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"La première connerie de l'ASSE, c'est de ne pas avoir tout fait pour retenir Gasset"

Alexis Billebault

Mis à jour 01/03/2020 à 16:20 GMT+1

LIGUE 1 - Saint-Etienne, qui se déplace à Lyon dimanche, n’était pas programmé pour jouer le maintien. C’est pourtant face à cette situation que les Verts doivent faire face, alors que l’ambiance au sein du club s’est tendue ces dernières semaines.

Saint-Etienne au bord du vide après sa défaite à Brest

Crédit: Getty Images

Il ne se passe presque pas une journée sans que l’institution verte soit secouée par un évènement guère propice à ramener un peu de sérénité. Récemment, un joueur, sous couvert d’anonymat, a expliqué, dans un article publié sur le site Internet de RMC, "que (les joueurs) n’avaient jamais lâché Claude Puel, puisqu’ils ne l’avaient jamais soutenu."
Un peu plus tôt, réagissant à la mise à l’écart de Stéphane Ruffier pour la réception de Reims (1-1, le 23 février), Patrick Glanz, l’agent du gardien international, s’était répandu dans les colonnes de L’Equipe, en expliquant "que tous les jours, il y a des problèmes. Tout le monde sait, personne ne parle", avait déclaré l’ex-journaliste, évoquant des bagarres évitées de justesse. Et la direction du club forézien a décidé de se séparer de David Wantier, directeur du recrutement depuis 2015.
Sportivement, l’ASSE, quatrième le 10 novembre, au soir d’une victoire à Nantes (3-2), s’est engagée dans une spirale négative, au point d’être aujourd’hui menacée par la relégation. L’équipe n’a plus gagné depuis la réception de Nîmes le 25 janvier (2-1), et Saint-Etienne, privé de nombreux joueurs (Youssouf, Hamouma, Khazri, Nordin, Monnet-Paquet), est face à une situation qui n’était pas prévue dans les objectifs d’un club européen.
Le départ de Jean-Louis Gasset, à l’issue de la saison dernière, a laissé beaucoup plus de traces que prévu. Son ex-adjoint qui lui avait succédé, Ghislain Printant, a été limogé en octobre, pour être remplacé par Claude Puel. "La première connerie, c’est de ne pas avoir tout fait pour retenir Gasset. Si la direction du club avait fait le nécessaire, je pense qu’il serait resté. Un club comme Saint-Etienne, avec un bon projet, ça ne se refuse pas. Printant a été l’adjoint de Gasset, mais ce n’était pas une garantie pour que ça marche", assure Robert Nouzaret, l'entraîneur de Saint-Etienne entre 1998 et 2000.
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Jean-Louis Gasset, l'entraîneur de Saint-Etienne

Crédit: Getty Images

Si la direction du club avait fait le nécessaire, je pense que Gasset serait resté
L’arrivée de Claude Puel avait pourtant été suivie par une série de bons résultats, laissant entrevoir un possible avenir européen. "Pour mettre une équipe en place, il faut du temps. Il y a eu des résultats, puis une cassure, avec beaucoup de blessés. Et en général, quand ça commence à déconner d’un côté, ça se propage un peu partout", poursuit Nouzaret. Bernard Caiazzo, le président du directoire de l’ASSE, n’a pas souhaité répondre à nos questions sur la situation d’un club où toute la communication est contrôlée par Xavier Thuilot, le directeur général, et Claude Puel.
Ce dernier, également sollicité, n’a pas donné suite à nos demandes, mais une source proche de l’ASSE, sous couvert d’anonymat, a accepté de livrer quelques indications sur la situation en interne. "Il y a une tension évidente, car l’ASSE a un budget important (95 M€), et l’objectif n’était pas de jouer le maintien. Certains reprochent à Puel d’être trop dur, mais il ne demande qu’à ce que les joueurs respectent les règles de vie, comme arriver à l’heure. Et si Ruffier a été écarté face à Reims (il le sera également pour le derby face à Lyon, ndlr), d’après ce que j’ai compris, ce n’est rien d’autre qu’une décision sportive, parce que le coach a estimé que le gardien était moins décisif."
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Stéphane Ruffier

Crédit: Getty Images

Une hypothèse que Nouzaret valide. "Si Puel, un coach d’expérience, qui à mon avis va trouver les solutions, se prive d’un mec comme Ruffier alors que les résultats ne sont pas bons, c’est qu’il a une bonne raison de le faire. Je pense que tout le monde, à Saint-Etienne, devrait mettre un peu son ego de côté. Le problème, c’est qu’il y a depuis quelques jours une succession d’évènements, et cela vient un peu plus alourdir la situation."
Les récentes déclarations de Patrick Glanz et du joueur stéphanois anonyme viennent renforcer l'idée que le climat général en interne est pesant. "Comme souvent quand une équipe n’a pas de résultats, il y a des tensions entre certains joueurs et le staff. Il y a aussi des questions financières. Les salaires sont très bons à Saint-Etienne, souvent plus élevés que ceux qu’on peut lire dans la presse, et les joueurs sur lesquels le club ne compte pas vraiment ne veulent pas partir, car ils gagneraient moins ailleurs. Tout cela ne contribue pas à l’apaisement", reprend notre source.

Varrault : "Le doute peut vite s’installer"

Sur le papier, la qualité de son effectif doit permettre à Saint-Etienne de s’en sortir. Les Foréziens sont mieux outillés que Metz, Dijon, Nîmes ou Amiens, les autres principaux candidats au maintien, en partant du principe que Toulouse ne constitue plus une menace pour eux. "Comme tout le monde, je suis étonné que Saint-Etienne soit autant en difficulté. Surtout qu’après l’arrivée de Claude Puel, les résultats ont suivi. Je ne sais pas ce qui a pu se passer. Le nouveau coach est arrivé avec ses méthodes, sa philosophie, il a fait des ajustements, et depuis quelques semaines, ça ne suit plus. Quand on a affronté Saint-Etienne en championnat (3-2, le 16 février) j’ai bien senti, surtout en première période, quand on menait 3-0 que l’équipe doutait", intervient Olivier Dall’Oglio, l’entraîneur de Brest.
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Denis Bouanga (Saint-Etienne)

Crédit: Getty Images

"Par contre, quand elle a décidé de réagir, on a vu toute sa qualité, et on a souffert pour conserver notre avantage. C’est pour cela que je suis optimiste pour l’ASSE, même si le fait de ne pas avoir un effectif prêt à se battre pour le maintien peut être un handicap. Mais je pense que les joueurs ont conscience de la situation." Ce n’est pas la première fois que l’ASSE est appelée à joueur le maintien depuis son retour en Ligue 1.
Cédric Varrault, qui a passé trois saisons (2007-2010) dans la Loire, se souvient de l’exercice 2008-2009, où les Verts avaient sauvé leur tête lors de la dernière journée grâce à un succès à Geoffroy-Guichard face à valenciennes (4-0), dans une ambiance électrique. Et l’ancien défenseur, aujourd’hui entraîneur-adjoint de la réserve de Nice (National 3), n’hésite pas faire un parallèle entre les deux périodes.
Je pense que le public ne lâchera pas l’équipe
"On sortait d’une belle saison, achevée à la cinquième place, on retrouvait l’Europe. Et ça n’a plus marché. Le doute peut vite s’installer, tu prends des buts largement évitables, on a l’impression que tout se retourne contre nous. Tu as tendance à te dire que ça ne va pas durer, mais le temps passe, et ça devient de plus en plus difficile. Et certaines décisions peuvent avoir un impact sur l’équipe. De plus, à Saint-Etienne, il y a une grosse pression populaire et médiatique, et à l’époque, des supporters étaient venus au centre d’entraînement pour nous dire ce qu’ils pensaient. Et cela peut avoir un effet négatif sur certains joueurs, même si le public local est extraordinaire."
Des supporters stéphanois, que Nouzaret veut voir "comme un atout supplémentaire dans la course au maintien", ont un coup de pression à Puel et à ses joueurs en s’invitant à l’Etrat à la veille du match contre Reims. Une discussion dans le calme, où les représentants des Magics Fans et des Green Angels ont exposé leur avis sur la situation. "Je pense que le public ne lâchera pas l’équipe. Même si elle perd à Lyon. L’ASSE a besoin d’être soudée. Pas d’être divisée", suppose Nouzaret. En ce moment, cela ne saute pas aux yeux…
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