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Les épines du sapin

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 08/04/2012 à 16:21 GMT+2

A Paris, Carlo Ancelotti s'entête à vouloir imposer le 4-3-2-1 qui a fait sa réputation à Milan. Mais a-t-il seulement les joueurs adaptés à ce système ? L'entraîneur italien en est persuadé même si, pour l'heure, le chantier reste immense.

Carlo Ancelotti PSG

Crédit: AFP

Il paraît qu'"élaborer une tactique n'est pas compliqué". "C'est dans la transmission aux joueurs que réside la difficulté. Tu dois être clair, simple." Carlo Ancelotti a suffisamment de bouteille pour savoir de quoi il parle. Avant d'entraîner Paris, l'Italien a fait ses preuves. Sur le banc du Milan comme sur celui de Chelsea, il a gagné. La clé de ses innombrables succès ? Ancelotti l'a dévoilée dans Secrets de coaches, un ouvrage aux allures de confessionnal, version tableau noir. "Un entraîneur doit toujours s'adapter aux qualités de son groupe. Je construis toujours mon équipe en fonction des caractéristiques des joueurs et j'essaie toujours d'appliquer un système de jeu adapté aux qualités de mes joueurs en considérant les objectifs que le club me fixe et la philosophie que le club veut développer."
Quand Ancelotti a posé ses valises à Paris, il est pourtant arrivé avec des idées bien arrêtées sur sa philosophie. Lors de son intronisation, il l'avait résumée ainsi : "Chercher le chemin de l'offensive, essayer de séduire, produire un jeu dynamique, plaisant et surtout efficace." A ses yeux, les bases du 4-3-2-1 sont suffisamment solides pour équilibrer l'édifice. "C'est un système très performant pour maîtriser le ballon au milieu, pour échafauder une bonne philosophie de jeu."
A Milan, tout passait par Pirlo
Ce fameux "sapin de Noël" a fait sa réputation. A Milan, il était taillé sur mesure pour le trio Kaka-Seedorf-Inzaghi. Mais à voir les tâtonnements tactiques de "Carletto", il ne sied pas merveilleusement à son PSG. En trois mois et demi, l'Italien y a multiplié les formules : le 4-2-3-1 version Kombouaré, "plus naturel pour les joueurs", comme l'affirmait récemment Nene dans France Football ; le 4-4-2 fréquemment utilisé par le Kanak lors de sa première saison parisienne ; et le 4-3-2-1, avec lequel Paris a "enchaîné neuf matches sans défaite", rappelait Ancelotti dans Le Parisien. Mais avec lequel Paris ne paraît pas plus équilibré pour autant.
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Andrea_Pirlo_Milan_2011

Crédit: LaPresse

Le "sapin de Noël" cher à Ancelotti requiert un goût pour l'effort collectif que son effectif n'affiche pas. Du moins, pas encore. A écouter Christophe Jallet, "ce système s'avère exigeant pour tout le monde et en particulier pour les trois milieux défensifs". Leur mission : presser dans la latéralité plus que dans la verticalité, afin de combler les "espaces libres sur les côtés". "Les deux milieux excentrés doivent à la fois défendre sur les côtés, resserrer dans l’axe et attaquer, souligne l'ancien Lorientais, trimbalé entre le poste de latéral droit et l'entrejeu. Bref, physiquement, c’est très dur." A Milan, Gattuso et Ambrosini avaient le coffre pour tenir la distance. Dans un rôle de meneur reculé, placé juste devant la défense, Pirlo orchestrait à merveille le jeu milanais. Soit en cherchant rapidement le trio offensif. Soit en profitant des montées - indispensables - des deux latéraux pour écarter le jeu. A Paris, elles ne sont pas encore assez tranchantes. Au milieu, Thiago Motta et Mathieu Bodmer possèdent la justesse technique pour endosser ce costume. A la droite, la puissance physique de Momo Sissoko est un allié précieux.
Pastore reculé, Nene et Ménez libérés
A gauche, Ancelotti a le choix entre Javier Pastore et Blaise Matuidi. Le positionnement, fluctuant, de l'Argentin résume à lui seul les variations tactiques de son entraîneur. Plus joueur mais moins travailleur que l'ancien Stéphanois, Pastore n'a pas trouvé sa place dans une position plus basse, que Johan Cruyff appelait de ses voeux. Angel Cappa, l'entraîneur de Pastore à Huracan, n'était pas loin de partager l'avis du Néerlandais en décrivant son ancien protégé comme "un numéro 10 qui doit avoir une liberté totale de mouvement, habitué à partir de plus loin, à avoir le jeu devant lui et davantage de contact avec le ballon". Problèmes : sous les ordres de Kombouaré, El Flaco avait pris l'habitude d'évoluer beaucoup plus haut. A Palerme, il était protégé par un trio hargneux (Nocerino, Migliaccio, Bacinovic). Et, dernier point, dans l'esprit d'Ancelotti, Nene et Ménez sont ceux qui ressemblent le plus à Seedorf et Kaka. En soi, c'est déjà discutable. Les deux anciens Monégasques ont beau exceller dans l'art de provoquer balle au pied, ils n'ont ni l'abattage du Néerlandais, ni la spontanéité du Brésilien.
Exonérés du pressing tout terrain, évoluant en soutien de l'attaquant de pointe, Nene et Ménez ne sont pas pour autant soustraits de tout effort dans la récupération. Ils doivent s'écarter dès la perte du ballon, pour gêner la relance adverse. Mais en phase offensive, leur liberté de mouvement est maximale. "Je suis plus proche du but, je peux davantage permuter avec Jérémy (Ménez), je ne suis plus obligé de rester sur un côté, se réjouissait récemment Nene dans FF. C’est donc plus difficile pour l’adversaire de me contrer. En plus, ce système a l’avantage de resserrer les lignes. Avant, le PSG était parfois coupé en deux avec les quatre joueurs offensifs d’un côté et le reste de l’équipe de l’autre. Aujourd’hui, c’est plus compact." Mais pas plus sécurisant : robuste dans l'axe, le 4-3-2-1 est plus friable sur les ailes. Il supporte mal les renversements de jeu, ni les contres rondement menés. Les adversaires du PSG l'ont bien compris. Le week-end dernier, Nancy n'avait pas manqué d'exploiter les failles latérales d'un schéma qui ne tolère aucun replacement approximatif, aucun déséquilibre. Ancelotti a fait passer le message. La venue de Marseille l'a forcément poussé à le marteler.
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