recevoir entre les lignes… Bref, plein de choses. Faire un peu ce que fait Modric (rires) !
Vous êtes heureux ?
S.D. : Oui, parce que je joue. Tu as beau être dans la plus belle ville du monde, si tu es sur le banc, c'est compliqué. Là, à l'Espanyol, je suis chez moi et je joue. C'est l'idéal.
A Lyon, on n'avait pas la sensation que vous étiez titulaire indiscutable.
S.D. : Lyon, c'était une autre dimension que Malaga ou l'Espanyol. Il y avait beaucoup plus de concurrence. Gonalons, Tolisso, Fekir, Valbuena, c'était tous des internationaux A. Mais j'ai vraiment adoré jouer à l'OL. Ce sont peut-être mes meilleures années depuis que je suis pro. J'ai tellement appris, l'apprentissage d'une nouvelle langue, une nouvelle culture de jeu…
On a la sensation que votre départ s'est fait en catimini, que vous auriez pu faire une saison de plus à Lyon mais que l'on vous a mis dehors…
S.D. : C'est moi qui ai voulu partir car j'avais perdu la confiance depuis quelques mois. Précisément en janvier quand l'entraîneur a changé son système de jeu pour que Nabil (Fekir) joue derrière l'attaquant. Nous sommes passés de trois à deux au milieu de terrain. Or, le coach voulait un profil plus athlétique au milieu, qui protège plus nos défenseurs. L'été suivant, Gonalons et Tolisso sont partis… et le coach m'a dit que finalement je pouvais faire l'affaire devant la défense ! Je le croyais, mais j'avais peur que, si l'équipe venait à perdre trois ou quatre matches, il allait me remettre sur le banc. Je sentais que j'allais perdre sa confiance au premier coup dur. Dans le fond, il m'aimait bien, il me disait que j'étais un bon footballeur. Mais moi j'avais des doutes, voilà… L'idée a alors été de partir en prêt une saison, même si j'ai rapidement su que j'allais retourner à l'Espanyol, chez moi.

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Sergi Darder avec Lyon - 2016

Crédit: Panoramic

"Pour moi, l’OL est le meilleur club du monde avec l’Espanyol"

Ça a été simple de partir ?
S.D. : Non, très dur. En plus, j'étais titulaire en début de saison. Et moi et ma famille étions très bien à Lyon. L'amour que je recevais des supporters était incroyable. Je ne sais pas si c'était mérité, car beaucoup de joueurs formés à Lyon ne recevaient pas autant de soutien que moi.
Comment vous l'expliquez ?
S.D. : Alors ça… Peut-être que les supporters ont vu que je vibrais dès le début pour ces couleurs. Que j'avais appris rapidement la langue, que je faisais tout pour bien m'intégrer. Et puis j'ai marqué des buts importants contre Saint-Etienne ou le PSG. Les supporters de l'OL me manquent beaucoup. On verra dans le futur si nos chemins se rejoignent à nouveau.
Vous gardez contact avec vos anciens partenaires ?
S.D. : Oui, nous avons un groupe WhatsApp où l'on se parle régulièrement. J'ai appelé Coco (Tolisso) quand il s'est blessé, histoire de le réconforter un peu… Avec Rafa (Rafael) et sa famille, on est proches. Je suis allé trois fois à Lyon l'an dernier, pour parler avec Florian Maurice, avec le coach et le président. Je reviens chaque fois que je peux. Pour moi, c'est le meilleur club du monde avec l'Espanyol.
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Lacazettte et Darder avec l'OL

Crédit: AFP

"Les gens ont été un peu injustes avec Génésio"

Jean Michel Aulas est-il un président qui vous a marqué ?
S.D. : Et comment ! (rires). En plus d'être un bon gestionnaire, il adore le club. Ce n'est pas si courant parmi les présidents. Normalement, les propriétaires gèrent l'argent et se désintéressent de l'équipe. Lyon, c'est le grand amour de Jean Michel Aulas. C'est un président qui protège très bien son groupe. Il sait comment faire, il occupe la lumière pour que les joueurs soient tranquilles. Mais il a aussi tellement le club dans le sang qu'il ne te lâche jamais.
On est toujours sous pression avec lui. Quand il est en colère, tu le sens tout de suite. Il ne crie pas… mais il te fait comprendre rapidement que tu vas passer un mauvais moment. Inversement, quand tout se passe bien, il est très chaleureux. Il peut t'inviter à boire un verre pour s'assurer que tu ne manques de rien. Je me suis toujours bien entendu avec lui.
Il y a un débat en France autour de Bruno Génésio. Qu'en pensez-vous ?
S.D. : J'ai rapidement senti une crispation autour du coach. Parfois nous méritions d'être critiqués, c'est vrai. Mais je crois que les gens ont été un peu injustes avec lui. Quand il arrive fin 2015, on est au fond du trou. Avec Génésio, on gagne pratiquement tous nos matches, on finit deuxièmes, et les deux ou trois rencontres que l'on perd, les gens ont dit que c'était de sa faute. Je peux vous garantir qu'il a beaucoup fait pour Lyon dans cette période. Même si ma dernière année a été compliquée avec lui, j'ai beaucoup d'affection pour Bruno Génésio. Alors bien sûr, j'enrageais de voir que j'étais le premier à sortir quand il y avait un changement… Nous les Espagnols, avons la réputation d'être de bons footballeurs, mais peu résistants. Bruno pensait que c'était le cas, et quand je voyais un milieu s'échauffer, je savais que j'allais sortir dix minutes après. J'avais une étiquette de joueur “70 minutes”. Mais bon, l'expérience à Lyon a été tellement géniale que je la referais sans hésiter.
NDLR : Interview réalisée avant la victoire de l’OL en Ligue des champions sur le terrain de Manchester City (2-1).
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