Bordeaux relève la tête

En comédie, on appelle ça un one-man show. En football, on utilisera le terme de "prestation lumineuse" voire même d'homme du match. Car s'il y a bien une chose que l'on peut associer au résultat brut de ce Bordeaux-Strasbourg (3-0), c'est la copie nette et sans bavure qu'a rendu le Brésilien Henrique dans les rangs des Girondins de Bordeaux. Nette, comme ses deux buts de la tête, aussi opportunistes que magnifiques. Sans bavure, à l'image d'une défense typique de la part du bonhomme, autrement dit, dure sur l'homme mais également doublée d'une certaine rigueur, le tout compilé en 90 minutes. A la clé de ce récital personnel, une 16e victoire en Ligue 1 et toujours six points de retard sur l'Olympique Lyonnais.

Henrique a brillé donc. Et sa formation a vaincu. Mais si Bordeaux a su gérer cette partie à sa main, la formation de Laurent Blanc le doit en grande partie à un adversaire joueur et combatif. En effet, jamais le Racing n'a baissé les bras durant la rencontre. A l'image d'un Mouloungui souvent virevoltant, parfois dangereux dans son engagement, Strasbourg n'est pas venu en victime expiatoire. Au contraire, ce que Gameiro, d'entrée de jeu, se charge de démontrer (2e). Si la percée du jeune attaquant strasbourgeois n'est pas décisive pour son équipe, elle a le mérite de réveiller le camp bordelais. Les Girondins passent la surmultipliée, parviennent à combiner sur les flancs. Une aubaine pour Chamakh qui voit les bons ballons affluer dans sa zone de jeu... sauf que le Marocain gâche une à une toutes les cartouches mises à sa disposition. Quand ce n'est pas Cassard (7e), c'est le poteau de ce dernier qui s'oppose au bon vouloir de l'international africain (8e).

Tandis que Chamakh confirme son péché mignon dans la finition, Obertan y va également de son petit montant avec un coup de crâne que n'aurait pas renié son coéquipier. Cette fois, c'est la barre transversale qui est sur la route de l'attaquant bordelais (22e)... la même qui fait enrager quelques minutes plus tard l'intenable mais maladroit Chamakh (26e). De quoi inquiéter sérieusement Laurent Blanc d'autant que la partie, sur le rectangle vert, sent la poudre. Jurietti est à deux doigts d'offrir un penalty aux Alsaciens sur une main a priori involontaire dans la surface (16e). C'est dans cette période un peu trouble où Strasbourgeois et Bordelais se livrent mutuellement qu'Henrique sort du rang. Une tête un peu lobée pour commencer (28e), suivie d'une petite soeur, plus autoritaire, en pleine course (42e), pour mieux achever Strasbourg, le tout sur corner : le scénario est bon pour Bordeaux.

Un peu flatteur également. Certes, les Girondins mènent au tableau d'affichage et ils le doivent en grande partie à une certaine efficacité, assez relative tout de même au vu du paquet d'occasions franches qu'ils ont eu. Mais les joueurs au scapulaire auraient très bien pu rejoindre les vestiaires sur un score de parité, si Mouloungui n'avait pas vu son but refusé pour une position de hors-jeu. Pis, les Bordelais étaient également à deux doigts de perdre prématurément Chamakh en première période et de concéder un nouveau penalty, le Marocain ayant été auteur d'une main, volontaire cette fois, au-devant de Mouloungui (35e).

Deux mains, un but refusé... la pilule sera dure à avaler pour les Strasbourgeois. Mais incontestablement, le destin semble avoir choisi son camp. Chamakh a beau vendanger de nouveau (63e), Alonso être bousculé dans la surface par Paisley avant, lui aussi, de buter sur Cassard (74), Bordeaux gère la fin de la rencontre à sa main. Une sortie aérienne du portier alsacien se transforme aussitôt en sanction dans les pieds de Cavenaghi, qui assoit définitivement la victoire bordelaise (75e, 3-0). Un peu brinquebalant parfois, à l'image d'Henrique, tantôt irrésistible sur une montée balle au pied (84e), tantôt déconcentré au point d'irriter fortement Jean-Louis Gasset (49e), Bordeaux, au métier, a su se sortir du piège strasbourgeois. Les hommes de Jean-Marc Furlan n'ont pas à rougir de leur prestation, ils ont su tenir la dragée haute face à des Girondins opportunistes. Si les Alsaciens se montrent capables de maintenir ce niveau de jeu, le tout avec un petit soupçon de réalisme dans les moments-clés, le maintien ne devrait pas être un objectif de fin de saison irréalisable pour les Strasbourgeois.

"On n'est pas là pour mentir aux joueurs, ils sont assez intelligents pour analyser leur propre match, on a été très efficace notamment sur coups de pied arrêtés mais dans le jeu, on n'a pas été bon, il faut s'améliorer. On avait beaucoup d'intentions, mais paradoxalement l'homme qui nous a permis de rester dans le match est notre gardien de but. Cela veut dire que l'on n'a pas été très bon dans l'entame du match. C'est une analyse réelle, il ne faut pas l'occulter et prendre conscience des lacunes que l'on a montrées dans le jeu ce soir et surtout avoir un peu plus de motivation et de conviction lorsque l'on a le ballon. Félicitations aux joueurs pour les 3 points, sur le contenu, peut mieux faire".