PSG : Rabiot, le costume de sentinelle lui va pourtant si bien

Un dimanche qui résume tout. Le matin dans Telefoot, Adrien Rabiot évoque sa situation au PSG. Et adresse un message clair à ses dirigeants et à son entraîneur : "Je suis à disposition du coach, tout le monde sait que je suis plus à l’aise en numéro huit.Le club a besoin d’un milieu de plus, un numéro six de métier. Il y travaille, c’est important de recruter un six". Le soir, le milieu parisien est titulaire à ce fameux poste de numéro six pour le choc à Monaco. Il rayonne et apporte une contribution importante à la victoire du PSG sur le terrain du champion de France en titre (1-2).

C'est tout le paradoxe Rabiot. Et il ne date pas d'hier. Avant cette saison, il avait déjà été amené à évoluer dans ce rôle de sentinelle. Pour dépanner, au gré des blessures ou suspensions de Thiago Motta. Dans sa communication, le milieu de 22 ans a toujours affiché une réticence relativement mesurée pour tenir ce poste. S'il s'est toujours dit prêt à jouer ce rôle pour rendre ponctuellement service au PSG, Rabiot manifeste tout aussi clairement sa volonté de ne pas s'y stabiliser. Comme s'il craignait d'endosser définitivement ce costume de sentinelle.

Le risque existe. Et Rabiot ne le mesure que trop bien. Il est idéalement placé pour savoir que le rôle de sentinelle et celui de relayeur ne sont pas les mêmes. Que s'installer en numéro six limite sa liberté de mouvement dans le domaine offensif. Que la moindre perte de balle expose la défense dans cette zone de jeu. Que ce rôle est à la fois moins exaltant et plus stressant. Sur un plan personnel, Rabiot a des raisons d'appréhender cette situation. Surtout après avoir hérité du poste de relayeur côté gauche laissé vacant par Blaise Matuidi. Son poste de prédilection.

Qu'il le veuille ou non, Rabiot a toute la panoplie de la sentinelle parfaite dans l'effectif du PSG. La taille, déjà, dans un entrejeu qui en manque en l'absence de Thiago Motta et à un poste qui demande une présence dans le domaine aérien. L'impact physique aussi, dans un rôle où il est capital de remporter les duels. La qualité technique, pour tenir le ballon dans une zone où il ne faut surtout pas le perdre. Et la précision dans la passe, pour se muer en premier relanceur de l'équipe. Rabiot cumule toutes ses qualités. Et, à part Motta, Paris n'a pas un autre joueur comme ça.

C'est vrai que Rabiot a moins l'opportunité de se projeter vers l'avant quand il évolue en sentinelle. Cela se voit dans les statistiques, avec une production offensive plus importante quand il est aligné en relayeur (12 matches, 2 buts, 3 passes décisives) que quand il est placé devant la défense (7 matches, une passe décisive). Mais le jeune Parisien peut aussi faire parler ses qualités offensives à ce poste de numéro six qui lui permet d'être face au jeu. Cela lui donne l'opportunité de casser les lignes sur des passes vers l'avant ou des percussions balle au pied. Deux choses qu'il fait très bien.

Ce que Rabiot fait aussi très bien, c'est jouer pour les autres. Et il y a du beau monde à mettre en valeur au PSG. Notamment Neymar et Julian Draxler, qui a hérité de "son" poste de relayeur côté gauche. Le Brésilien a des absences récurrentes dans le repli défensif et l'Allemand est encore un peu tendre dans l'impact sur les duels. Rabiot abat un travail considérable pour compenser ces manques et permettre à ces deux joueurs d'exprimer pleinement des qualités essentielles pour l'animation offensive du PSG.

Sur le plan collectif, Paris n'est pas perdant quand Rabiot est aligné en numéro six. Les résultats en attestent. Ses sept rencontres débutées à ce poste se sont soldées par des victoires. Et les performances du PSG sont particulièrement impressionnantes sur les cinq derniers matches, depuis cette blessure de Motta qui a poussé Emery à stabiliser Rabiot devant la défense. Si Paris ne souffre pas de l'absence de sa sentinelle habituelle, c'est parce que l'international français a parfaitement assuré un intérim qui pourrait bien se prolonger après le retour de l'Italo-Brésilien.

Cette tentation a de quoi germer. Pas seulement parce que le PSG est performant dans cette configuration actuelle. Aussi dans une optique à plus long terme, avec la perspective de la succession de Motta dont le contrat se terminera en juin. Les profils de sentinelle ne sont pas les plus fréquents sur le marché des transferts bien qu'ils se révèlent souvent précieux, voire indispensables, dans un collectif. Compte tenu de la compétitivité de Rabiot dans ce rôle, l'installer définitivement à ce poste a aussi du sens de ce point de vue pour le PSG.

Rabiot a aussi à y gagner. Pour sa progression personnelle, être performant dans plusieurs registres au milieu de terrain ne peut être que bénéfique et peut aussi lui ouvrir la porte vers un statut plus important en sélection. Et même s'il ne l'aborde pas forcément avec beaucoup d'enthousiasme, cette étape pourrait bien être déterminante pour la suite de sa carrière. Car son épanouissement en tant que joueur passera surtout par sa capacité à se rendre indispensable au poste où il sera le plus utile pour son équipe. Pas celui qu'il affectionne le plus.