Ligue 1 - Sportivement comme en coulisse, la saison de Monaco est tout sauf un échec

L'AS Monaco est un club particulier, puisqu'il est l'un des rares à se vanter d'être une entreprise autant qu'une équipe de foot. Surtout en Ligue 1, où le Paris Saint-Germain a plutôt tendance à se cacher derrière sa moisson de titres hexagonaux pour faire oublier ses investissements faramineux, et où les autres puissances du championnat n'ont qu'un équilibre financier retrouvé pour masquer un palmarès vierge depuis plusieurs saisons.

Le club du Rocher a réussi à briller à travers ces deux prismes, et même à les lier. L'ASM manie désormais le système de dépôt-vente comme peu d'autres en Europe et, alors que l'incertitude qu'il implique devrait embarquer le club dans des résultats sportifs sinusoïdaux d'une année sur la suivante, il lui a plutôt permis d'entamer un cercle vertueux. L'entité princière s'autorise ainsi à vivre des périodes fortes, comme la saison dernière, où elle a couplé titre de champion de France et demi-finale de Ligue des champions. Par la force des choses, ceux-ci sont suivis par des temps faibles… qui n'en sont pas vraiment.

La preuve : ce dimanche (21h00), Monaco se déplace au Parc des Princes, où une défaite adjugerait immédiatement le titre au Paris Saint-Germain sans véritablement mettre en danger sa qualification pour la plus prestigieuse des Coupes d'Europe. Plus remarquable encore, elle n'empêcherait pas l'ASM de devenir le deuxième meilleur deuxième de l'histoire de la Ligue 1, derrière le PSG cuvée 2016-2017, dont le rythme était plutôt celui d'un champion que d'un dauphin. Les Monégasques vont donc terminer un exercice sans répondre à l'obligation de résultats qu'ils n'avaient pas vraiment, puisque leur été était destiné à servir leurs intérêts économiques avant les enjeux sportifs.

Mais ils le boucleront, malgré tout, avec la consistance d'un bilan difficilement répréhensible en Ligue 1, et toutes les certitudes qui en découlent sur l'efficacité du modèle. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle la saison de Monaco penche plus vers la réussite que vers l'échec : confortée dans ses convictions, la direction russe a coché toutes les cases de son plan économique. D'abord parce les cotes de ses joueurs les plus désirés lors du dernier mercato estival ont à peine décliné : Thomas Lemar, Fabinho, voire Djibril Sidibé se vendront encore à prix d'or l’été prochain.

Mieux, elle a aussi rendu un autre homme "bankable", à savoir Rony Lopes, dont le profil -22 ans, formé à Manchester City, et près de 150 matches en L1- et la dynamique -11 buts lors de ses 14 dernières sorties- devraient permettre à l'ASM d'empocher trois ou quatre fois la somme qu'elle avait injectée pour l'arracher aux Skyblues en 2015 : soit 36 à 48 millions d'euros. Plus bénéfique encore, elle n'a souffert d'aucun accroc dans les négociations les plus difficiles, celles consistant à prolonger les joueurs cadres, essentiels à la valorisation sportive et marchande des plus jeunes. Les bails de Danijel Subasic, Andrea Raggi ou encore Joao Moutinho, le dernier en date, ont tous été étendus.

"C'est bien d'avoir pour le projet des joueurs comme Joao, à l'instar de Falcao ou de Subasic, a d'ailleurs rappelé vendredi Leonardo Jardim, autre garant de l'équilibre. Des joueurs qui combinent expérience et qualité". Parce qu'entre-temps, les chercheurs d'or du Rocher ont profité du statut que le club s'est attribué la saison dernière pour s'offrir plus de jeunes pousses qui auront besoin, pour leur évolution, des repères que seuls ces joueurs confirmés pourront leur apporter. Outre l'achat-record de Pietro Pellegri (17 ans) cet hiver, l'ASM est en passe de garantir l'arrivée de Willem Geubbels (16 ans), mais aussi celles de Rayan Ait-Nouri (16 ans), et Wilson Isidor (19 ans), d'après RMC. Alors, en cas de défaite à Paris, ce dimanche, les dirigeants monégasques auront bien plus de raisons de se réjouir que de se lamenter.