Bordeaux à contre-courant

A Lorient, Bordeaux a eu tout faux. Les Girondins voulaient se relancer dans la course à l'Europe après le revers subi à domicile face à Caen (1-2). Ils ont pris une valise au Moustoir (5-1) et pensent plutôt au maintien aujourd'hui. Jean Tigana avait préparé minutieusement ce match, insistant notamment sur la défense, mais celle-ci a joué à l'envers durant l'intégralité de la rencontre. La thèse de l'accident ? Personne au sein du club ne l'a avancée au coup de sifflet final. Preuve supplémentaire que le mal est profond sur les bords de la Gironde. Et l'entraineur bordelais, en difficulté depuis le début de la saison, semble plus que jamais à court de solutions.

Pour Bordeaux, 12e du classement avec sept points d'avance sur le premier relégable, Monaco, l'heure n'est plus à évoquer l'héritage de Laurent Blanc ou l'acharnement de certains arbitres. La vraie question concerne plutôt le niveau réel des Girondins et leur capacité à se ressaisir dans le contexte actuel. A Lorient, les Bordelais n'étaient pas dans les meilleures dispositions. On ne répétera jamais assez à quel point l'absence quasi-systématique de Marc Planus nuit à l'efficacité de la défense girondine depuis le début de l'année 2010. Au Moustoir, la suspension de l'arrière-gauche Benoît Trémoulinas l'a diminuée encore davantage. Le recadrage opéré par Tigana, avec le positionnement de Michaël Ciani sur le côté droit de la charnière centrale, aux côtés de Ludovic Sané, et la titularisation de Florent Marange sur le flanc gauche, a été un fiasco. Lorient et Kevin Gameiro, auteur d'un triplé, en ont admirablement profité en jouant une partition sans fausse note.

L'argument des forces en présence semble cependant passer au second plan. Pour ce déplacement en Bretagne, Tigana avait mis en place un plan de jeu que ses joueurs n'ont jamais respecté. Et c'est bien ça le plus troublant. "On était prévenus. On savait très bien comment jouait Lorient, des ballons en contre en profondeur. On s'est fait poignarder. C'est un peu surprenant, en ayant travaillé cela pendant la semaine. Je ne peux pas l'expliquer. C'est une faillite collective. Ce qui est inquiétant, c'est l'abandon car même à onze contre dix, on aurait pu prendre des buts", se désolait l'entraineur bordelais en conférence de presse. Avant de dresser un constat inquiétant. "Sur ce match ils n'ont pas respecté les consignes…" Le dialogue avec les joueurs serait-il rompu ? "Il faut leur demander, répond Tigana. Moi, je n'ai pas d'état d'âme. Mais je ne veux pas réagir à chaud. Je vais prendre du recul et discuter avec mon entourage."

Du côté des joueurs, la tendance est aussi à renvoyer la balle dans l'autre camp. "Oui, le courant passe toujours. Maintenant, il faut que ça se concrétise sur le terrain. Il (Tigana) a demandé quelque chose à la défense, elle ne l'a pas fait selon lui, il n'a qu'à s'expliquer avec sa défense", lançait ainsi le capitaine Alou Diarra, estimant qu'il ne fallait "pas chercher de faux débat ou de polémique entre le dialogue du coach et le groupe. Maintenant, concrètement, sur le terrain, on a énormément de mal", a-t-il poursuivi. Avant d'ajouter qu'il n'y avait "pas eu de coup de gueule de l'entraîneur après le match." Entre l'entraineur bordelais et ses joueurs, il y a manifestement un malaise et personne ne veut prendre ses responsabilités. En attendant, le club doit préparer la réception d'Auxerre le week-end prochain, sans son gardien Cédric Carrasso, suspendu après son expulsion à Lorient. Cela ne va pas arranger les affaires de la défense girondine pour ce match entre important dans la course au maintien. Mais cela ne change rien au fait que Bordeaux doit rapidement retrouver de la solidarité, car c'est l'ingrédient de base pour lutter contre la relégation.