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Valence, dans les pas du perdant magnifique ?

Antoine Donnarieix

Mis à jour 05/05/2019 à 20:04 GMT+2

LIGA - Encore en lice dans trois compétitions début mai, le FC Valence se lance dans un sprint final haletant dans la quête de divers objectifs : une place dans le top 4 de Liga, le gain d'une demi-finale de coupe d’Europe et une finale de coupe d’Espagne à remporter. En pleine célébration du centenaire de leur existence, les Chés pourraient-ils cependant finir par capituler ?

Valencia's Spanish midfielder Daniel Parejo celebrates his goal during the Spanish league football match between Club Atletico de Madrid and Valencia CF at the Wanda Metropolitano stadium in Madrid on April 24, 2019.

Crédit: Getty Images

Avec la mine des mauvais jours, Marcelino García Toral s’appuie sur le pupitre et ne tergiverse pas au moment de conclure sa conférence de presse à la suite d’une défaite à domicile contre Eibar (0-1). "Nous devons nous battre jusqu’à la fin, toujours, explique le coach du FC Valence dimanche dernier. Il faut terminer à la plus haute place possible en Liga. La quatrième va être difficile à atteindre mais si nous ne pouvons pas y arriver, il faudra lutter pour la cinquième. Et sinon, ce sera une bataille pour la sixième… Maintenant, il faut oublier cette déroute rapidement car ce jeudi, nous aurons un match très important qui nous attend." Important, vraiment ? Contre Arsenal en demi-finale de Ligue Europa, Marcelino s'est essayé à modifier sa formation en 6-2-2. Résultat : une défaite 3-1, et un objectif qui s'éloigne à vue d’œil.

Cañizares : "Nous avons vu un Valence à deux visages cette saison"

Malgré cette déconvenue européenne, Valence possède toujours une possibilité d’obtenir une qualification pour la prochaine Ligue des champions à moyen terme. Comment ? En remportant la Ligue Europa le 29 mai prochain à Baku. Un périple en Azerbaïdjan qui permettrait à Valence de renouer avec une finale européenne, quinze ans après sa victoire contre l’Olympique de Marseille à Göteborg (2-0). Un succès acquis grâce à des tauliers : Santiago Cañizares, Roberto Ayala, David Albelda, Ruben Baraja, Vicente, Angulo ou encore Mista. Depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts du club, à tel point que Valence ne semble plus être ce club capable de soulever un trophée. Pourquoi ?
D’abord, les Murciélagos exaspèrent par leur inconstance. "Franchement, le début de saison était mauvais, tranche Cañizares. Les débuts ont été très compliqués (Valence était quinzième de Liga à la quinzième journée, ndlr), la continuité de l’entraîneur était même remise en cause au mois de décembre dernier… Et puis dès le début de l’année, Valence s’est mis dans une dynamique positive. Ce club est particulièrement dépendant d’un état psychologique contagieux, dans le bon comme dans le mauvais. De fait, nous avons un Valence à deux visages cette saison : celui de la fin de 2018, et celui de 2019." Malgré cette dynamique digne des montagnes russes, Valence parvient à survivre sur tous les tableaux et laisse rêver ses socios d’une possible fin de saison en apothéose. Un mirage ?
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Kevin Gameiro

Crédit: Getty Images

L’éternel recommencement

Dans son histoire, le FC Valence s’est construit à travers des cycles de victoires européennes. Il y a d’abord eu les premiers succès dans les années 60, frappé du sceau de Waldo Machado à la pointe de l’attaque des Blanquinegros. Puis le doublé coupe des coupes et supercoupe d’Europe en 1980, avec le légendaire avant-centre Mario Kempes aux affaires. Enfin, la dernière génération reste celle du capitaine Cañizares, assez lucide pour faire la propre critique de son équipe. "À l’époque, nous étions déjà capables du pire comme du meilleur, même avec un effectif de très grande qualité. Aujourd’hui, Marcelino peut compter sur des joueurs essentiels mais aussi sur des solutions alternatives en deuxième option. Le meilleur exemple, c’est la pierre angulaire de l’équipe : Geoffrey Kondogbia. Sa blessure actuelle permet à Coquelin de jouer davantage et de se mettre au service du collectif."
Malgré tout, le FC Valence reste le plus dangereux quand tous ses éléments sont à disposition. À Londres, la suspension de Francis Coquelin pour une accumulation d’avertissements s'est avérée cruelle pour les Murciélagos (Chauve-souris, en VF) dans cette manche aller. De quoi perdre espoir ? Bien au contraire. "Valence est une équipe qui fonctionne au mérite, analyse Cañizares. Cela peut même se vérifier à travers leurs matchs : si l’équipe fait preuve de constance dans la consistance, la rencontre se terminera par une victoire. Si l’équipe peine à entrer dans son match et manque de concentration, cela va se terminer en match nul voire en défaite, comme contre Eibar le week-end dernier. Il faut travailler dans la stabilité, et cela nécessite une habileté psychologique avancée que le club ne possède pas encore." En clair, rien de mieux qu’un test grandeur nature face à un favori comme Arsenal pour se faire une idée du chemin à parcourir.
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Alvaro Morata (Atlético Madrid) à la lutte avec Francis Coquelin (Valence)

Crédit: Getty Images

De l’art de casser sur la ligne d’arrivée

À la manière d’un sprinteur qui joue sa victoire sur quelques centièmes de seconde, Valence va devoir démontrer sa capacité à ne pas trembler au moment de remplir ses objectifs de fin de saison. "Je considère qu’un futur est assuré en Ligue Europa pour la saison prochaine, dévoile Cañizares. Le souci, c’est que le club se construit autour d’un projet économique et sportif bâti pour une qualification en Ligue des champions. Dès lors, remporter la Ligue Europa ou terminer dans le top 4 de Liga devient obligatoire. C’est une responsabilité, mais cette responsabilité est intrinsèque car le club se bat régulièrement pour aller en C1, quitte à attendre la toute dernière journée. Tout cela est habituel". Lors de la saison 1998-1999, le FC Valence avait en effet attendu la dernière journée pour valider son ticket pour la C1 suivante. Mieux encore : lors des deux finales de C1 consécutives perdues par Valence en 2000 et 2001, des matchs décisifs pour décider d’une issue favorable ou défavorable en vue d’une hypothétique qualification en Ligue des champions ont toujours précédé ces échecs retentissants.
Quinze jours après avoir disputé une finale haletante face au Bayern Munich (1-1, 4-5 aux tirs au but), Valence chutait au Camp Nou le 16 juin 2001 face au Barça dans un match où Rivaldo inscrivait un triplé décisif pour extraire Valence du top 4 (3-2). L’année suivante, Valence terminait vainqueur de la Liga. En clair, Valence constitue une équipe guidée par les émotions, située à la frontière périlleuse entre la réussite et l’échec. "Valence est parvenu à récupérer plus vite des échecs que de ses victoires, observe Cañizares. Il était plus compliqué d’aborder une saison en tant que champion d’Espagne que de démarrer sans être qualifié pour la Ligue des champions. C’est paradoxal, mais cela traduit bien l’ADN du FC Valence." En cela, la saison 2018-2019 suit ce même cheminement : qualifié en Ligue des champions, Valence s’est mis à patiner en championnat avant d’appuyer sur l’accélérateur une fois placé en situation inconfortable.

Le Barça, meilleur adversaire ?

L’exercice 2017-2018 était d’ailleurs tout aussi révélateur, puisque Valence est parvenu à s’installer dans la zone C1 très tôt grâce au gros travail de fond effectué par Marcelino au moment de son arrivée au sein du club. Ce travail de longue haleine peut-il finir par payer avec un titre ? " En ce qui concerne la Ligue Europa, les quatre équipes encore en compétition sont d’un niveau homogène, affirme Cañizares. L’Eintracht, tout le monde les met en outsider, mais ce sont sans doute eux qui réalisent le meilleur parcours jusqu’ici. Enfin, affronter une équipe comme le FC Barcelone sur un match me semble à la portée du club. Le Barça fait de la C1 son objectif prioritaire de la saison, et la coupe d’Espagne devient secondaire. Si Valence met du cœur à l’ouvrage dans cette finale, je vois un possible dénouement favorable." Depuis son statut de génie du football, Leo Messi ne l’entend certainement pas de cette oreille…
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