Paris s'invente une crise

Les deux jours de repos ne sont pas malvenus pour les joueurs du PSG. En plus de récupérer physiquement d'une semaine éprouvante au cours de laquelle ils ont disputé trois matches (Bordeaux, Lens, Sochaux), les hommes de Paul Le Guen vont surtout avoir la chance de ne pas être au contact des journalistes au Camp des Loges. Un vrai luxe compte tenu de la tempête médiatique qui s'est abattue hier soir sur le club de la capitale avec l'éviction annoncée de Charles Villeneuve, coupable d'avoir envoyé une lettre au peu trop revendicatrice aux yeux de l'actionnaire majoritaire du club, Colony Capital, et de son représentant Sébastien Bazin. Après la crise sportive pendant deux ans, c'est donc dans une crise de pouvoir que Paris s'est engagé. Si les joueurs veulent faire le dos rond coûte que coûte, celle-ci aura quand même probablement un impact négatif sur l'avenir de l'actuel sixième du classement de Ligue 1.

Sauvé à la dernière journée de l'exercice 2007/2008, le PSG connaissait jusqu'ici une saison bien plus faste, puisqu'il est encore en course sur quatre tableaux. Notamment en championnat. Après 21 journées, il compte déjà 36 points alors qu'il n'en avait récolté que 43 sur l'ensemble de l'année dernière, et fait office de candidat crédible à l'Europe. Le redressement est indéniable, et il coïncide avec l'arrivée de Villeneuve à la tête du club en mai dernier. L'ancien directeur des Sports de TF1, parfois maladroit dans sa communication à ses débuts, a su faire preuve de fermeté pour imposer des choix. Et apporter un peu de stabilité à un club qui en a manqué à tous les niveaux l'an passé. Pour quelqu'un qui n'avait aucun vécu dans le milieu, une carence largement stigmatisée à sa nomination, la performance force déjà le respect.

En huit mois, Villeneuve avait d'ailleurs réussi à faire quasiment l'unanimité auprès des supporters parisiens, à défaut de la faire auprès des actionnaires. En imposant certaines décisions, comme le recrutement de Claude Makelele notamment. L'ancien milieu défensif de l'équipe de France, promu capitaine du PSG dès son arrivée au club, a apporté sérénité et expérience à un vestiaire qui en manquait cruellement depuis plusieurs saisons. "Maké" était l'homme de Villeneuve. Et ce n'est pas forcément une coïncidence si l'ancien joueur de Chelsea a annoncé qu'il envisagerait peut-être de prendre sa retraite à la fin de la saison le jour où son président a été évincé, même si celui-ci reste en poste jusqu'à la tenue de la prochaine assemblée générale.

L'avenir de Makelele n'est qu'une question parmi celles qui accompagnent celui du PSG. Si Paul Le Guen et ses joueurs ont répété qu'ils faisaient abstraction de cette crise après la victoire sur Sochaux (2-1), les troubles qui agitent le club de la capitale vont finir par les rattraper. En fin de contrat, l'entraineur parisien est d'ailleurs lui aussi dans le flou quant à son avenir. Les réponses à ces questions sont désormais détenues par Colony Capital. Actionnaire majoritaire du PSG, la firme internationale du fond d'investissements et son représentant, Sébastien Bazin, ont pris un risque en choisissant d'évincer Villeneuve. Celui de voir cette crise de pouvoir avoir un impact négatif sur le domaine sportif. Au moins, les joueurs parisiens sont pour la plupart habitués à ce type de tourments.