Du Champions project au retour du projet Dortmund, l'OM en arrière toute

Il n'y a pas que l'amour qui dure trois ans. L'OM Champions Project également. Mis sur orbite en septembre 2016, la formule qui marketait à merveille les ambitions du nouveau propriétaire américain de l'OM est morte et enterrée en ce mardi 14 mai 2019. A vrai dire, elle l'est depuis bien plus longtemps mais l'interview accordée par Jacques-Henri Eyraud à France Football a scellé définitivement le changement de cap de la direction olympienne.

Comment pouvait-il en être autrement ? Pour la sixième saison consécutive, Marseille sera absent de la Ligue des champions et son modèle basé sur le recrutement de joueurs d'expérience aux salaires pharaoniques ne tient plus. Il fragilise même un club en creusant son déficit. L'heure est donc venue de tourner la page. "Il va y avoir du changement", promet JHE dans les colonnes de France Football. "On sait qu'il va falloir prendre une autre direction, tabler davantage sur les jeunes (…). On a toujours prévu de tendre progressivement vers cela pour pérenniser économiquement le projet."

Sitôt le Champions Project enterré, voici le retour du projet Dortmund si cher aux yeux de Vincent Labrune, le prédécesseur d'Eyraud à la présidence de l'OM. Souvenez-vous à l'été 2014, Marseille lance une vaste campagne de recrutement autour de jeunes à l'avenir prometteur en pariant sur une plus-value à la revente. C'est ainsi que débarquent Giannelli Imbula, Florian Thauvin, Mario Lemina et Benjamin Mendy. L'été suivant, Michy Batshuayi arrive.

Un projet viable économiquement (56 millions d'euros de plus-value) mais un échec sportif patent (aucun titre, aucune qualification pour la Ligue des champions). Mais les exemples de Monaco (champion en 2017) et Lille (qualifié pour la C1 cette saison) aveuglent de nombreux dirigeants de Ligue 1. Ceux de l'OM ont cédé à la tentation mais avant tout par nécessité. Le virage a été amorcé l’été dernier avec les transferts de Caleta-Car et Radonjic. Mais l’arrivée de Mario Balotelli cet hiver avait laissé croire que l’OM pouvait encore signer de gros coups. Ce ne sera pas le cas cet été. Comme souvent quand les caisses sont vides, Eyraud met l'accent sur la formation : "Nous avons fait un travail de fond considérable depuis presque trois ans sur la formation et nous commençons à en voir les résultats."

Boubacar Kamara et Maxime Lopez, les deux fleurons du centre et rares actifs d'un collectif aux salaires beaucoup trop élevés pour charmer de potentiels acheteurs, pourraient d'ailleurs mettre les voiles dès cet été. Reste que le projet est à haut risque. Il a mené Monaco et Lille aux portes de la relégation, l’ASM n’est toujours pas sauvée cette saison. Et il n'est pas certain que le volcanique environnement marseillais soit le plus apte à faire grandir des jeunes pousses dans le cadre apaisé et serein dont elles ont besoin. Ce revirement de position acte surtout l'échec d'une politique ambitieuse et replace le curseur sur des objectifs financiers : il est temps de renflouer les caisses et d'éponger les échecs de trois années mal négociées. Place désormais à la raison. Bon courage aux dirigeants qui doivent savoir que Marseille a toujours préféré la passion.