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Aulas sur Fournier : "Si les choses vont plus mal, je ne resterai pas prisonnier de mes principes"

Martin Mosnier

Mis à jour 05/12/2015 à 10:27 GMT+1

LIGUE 1 - Alors qu'il défendait Hubert Fournier jusqu'ici, Jean-Michel Aulas s'est montré plus offensif dans l'interview qu'il nous a accordée pour parler de sa relation avec ses entraîneurs depuis qu'il est à l'OL. Depuis 20 ans, il n'a jamais débarqué un coach en cours de saison. Mais s'il doit le faire dans l'intérêt du club, il n'hésitera pas.

Jean-Michel Aulas

Crédit: AFP

Jean-Michel Aulas, depuis 20 ans, vous n'avez licencié qu'un seul entraîneur en cours de saison, Guy Stéphan en 1996. Est-ce un principe auquel vous ne dérogerez plus ?
J-M.A. : Si j'imaginais qu'il fallait que je me sépare d'un entraîneur, je le ferais. Ce n'est pas un principe, simplement c'est une conviction. Statistiquement, ça ne change jamais le cours d'une saison de façon spectaculaire. Lille et Troyes, qui ont changé d'entraîneur cette année, sont tout de même dans une situation très différente de la nôtre. Certes nous avons fait une campagne européenne détestable. En revanche, nous ne sommes pas loin de la deuxième place qui reste notre objectif prioritaire. Changer d'entraîneur, c'est un acte chirurgical difficile. On a plus de chances de faire du tort au club sur le plan affectif et de l'image que le contraire. Mais ça ne veut pas dire que je ne le ferai jamais.
Mais vous avez tout de même dû affronter quelques vents contraires. On pense à une élimination en Coupe de France face à Libourne Saint-Seurin au cœur d'une période difficile sous Paul Le Guen, des relations exécrables entre Claude Puel et Gerland ou un staff technique qui se déchire du temps d'Alain Perrin...
J-M.A. : Heureusement que j'ai conservé Paul Le Guen avec lequel nous avons terminé champion trois années consécutives. Avec Claude Puel, nous avons atteint notre objectif en nous qualifiant pour la Ligue des champions même si à la fin de son mandat, c'est moi qui gérais les cadres du vestiaire et les médias car ils ne voulaient plus entendre parler de lui. Même chose avec Alain Perrin. Les joueurs n'en voulaient plus mais nous avons signé le doublé Coupe-championnat. Lorsque j'ai gardé confiance en mes entraîneurs, nos objectifs ont été atteints.
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Jean-Michel Aulas (OL)

Crédit: AFP

Nous avons tout de même un entraîneur qui perd trois matches en une semaine et une équipe qui se délite
Rémi Garde, lui, n'a pas atteint ses objectifs lors de sa dernière saison en terminant 5e. Pourtant, vous souhaitiez encore le conserver...
J-M.A. : Oui mais la frontière entre la 2e et la 5e place est parfois très mince. Dans ce cas précis, je ne voulais pas prendre le risque de tout déstabiliser. C'est aussi une question d'expérience, de ressenti. Loulou Nicollin a fait le bon choix en gardant Rolland Courbis cette saison même s'il s'est posé des questions. Lui aussi est un président avec beaucoup d'expérience. Je dois avouer que j'ai tendance à préserver l'identité technique de mon équipe et donc le coach en place. Il faut dépasser l'évènement. Je dois prendre les meilleures décisions, pas les plus superficielles, quels que soient les avis des médias ou du café du commerce.
N'avez-vous jamais regretté de maintenir trop longtemps votre confiance en un coach ?
J-M.A. : Non, je ne regrette rien. On est toujours resté européen. C'est une grande fierté de se qualifier pour la Coupe d'Europe depuis 19 saisons consécutives. Il n'y a jamais eu d'année de trop. Et puis, il n'a jamais été question de changer de management. Cela provoquerait une peur chez ceux qui seraient amenés à prendre en main l'OL. Or un coach doit être en confiance, ne pas sentir une épée de Damoclès au-dessus la tête. Mais si je dois licencier un coach parce que c'est dans l'intérêt de mon club, je le ferai. L'affectif passe après, je suis d'abord un entrepreneur soucieux des résultats. Pour prendre l'exemple de Guy Stéphan (ndlr: dernier entraîneur débarqué par Lyon en cours de saison), son licenciement est intervenu après un 7-0 à Auxerre. Ce jour-là, Guy Roux déclare que l'équipe de l'OL a lâché son entraîneur, qu'elle a fait exprès de perdre. Ca a été un déchirement de se séparer de Guy car je suis attaché aux gens mais l'institution est plus forte que l'affectif.
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Jean-Michel Aulas, le président de Lyon - 2015

Crédit: AFP

Comme à cette époque, on a l'impression que, cette saison, vos joueurs ont, eux aussi, lâché Hubert Fournier au regard de leurs deux dernières prestations. Mais vous avez soutenu et dédouané votre entraîneur jusqu'ici…
J-M.A. : (Il coupe) Je n'irais pas jusque-là. Nous avons tout de même un entraîneur qui perd trois matches en une semaine et une équipe qui se délite. Pour être franc, je ne devais pas aller à Nantes mais j'ai annulé mes rendez-vous pour être avec mes joueurs. Je devais montrer que j'étais là, les rassurer. Je ne dois pas laisser penser que je suis dans un management qui ne tranche jamais dans le vif. Sinon je peux perdre les joueurs qui pourraient se recroqueviller sur eux-mêmes. J'ai discuté avec eux collectivement et individuellement. De la même façon, j'irai à la collation de ce vendredi pour montrer que le club est là, avec eux.
Il n'y a pas une maîtrise totale du vestiaire
Pour la première fois, vous semblez mettre un peu de pression sur les épaules d'Hubert Fournier...
J-M.A. : Je ne mets la pression sur personne, je sens juste la réalité et je suis à l'écoute de mes joueurs. Quand j'observe la sortie de Beauvue face à Nantes qui ne va même pas serrer la main de son entraîneur, ça me fait de la peine. Surtout de la part d'un garçon qui a triplé son salaire et auquel on a donné l'opportunité de jouer la Ligue des champions.
Dans votre esprit, Hubert Fournier est-il aujourd'hui en danger ?
J-M.A. : Pour le moment, on est au bord du précipice à 3 points de la 2e place mais aussi à 3 points de la 10e. Tout le monde peut avoir à subir une décision qui n'est pas habituelle mais qui peut sauver le club. Si les choses vont plus mal, je ne resterai pas prisonnier de mes principes. Il est sorti des choses dans la presse, des fuites. Notamment la lettre écrite aux joueurs ou la causerie. Tout n'est pas juste. Mais je me suis effectivement adressé à mes joueurs dans l'intimité. Or si ces choses sortent, c'est qu'il n'y a pas une maîtrise totale du vestiaire.
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Fournier avec Valbuena

Crédit: AFP

Avez-vous l'impression que les joueurs l'ont lâché lors des deux derniers matches face à Montpellier (2-4) et à Nantes (0-0) ?
J-M.A. : Non, ils n'ont pas lâché leur entraîneur. Mais les joueurs sont inquiets. Je les ai vus car ils voulaient être sûrs que leur président y voyait clair et que je ne défendais par Hubert Fournier par principe.
Oui, je suis inquiet
Est-ce que, comme vos joueurs, vous êtes aussi inquiet ?
Oui, je suis inquiet mais j'ai l'habitude de ces situations de crise. Je dois traiter la chose rationnellement. Samedi, nous jouons notre dernier match à Gerland en Ligue 1 face à un candidat au podium (ndlr : face à Angers). C'est un match important.
Hubert Fournier joue-t-il sa place sur le banc face à Angers ?
J-M.A. : Joker. C'est une question trop binaire. Nous pouvons perdre en signant une belle performance. Je vous rappelle que nous avons touché 12 fois les poteaux cette saison…
René Girard pourrait-il être appelé à la rescousse en cas de mauvais résultats samedi ?
J-M.A. : Je ne sais pas pourquoi ce nom est sorti mais c'est faux. Si nous devions changer d'entraîneur, nous nous tournerions vers un coach en réussite constante depuis quelque temps.
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