Qui est Labrune ?

Depuis quelques jours, deux hommes se disputent l'OM. Entre Pape Diouf et Vincent Labrune, la guerre est désormais ouverte. Mais, si l'actuel président est devenu un habitué des sorties médiatiques, le second reste un inconnu du grand public. Ses fonctions à la tête du conseil de surveillance du club, qu'il occupe depuis janvier 2008, l'ont propulsé au premier rang, bien malgré lui. Car, de l'avis de tous, Labrune est avant tout un homme de l'ombre. Ses déclarations sont rares voire inexistantes, tout comme ses apparitions. Pourtant, en tant que président de la holding Eric Soccer, société mère de la SASP OM, il est devenu l'un des personnages incontournables de la vie olympienne.

Alors comment en est-il arrivé là ? Vincent Labrune est d'abord un homme de communication. Il débute sa carrière à France 2 où il occupe le poste d'attaché de presse du service des sports. Il se rapproche alors de Jean-Luc Delarue avec lequel il collabore chez Reservoir Prod. C'est par ce biais qu'il se rapproche de Robert-Louis Dreyfus grâce à leur passion commune : la boxe. Delarue est en fait un ami de Brahim Asloum, coaché par Louis Acariès, ami de... RLD. Entre les deux hommes, le courant passe tout de suite et Labrune devient le conseiller en communication de l'homme d'affaire suisse et son porte-parole. Parallèlement, il collabore avec TF1 où il est notamment conseiller de Patrick Le Lay et d'Etienne Mougeotte.

Assez rapidement, il devient l'homme de confiance de Robert-Louis Dreyfus. Satisfait de son travail lors du procès des comptes de l'OM (2006-2007) puis lors de la vente avortée du club à Jack Kachkar (2008), RLD le nomme à la tête du désormais célèbre conseil de surveillance du club, où il remplace Mehdi El Glaoui, démissionnaire après cinq années passées à la présidence. Lorsque l'actionnaire principal de l'OM critique dans la presse la "gestion de père de famille" de Pape Diouf, l'ancien agent de joueur y voit une manipulation. "Il y a pour moi, derrière cette histoire, Vincent Labrune afin de déstabiliser le président de l'OM pour des desseins non avoués. Cette manière de procéder ne ressemble pas à Robert" , accuse-t-il en janvier dernier.

Entre le communiquant et l'homme de l'ombre, le Marseillais et le Parisien, la hache de guerre est déterrée. Si Labrune s'est bâti un impressionnant carnet d'adresse durant ses expériences dans les médias, Diouf n'hésite pas à l'accuser de le mettre en oeuvre et de mobiliser ses réseaux pour obtenir son départ. "J'étais ravi de son arrivée mais, très tôt, ce monsieur a outrepassé ses droits, tapait-il du poing il y a quelques jours. Je me suis rendu compte qu'il voulait m'imposer certaines choses. Je lui ai donc répondu : certaines décisions, si tu penses les prendre, il faudra que tu viennes poser ton cul où j'ai mis le mien" . Dans le fauteuil de président ? Visiblement, le message est bien passé... L'absence de Diouf au conseil de surveillance, le 10 juin à Paris, finira de mettre le feu aux poudres.

D'habitude discret, Vincent Labrune s'apprête-t-il à passer en pleine lumière ? "Que cela soit clair. Il n'est pas question pour moi d'occuper le poste de président de l'OM", a-t-il affirmé lors de l'une de ses rares déclarations. Reste que, alors que l'avenir de Pape Diouf n'est pas encore fixé, l'on évoque déjà à la tête de l'OM des hommes qui font partie de son large réseau. En première ligne, Charles Villeneuve est réputé pour être l'un de ses proches du temps où ils collaboraient à TF1. L'ancien président du PSG réfute toutefois l'idée de s'installer à la Commanderie. "Je suis très surpris que beaucoup puissent penser à ma venue à l'OM. Je peux vous certifier que personne de l'OM ne m'a parlé ou appelé", a fait savoir l'ancien patron des Sports de TF1. Avant cela, encore faudrait-il que Labrune remporte son bras de faire avec Pape Diouf...