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Comment Thiago Motta est passé du joueur incontrôlable du Barça au chef d'orchestre du PSG

Eurosport
ParEurosport

Publié 13/02/2014 à 17:58 GMT+1

A 31 ans, Thiago Motta s’épanouit enfin au PSG. Avant son arrivée dans la capitale, le milieu de terrain italo-brésilien a connu quelques hauts et beaucoup de bas.

Thiago Motta avec le PSG

Crédit: Eurosport

Il est né là où le "futebol arte" est roi, a été formé au pays du "tiki-taka" et est international au royaume du "catenaccio". Thiago Motta Santon Olivares a l’ADN d’un parfait footballeur. Il allie le talent, la technique, l’efficacité et le vice. Et il en faut une bonne dose pour devenir une pièce maîtresse d’une grosse cylindrée européenne. N’en déplaise aux esthètes et aux opinologues en tout genre.
Thiago Motta n’a jamais été un enfant de chœur. Ni au Barça, où il a débuté, ni à l’Inter où il a explosé. Lors de ses premières saisons catalanes, lorsqu’il avait encore une longue crinière sur le crâne, il avait vite été catalogué comme un joueur fougueux et dur sur l’homme. Sa réputation était telle, qu’en 2004, contre le Deportivo La Corogne, il avait été expulsé après avoir reçu deux cartons jaunes qui ne devaient pas lui être destinés. Mais limiter Thiago Motta à son engagement et à sa roublardise serait assez réducteur. Car, il faut bien l’avouer, c’est un joueur hors-norme, élégant, intelligent et doté d’une sacrée force de caractère. Car il a toujours su se relever après de cuisants échecs. Retour en arrière.
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FOOTBALL - 2013/2014 - Olympiakos-PSG - Thiago Motta

Crédit: AFP

Au Brésil mais dans un club très italien

Thiago Motta a une histoire à part. Il illustre à merveille la formidable mixité du géant sud-américain mais aussi et surtout le poids de l’immigration dans la construction de ce pays. En effet, la famille Motta est arrivée dans les années 20 de Vénétie pour essayer de faire fortune dans ce nouvel eldorado. Quelques décennies plus tard, c’est donc dans une ambiance très "italienne" que le petit Thiago voit le jour. Et comme tout bon immigré italien, il devient supporter du Palmeiras, LE club de la communauté italienne de Sao Paulo.
Mais le Palmeiras n’a jamais voulu de lui, alors, il s’est tourné vers une autre équipe très italienne de la ville : le Club Atlético Juventus. C’est un club réputé pour sa formation, qui tout au long de son histoire, a vu passer beaucoup de grands joueurs. Deco, Juninho Paulista, Luisão mais aussi Alex et Lucas (les deux coéquipiers de Thiago Motta au PSG) ont porté le maillot de cette Juve brésilienne.
Thiago Motta est déjà un milieu de terrain très efficace. C’est donc en toute logique qu’il intègre la sélection brésilienne des -17 ans. Lors du mondial de la catégorie, il tape dans l’œil de Lorenzo Serra Ferrer, l’ex responsable des équipes de jeunes du Barça : "j’ai tout de suite apprécié ce joueur, se souvient-il. Il avait le talent d’un brésilien et le caractère d’un latin. Il était au-dessus du lot. La première fois que je l’ai vu, j’ai tout de suite su qu’il avait tout pour devenir un joueur du Barça." A 16 ans, Thiago Motta ne laisse pas passer cette opportunité et s’envole vers le vieux continent. Il va rester six saisons au Barça. "Mais malheureusement, poursuit Serra Ferrer, il s’est beaucoup blessé et il n’a pas réussi à s’imposer. Et il a donc dû résoudre à partir tenter sa chance ailleurs."

Une influence néfaste auprès de Messi ?

En fait, Thiago Motta a été viré du Barça. En cause : sa discipline sur et en dehors du terrain. Ce grand ami de Ronaldinho était un bout en train, toujours prêt à faire la bringue. Avec Deco, les deux compères voulaient encanailler un Messi tout juste sorti de l’adolescence. Au club, certains disent que c’est cette influence néfaste auprès du petit génie en devenir, qui l’a poussé vers la sortie. Et puis, Thiago était devenu presque incontrôlable. C’est comme si ses blessures à répétition l’avaient plongé dans une sorte de dépression. Lors de sa dernière saison au Barça, il avait même zappé un entraînement et avait été mis à pied pendant une semaine.
Thiago Motta a eu bien du mal à rebondir après cet échec. A l’Atlético Madrid, il a vécu un calvaire : il a passé sa saison à l’infirmerie. Après cette triste expérience, plus grand monde ne croyait en lui. Il est alors perçu comme un joueur trop fragile. Une statistique l’atteste : en sept saisons en Espagne, il n’a jamais pu jouer plus de huit matches de suite. Pour se relancer, Thiago décide d’aller tenter sa chance sur la terre de ses aïeux.
Et l’Italie va bien le lui rendre, parce que c’est là-bas, qu’il va retrouver le sourire. D’abord au Genoa puis à l’Inter de Milan. "Là-bas, j’ai beaucoup progressé, avoue-t-il. Parce qu’au Barça, j’avais un rôle très défensif. Je jouais devant la défense, et il m’est arrivé de jouer arrière gauche et même défenseur central. Au Genoa, Gasperini m’a fait monter d’un cran pour que je joue plus près des attaquants. Il m’a donné beaucoup de liberté et m’a offert une seconde carrière." Thiago Motta se libère. Il explose. Et après une saison réussie au Genoa (avec un Diego Milito tout feu, tout flammes), il signe à l’Inter et, cerise sur le gâteau, il est même appelé en sélection nationale italienne.
Malgré cette montée en puissance, le destin continue de lui jouer des mauvais tours. Avec l’Inter, lui qui est devenu un pion essentiel de Mourinho, il manque la finale de la Ligue des champions. La raison ? Il est expulsé, au Camp Nou, lors de la demi-finale retour. Un peu plus tard, lors de la finale de l’Euro 2012, il entre sur la pelouse à la 55e minute avant de sortir, blessé, quelques minutes plus tard. Il ne peut retenir ses larmes sur le brancard, car il laisse ses coéquipiers terminer le match à 10 contre 11 contre l’Espagne (défaite 4-0).
Thiago Motta est arrivé à Paris sur la pointe des crampons. Mais pourtant, après une première saison ternie par les blessures, il est aujourd’hui au sommet de sa forme et ressemble de plus en plus à son idole de jeunesse : Redondo. Mais comment expliquer une telle transformation d’une saison à l’autre ? "D’abord, j’ai pu faire une bonne préparation, a-t-il déclaré au quotidien suédois Aftonbladet.  Et puis, le schéma me convient mieux. La saison dernière, nous jouions beaucoup en contre-attaque, ce qui demande beaucoup d’efforts au milieu. Cette saison, nous avons la possession, on joue plus en bloc. Je m’épanouis dans ce 4-3-3 et pour l’instant, mon corps me laisse tranquille." Thiago Motta est devenu l’un des piliers de ce PSG. Il a le don de bien faire jouer les autres. Et si, à 31 ans, il avait fini par trouver le club qui lui permettait de devenir ce qu’il a toujours rêvé d’être : le chef d’orchestre d’une équipe assoiffée de titres ?
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