OM la preuve par l'absurde

Depuis plusieurs semaines, l'OM évolue le vent dans le dos. Alors, face à la muraille défensive bourguignonne, Didier Deschamps avait choisi, dimanche, d'aligner une équipe résolument offensive, avec Lucho et Cheyrou devant Cissé, pour distribuer le jeu vers Valbuena et les frères Ayew. Dès la première minute du match, le Stade Vélodrome s'est régalé. Talonnade de Jordan Ayew pour Lucho (1e), combinaisons à répétition entre Cheyrou et ses attaquants, et un jeu fluide orchestré par l'ancien Auxerrois. Le ton était donné. Le Vélodrome ne serait pas déçu : il allait assister à l'un des matches les plus agréables de la saison. Mais le score final (1-1), à peine croyable vu le contenu, a sérieusement cassé l'ambiance. "Le jeu y est, mais on ne gagne pas. Il y a des fois où on a plus mal joué, mais on a gagné. Va savoir… Il faut essayer d’allier les deux" pestait Mathieu Valbuena en fin de soirée. "C'est un match nul qui a l'odeur d'une défaite, insistait Benoît Cheyrou. Défensivement cela fait deux matches que nous encaissons des buts..."

Pourtant... Les joueurs de l'OM ne se sont pas contentés d'être fluides et offensifs au moment de reconquérir la première place. A l'image de Jordan Ayew, étincelant dimanche, qui s'est arraché pour récupérer un ballon perdu avant de l'expédier sur le poteau de Sorin (14e), les Phocéens ont poussé fort pour reprendre la première place à Lille. Le cadet des frères Ayew a ensuite manqué le cadre de quelques centimètres (20e, 27e). "Je suis très malheureux car j’ai eu des occasions que, normalement, je dois mettre au fond, a regretté le cadet des Ghanéens. Sur ma frappe croisée, le gardien fait un très bel arrêt. Mais bon c’est le foot..." Jamais serein (39e, 44e), le portier bourguignon Olivier Sorin a aussi été décisif sur une reprise de volée signée Lucho (33e), lancé parfaitement dans le dos de la défense auxerroise par Cheyrou. Le Vélodrome, peu habitué à voir tant de gestes techniques et d'occasions, ronronnait de plaisir.

20 frappes, 1 but

Après de nouvelles tentatives infructueuses (46e, 47e), le stade a commencé à gronder, et d'impatience cette fois. Pas pour longtemps. Après avoir provoqué l'avertissement d'Hengbart (51e), André Ayew a travaillé le latéral auxerrois, et offert à Valbuena l'ouverture du score (1-0, 56e). "Il y a une erreur de marquage", observera Fernandez après le match, à toutes fins utiles... La muraille bourguignonne enfin rompue, Marseille était sur un nuage, mais n'avait qu'un but d'avance sur les Icaunais. 25 dégrés, beau temps, la Canebière était prête à s'enflammer. Nouvelle talonnade de Jordan Ayew, pour Cheyrou cette fois, dans la surface (59e). Et parade de Sorin.

Au fond de son banc, Fernandez a alors décidé de faire entrer du sang neuf. Et sur un contre, un seul (la spécialité bourguignonne) Jung Jo-Gook a enfilé sa cagoule et réussi le hold-up parfait (77e), six minutes après son entrée en jeu. Marseille, alors, a continué à bien jouer... et à manquer de réalisme. Après une dernière occasion franche (90e+4), et malgré ses vingt frappes dans le match, l'OM a perdu deux points et la tête du Championnat.  "On est déçu, car ils ne se créent pas une seule occasion du match, et sur la première, ils mettent au fond, verbalise Valbuena. C’est dommage." Et Jean Fernandez remue le couteau dans la plaie: "En s'appliquant plus dans la dernière passe, le hold-up aurait été possible." S'ils veulent rester au contact de Lille, les Phocéens devront s'imposer à Lyon, dimanche prochain. N'auraient-ils pas intérêt à mal jouer? Comment quand ils gagnaient? "Marseille a les qualités pour être champion, rassure Fernandez. J'ai senti l'OM un peu fatigué en fin de match, mais avec trois matches en huit jours, c'est compliqué."