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PSG-Guingamp : Paris aura tant appris d'Emery

Vincent Bregevin

Mis à jour 29/04/2018 à 19:06 GMT+2

LIGUE 1 - La réception de Guingamp dimanche (21h00) marquera le premier match du PSG depuis l'annonce du départ d'Unai Emery. Le mandat de l'Espagnol restera un échec dont il est en partie responsable. Mais il a surtout mis en lumière les dysfonctionnements dans le mode de gouvernance du club de la capitale.

Unai Emery

Crédit: Getty Images

Il n'y avait plus de mystère. Le voile invisible qui demeurait encore a été définitivement levé. Unai Emery n'ira pas plus loin avec le PSG. Son mandat sur le banc parisien n'excédera pas les deux saisons. Cette confirmation, il l'a donnée lui-même, bien avant une finale de Coupe de France en forme dernier défi le 8 mai prochain. Probablement par besoin de soulagement. Emery aime quand tout est clair. L'annonce de son départ, il a au moins pu en maîtriser le timing. C'est déjà ça. Il a trop rarement connu la satisfaction de pouvoir faire les choses à sa manière à Paris.
C'est l'enseignement majeur de son passage au PSG. Hors de question de le dédouaner de quoi que ce soit. Mais il y a une réelle nécessité de lui donner des circonstances atténuantes. En façade, le pari Emery était un beau projet. Grandir ensemble. Un club et un entraîneur en pleine ascension, désireux de transposer leurs succès respectifs, les trophées nationaux pour Paris, les succès en Ligue Europa pour Emery, à l'échelon supérieur que constitue la Ligue des champions. Il y avait même une pointe de romantisme dans ce projet. Il y avait même de quoi y adhérer.
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Unai Emery et Nasser Al Khelaifi

Crédit: AFP

C'était bien une façade, une communication édulcorée sans lien avec la réalité. Emery n'a jamais été un projet. Juste une solution de repli en urgence plus attractive que d'autres. La conséquence d'un désaccord qui a révélé bien des choses sur le pouvoir décisionnaire au PSG. La preuve que celui de Nasser Al-Khelaifi ne pesait pas grand-chose face aux désirs de l'émir. Ou à son courroux. L'échec subi par face à Manchester City dans le "Golfico", qui a entraîné le départ de Laurent Blanc et donc l'arrivée d'Emery, a livré un nouvel enseignement sur la gestion du PSG de l'ère QSI.

Soumis à la "république des joueurs"

Au fond, cet événement a servi les intérêts de l'Espagnol en le propulsant sur le banc parisien. C'est certainement l'exception qui confirme la règle. Par la suite, il a surtout été la victime du mode de gouvernance du PSG. Et de l'influence excessive qu'elle accorde aux joueurs. Pourtant, il n'y avait pas d’ego surdimensionné comme celui de Neymar quand le Basque a débarqué. Et il n'y avait plus celui de Zlatan Ibrahimovic. En façade, et même s'il n'avait pas choisi ses hommes, le vestiaire semblait plus abordable pour un coach qui n'avait jamais eu à gérer ce type d'effectif dans ses clubs précédents.
Encore une fois, c'était une façade. Et cette réalité du vestiaire a certainement été la plus handicapante pour Emery. Car elle allait totalement à l'encontre du mode de fonctionnement du technicien basque. De sa conception particulière du relationnel avec ses hommes comme de ses principes de jeu. Il n'avait jamais vraiment été question d'une "république des joueurs" au PSG avant le mandat d'Emery. Ce terme est apparu quand les méthodes et le style de jeu de l'entraîneur parisien se sont heurtés aux réticences de ses joueurs à sortir de leur zone de confort.
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PSG - Emery : "J'ai progressé comme entraineur avec Paris"

Emery n'a pas insisté. Il n'est pas allé plus loin dans un projet de jeu qui réclamait du temps, car il était radicalement différent de celui de Blanc. Il a renoncé parce qu'il n'avait aucun soutien pour mener cet objectif à son terme. Parce qu'au premier obstacle, cette fameuse défaite à Toulouse (2-0) à peine trois mois après son arrivée, le masque est tombé. Au moment de conforter l'une des deux parties, Al-Khelaifi n'a pas choisi Emery. Le Basque n'avait plus qu'à se ranger derrière la volonté ses joueurs. S'il devait mourir à Paris, il était déjà certain que ce ne serait pas avec ses idées.

Une confirmation par l'absurde

Son aventure parisienne aurait pu ne durer qu'un an. Cela n'aurait pas été illogique après une régression à la fois sur le plan national et européen. Le maintenir à son poste pouvait ressembler à une deuxième chance. Quel intérêt si ce n'était pas dans le but de lui donner enfin les coudées franches pour mettre en place ses méthodes et sa philosophie de jeu ? Pour les dirigeants parisiens, il résidait ailleurs. Plutôt dans l'idée de ne pas se mettre en quête d'un entraîneur au moment de gérer un mercato brûlant sur le marché des joueurs. Emery y a trouvé son compte. Mais il n'a pas été davantage en mesure d'imposer son style.
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Unai Emery face à Cavani, Thiago Silva, Thiago Motta et Neymar

Crédit: Getty Images

Son maintien, c'était comme une confirmation par l'absurde. Celle qu'un entraîneur passe finalement au second plan avec ce PSG. Dans le meilleur des cas. La deuxième saison d'Emery restera d'ailleurs plus aboutie que la première. Elle justifiait davantage qu'il soit conservé. Mais son sort était déjà scellé. La quête de son successeur aura finalement permis de donner un autre aperçu de la gouvernance au PSG. Un club soumis à de multiples luttes d'influence à tous les degrés hiérarchiques, jusqu'au vestiaire. C'est compliqué pour un entraîneur d'atteindre ses objectifs dans ce contexte.
Encore une fois, il n'est pas question de dédouaner Emery. L'Espagnol a lui aussi affiché ses limites. Pas forcément son incapacité à surpasser son manque de reconnaissance par une poigne de fer pour imposer ses idées contre vents et marées. Plutôt des choix mal inspirés, dans l'approche mentale ou la tactique de jeu, sur deux matches clés à Barcelone et à Madrid. Il était venu à Paris pour grandir, donc pour apprendre. Ces erreurs faisaient partie de son apprentissage. Il en tirera les enseignements. Un autre club que le PSG en profitera.
La grande question, c'est plutôt ce que Paris retiendra d'Unai Emery. S'il apprendra quelque chose de cet échec. Comme la remise en question d'un mode de gouvernance dont le dysfonctionnement n'a jamais été aussi clair que durant le mandat de l'Espagnol. Si Emery n'était pas forcément l'entraîneur qui allait porter Paris sur le toit de l'Europe, ses dirigeants ne lui ont pas facilité la tâche. Ils ne lui ont jamais accordé la confiance et les conditions dont doit bénéficier un entraîneur pour tirer le meilleur de son équipe. Sans cela, atteindre les sommets risque de rester du domaine du rêve pour le PSG. Avec Emery ou un autre.
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