Pour Nantes et Bordeaux, le renouveau est passé par le jeu

On ne les attendait pas vraiment à pareille fête. Au moment de la trêve hivernale, Nantes et Bordeaux semblaient partis pour vivre une saison anonyme. Les Girondins pointaient alors à la dixième place du classement et n'étaient pas vraiment entrés dans la discussion pour la course à l'Europe. Les Nantais, douzièmes avec quatre points d'avance sur le barragiste, étaient clairement concernés par la lutte pour le maintien. Mais depuis 2017, tout a changé pour les deux clubs qui se retrouvent dimanche à La Beaujoire (15h00).

Ce duel n'a plus l'absence de saveur d'un match de ventre mou du classement qu'il pouvait avoir à l'époque. Pour Bordeaux, remonté à la cinquième place et revenu à cinq longueurs du quatrième rang occupée par Lyon, cette fin de saison a même un doux parfum d'Europe, de plus en plus prononcé. Désormais huitième, Nantes a atteint la barre symbolique des 42 points et assuré son maintien. Les Canaris peuvent même caresser l'espoir d'accrocher la sixième place, qui pourrait éventuellement devenir un strapontin pour la Ligue Europa.

L'histoire serait encore plus belle pour les deux clubs si la saison avait commencé en 2017. Ils font partie des plus performants depuis le début de l'année civile. Avec 24 points pris en 13 matches, Bordeaux n'est devancé que par Monaco, le PSG (32 points chacun) et Nice (26 points). Nantes n'est pas en reste avec 20 points, autant qu'Angers, et affiche le sixième bilan de la Ligue 1 en 2017. Le phénomène est différent chez les deux clubs. Mais il passe d'abord par le jeu.

Passé le choc psychologique du changement de coach, avec quatre victoires consécutives toutes compétitions confondues après la nomination de Sergio Conceiçao le 8 décembre dernier, Nantes a eu un coup de moins bien au cœur de l'hiver et semblait rentrer dans le rang. Mais les Canaris ont su trouver un second souffle par une qualité de jeu qui symbolise parfaitement leur renouveau, tant elle était pauvre avant l'arrivée du technicien portugais.

La hausse du niveau collectif des Nantais est visible à l'œil nu. Les Canaris ont un état d'esprit bien plus conquérant, ils mettent une intensité supérieure dans les phases de pressing, ils récupèrent le ballon plus haut et utilisent mieux la largeur avec l'apport des latéraux dans les phases offensives. Ce constat était assez criant face à Nice, dans un match où les hommes de Conceiçao ont fait mieux que rivaliser avec l'un des collectifs les plus performants de Ligue 1 cette saison.

Nantes a un tout autre style et cela se voit sur le terrain. Mais surtout dans les statistiques. Avant la venue de Sergio Conceiçao, les Canaris avaient la pire attaque de Ligue 1, avec seulement 9 buts inscrits lors des 16 premières journées. En autant de matches sous la direction du technicien portugais, ils en ont marqué 22. Cinq équipes seulement ont été plus prolifiques que Nantes sur cette période : Monaco, Lyon, Paris, Marseille et… Bordeaux.

Les Girondins avaient difficilement terminé 2016 avec une série de cinq matches sans victoire, dont trois défaites, qui avait terni le bon parcours réalisé jusque-là par les hommes de Jocelyn Gourvennec. Bordeaux a admirablement redressé la barre en 2017. En championnat, il n'a subi que trois défaites, face aux trois premiers du classement : Monaco (2-1), Paris (0-3) et Nice (2-1). Derrière ce trio, le club au scapulaire est l'équipe la plus performante de Ligue 1 à l'heure actuelle.

L'entraîneur bordelais a fait les bons choix. Il avait opté pour un 4-3-3 après le lourd revers subi face à Monaco le 10 décembre (0-4) et ce système a permis aux Girondins de gagner en stabilité. Surtout depuis l'arrivée de Younousse Sankharé lors du mercato d'hiver. Gourvennec savait où il allait avec l'ancien Lillois, qu'il a eu sous ses ordres à Guingamp. Sankharé forme avec Jérémy Toulalan et Valentin Vada un trio complémentaire dans l'entrejeu qui a amélioré la cohésion collective de Bordeaux.

Vada symbolise aussi cette fraîcheur apportée par la jeunesse girondine. Comme François Kamano, Gaëtan Laborde et Malcom, le trio "KLM" qui a redynamisé l'attaque bordelaise. Trois joueurs âgés respectivement de 20, 22 et 20 ans, qui compilent déjà 26 buts ou passes décisives en championnat cette saison. Un bilan prometteur. Comme ce duel entre Nantes et Bordeaux.