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Caïazzo : "Les clubs l'ont de plus en plus mauvaise : pourquoi nous a-t-on demandé d'arrêter ?"

Martin Mosnier

Mis à jour 29/05/2020 à 20:05 GMT+2

LIGUE 1 – Dans un entretien qu'il nous a accordé, Bernard Caïazzo, président du syndicat des clubs professionnels français, Première Ligue, regrette que la France soit la seule grande puissance européenne à ne pas reprendre son championnat. Tout en refusant de porter le chapeau et en se réfugiant derrière la décision d'Edouard Philippe.

Bernard Caïazzo (ASSE), président de Première Ligue

Crédit: Getty Images

Comment avez-vous accueilli les décisions de l'Angleterre, de l'Italie et de l'Espagne de reprendre leur championnat respectif ?
B.C. : J'ai toujours été favorable à ce que tous les championnats continuent et se terminent pour des raisons évidentes de mercato et pour que leur économie ne souffre pas comme la nôtre. Nous, il ne faut pas se tromper : nous avons été obligés d'arrêter et de clore notre championnat sur injonction gouvernementale. Nous n'avons pas eu le choix. Croyez-moi, cela ne nous a pas ravi car 25% de notre économie est par terre mais on a obéi aux ordres en bon citoyen. A l'époque, nous pensions que tous les championnats allaient suivre mais en voyant que tout reprend, j'avoue que les clubs français l'ont de plus en plus mauvaise. On se demande aujourd'hui pourquoi on nous a demandé d'arrêter notre championnat.
Nous avons obtempéré et puis c'est tout
Si tout se déroule bien en Europe comme en Allemagne jusqu'ici, la situation de la L1 va devenir difficilement tenable.
B.C. : Mais c'est une position gouvernementale, pas un choix des clubs français. On n'arrête pas une activité avec plaisir. On obéit. Il est évident que les clubs n'avaient aucun intérêt à ce que le championnat s'arrête mais on est des bons citoyens.
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En Espagne, Javier Tebas a incarné un pouvoir fort, les clubs se sont rangés derrière lui et il a pesé dans la décision de reprendre le championnat. En France, on a quand même l'impression qu'il a manqué ce pouvoir fort capable de porter la voix unie des clubs français.
B.C. : Rien ne fait autorité face à un gouvernement. Fin avril, il n'était absolument pas question de privilégier l'économie par rapport à la santé. On nous reprochait même de ne penser qu'au business. Nous avons obtempéré et puis c'est tout. Ce n'est pas l'anarchie. On ne peut pas nous mettre sur le dos ce qui arrive aujourd'hui : imaginer une seule seconde qu'on s'est suicidé en autodétruisant notre propre économie, ce serait un non-sens total.
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Le gouvernement nous a tiré une balle dans le pied
Est-ce que vous comprenez mieux aujourd'hui le combat de Jean-Michel Aulas ? Est-il d'autant plus justifié alors que la plupart des championnats européens reprennent ?
B.C. : Mais son combat n'a rien à voir avec ça. Son combat concerne les positions au classement. Il faut m'expliquer une chose : quelle est notre légitimité à se battre contre des décisions gouvernementales ? A part s'agiter dans les médias, exposer des choses qui sont parfois justes mais le fond du problème reste le même : on a en face de nous une décision du gouvernement contre laquelle on ne peut rien faire.
Est-ce que, selon vous, le gouvernement a pris cette décision d'arrêter la Ligue 1 de façon trop précoce ?
B.C. : J'étais persuadé qu'il allait y avoir une concertation entre les gouvernements européens. Les faits m'ont donné tort. La décision était peut-être trop hâtive mais prise avec des éléments que je n'ai pas obligatoirement, je ne suis pas Premier ministre. Il faut être prudent et voir ce qui se passera en Italie et en Espagne où la situation sanitaire est pire qu'en Allemagne. Il faut respecter les pouvoirs publics.
Nos voisins vont reprendre, le foot français est à l'arrêt. Et on y voit un risque évident d'affaiblissement de la L1.
B.C. : On chiffre la perte à 600 millions d'euros pour le foot français. En termes de compétitivité européenne, j'espère que ce ne sera pas fatal mais le gouvernement nous a tiré une balle dans le pied. On a un handicap évident par rapport à nos voisins.
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La situation financière de l'ASSE n'est pas défavorable
Est-ce qu'aujourd'hui, c'est absolument inimaginable de voir la L1 reprendre ?
B.C. : On a pris acte de la décision. Et puis, les contrats des diffuseurs sont terminés. Comment ça se passe ? On reprend sans diffuseur ? Et certains joueurs sont partis en congés. On fait comment ? Il faut être sérieux. Les dernières instructions du Premier ministre ne vont pas dans le sens d'une proche reprise.
Mediapart a écrit que l'ASSE était en grande difficulté financière. Pouvez-vous nous dire aujourd'hui quel est l'état des finances des Verts ?
B.C. : Les gens qui ont écrit ça méritent de prendre des cours de maternelle de finance. Les clubs en plus grand déficit sont ceux qui ont les plus grands chiffres d'affaires. Comme chaque club perd un quart de son chiffre d'affaires : plus votre chiffre d'affaire est grand, plus les pertes sont grandes. La situation financière de l'ASSE n'est pas défavorable. Nous ne sommes pas dans les quatre clubs imaginés par Mediapart et d'autres. On mènera des actions en justice contre ceux qui mettront en cause notre santé financière. Les clubs en difficulté sont ceux qui devaient vendre des joueurs avant fin juin. Voilà un autre problème : les clubs français avaient 200 millions d'euros de ventes à faire avant fin juin mais les autres championnats n'ouvriront pas leur marché avant juillet. On fait comment ?
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