Marseille : Jérémy Morel, de tête de turc à pièce maîtresse de la défense de l'OM

A Marseille, le style Bielsa prend forme. L'OM affiche un jeu séduisant, porté vers l'avant. Ses attaquants brillent, à l'image d'André-Pierre Gignac, meilleur buteur du championnat avec huit buts en huit matchs. Sa série de six victoires d'affilée doit beaucoup à son animation offensive conduite par son métronome, Dimitri Payet. Mais si le leader de la Ligue 1 se montre flamboyant devant, sa défense affiche une solidité retrouvée. Sur les six dernières journées disputées, seul Lille s'est montré aussi infranchissable que l'arrière-garde olympienne avec deux buts encaissés.

Pour expliquer cette nouvelle imperméabilité, il faut remonter aux deux premières sorties de l'OM de Marcelo Bielsa. A Bastia (3-3) puis face à Montpellier (0-2), le schéma adopté en 3-3-3-1 avait complètement déséquilibré la formation marseillaise. Celle-ci penchait trop vers l'avant. En réajustant son arrière-garde grâce à un nouveau système en 4-2-3-1, le technicien argentin a trouvé la bonne formule. "On a mis du temps à comprendre les schémas de jeu, avoue Jérémy Morel. Mais cette fois, on les applique à la lettre. Et ça fonctionne." Le latéral gauche de formation s'est mué en défenseur central à succès sous la houlette de son nouvel entraîneur. C'est l'une des grandes qualités de Bielsa : prôner la polyvalence pour trouver les meilleures associations sur le terrain.

Nicolas Nkoulou, qui a retrouvé son meilleur niveau depuis le début de la saison, s'avoue bluffé par l'efficacité de son nouveau compère dans l'axe. "Jérémy (Morel), c'est un très bon joueur, avoue le défenseur camerounais. J'apprécie quand il joue à mes côtés." Benjamin Mendy ne tarit pas non plus d'éloges à propos de son ex-concurrent sur le flanc gauche. "Il est dur dans les duels et très fort dans le domaine aérien".

"Il a aussi une bonne relance au pied, précise encore Mendy. Dans l'axe, c'est vraiment un bon joueur. Personnellement, je n'aurais pas pu être défenseur central. Je suis trop attiré par l'aspect offensif." Véritable révélation à ce nouveau poste, Morel a eu droit à une "standing ovation" de la part du Vélodrome lors de sa sortie face à Rennes (3-0). Des applaudissements qui contrastent avec les huées dont a souvent été -injustement- victime l'ancien Lorientais à Marseille.

Si Morel a pu rapidement intégrer les subtilités du poste de défenseur central, c'est parce qu'il a beaucoup travaillé tout l'été. "On a droit à des séances spécifiques, explique-t-il. Depuis le début, je travaille notamment avec Javier Torrente (un adjoint de Bielsa, NDLR) pour me former à ce nouveau poste. La vidéo nous a beaucoup aidés. On a pu progresser plus rapidement en voyant nos défauts."

Les nombreuses séances sur grand écran ont aussi permis de déceler certains points faibles chez Benjamin Mendy. "A force de regarder les vidéos, on s'est aperçu que sur le repli défensif je revenais trop tranquillement, explique le jeune latéral gauche. On voit sur les images ensuite que j'avais encore du jus pour sprinter et revenir à fond... Avec un coach pareil, on est obligé de faire les efforts pour vite revenir défendre. Sinon, ça crie fort !"

Pour bien faire comprendre que toute l'équipe doit être concernée par l'aspect défensif, Marcelo Bielsa n'hésite pas à placer ses éléments offensifs très bas lors des oppositions à l'entraînement. "A plusieurs reprises, le coach m'a placé arrière droit, détaille ainsi Florian Thauvin. C'est une façon de nous montrer que toutes les situations peuvent arriver en match. Il faut pouvoir les anticiper sans être surpris."

Cette faculté à défendre tous ensemble, c'est l'un des crédos de Bielsa. "Il veut que l'on reste tous en bloc, insiste Mendy. On prend vraiment du plaisir à le faire." Le pressing très haut des attaquants et des milieux facilite aussi le travail des défenseurs. "On court plus intelligemment, note Morel. Si tout le monde fait le travail, c'est difficile de nous prendre en défaut."

Grâce à tous ces éléments tactiques mis en place par Marcelo Bielsa, la défense olympienne montre de vrais gages de sérénité bien aidée par un Steve Mandanda redevenu décisif. Mais elle peut encore connaître quelques ratés comme le but encaissé en seconde période face à Saint-Etienne. Un peu secoués par les Verts, les Marseillais ont vite été remis en place par leur coach.

"Parmi les vertus du footballeur, il y en a une qui est très importante, explique El Loco. Il faut savoir capitaliser les effets d'une série de bons résultats. Car ça génère de la confiance. Elle permet d'exploiter les qualités mais elle provoque aussi du confort. Le joueur s'embourgeoise et pense que les choses vont continuer ainsi." Après six victoires d'affilée, les Olympiens ont compris le message avant de se rendre à Caen...