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OM 2010, retour au sommet : épisode 4, une Coupe de la Ligue si libératrice

Glenn Ceillier

Mis à jour 31/03/2020 à 11:34 GMT+2

LIGUE 1 - C’était il y a dix ans. Après une disette longue de dix-sept années, l’OM redevenait le patron du football français le temps d’une saison folle. Avec un doublé Coupe de la Ligue – Championnat arraché à la surprise générale ou presque. Cette semaine, Eurosport vous replonge dans cette période haute en couleurs. Quatrième épisode ce vendredi avec la victoire en Coupe de la Ligue.

OM 2010 - Episode 4 : La Coupe de la Ligue, fin de la disette pour l'OM

Crédit: Eurosport

Une finale. Un corner. Un défenseur central qui s'élève au-dessus de tout le monde pour placer sa tête afin d'ouvrir le score. Le peuple marseillais qui exulte. Forcément, cela vous parle. Détrompez-vous cependant, il ne s'agit pas du fameux but de Basile Boli un soir de mai 1993 face à l'AC Milan. Mais du coup de casque de Souleymane Diawara en finale de la Coupe de la Ligue face à Bordeaux, en mars 2010. A son échelle et pour une génération, ce but a bien marqué les esprits. Car il a mis un terme à une longue, très longue disette. Et ouvert la voie à de beaux lendemains.
Ce n'est pourtant "que" la Coupe de la Ligue. Cette compétition au lustre bien terne qui va disparaître dix ans plus tard. Mais en ce dernier weekend de mars 2010, personne ne songe à la décrier. L'affiche entre les deux premiers du championnat fait même saliver. Et côté marseillais, il serait malvenu de cracher dessus. Car il y a une malédiction à vaincre. Le club phocéen n'a plus soulevé le moindre trophée depuis 17 ans et a accumulé les désillusions en finale. Alors, les Olympiens ont les crocs. Comme rarement.
Alou (Diarra) ne répond rien. D’habitude, il charrie en retour. Mais là, rien…
Tout l'inverse de Bordeaux qui se présente dans la peau du champion de France et tenant du titre. En L1, la dynamique des deux formations s'est en plus sensiblement inversée depuis quelques semaines. L'OM a refait son retard et colle aux basques de la bande de Yoann Gourcuff. Surtout, les Girondins ont la tête ailleurs. Du pain béni pour les Marseillais. Avant même le coup d'envoi, les protégés de Didier Deschamps ont vite compris qu'ils avaient un coup d'avance.
"Je suis avec Souley (ndlr : Diawara) et on fait le repérage. Là, on croise Alou Diarra, se souvient Fabrice Abriel. On discute, on se marre et on lui lance : 'Ce soir, ce n'est pas la peine de venir, la Coupe est pour nous'. On dit ça en rigolant mais Alou ne répond rien. D’habitude, il charrie en retour. Mais là, rien". Le genre de détail qui n'en est pas. Assoiffés de titre, les Phocéens ont alors senti l'odeur du sang d'une formation venue au Stade de France en victime. Car les Girondins n'ont tout simplement pas mis les bons ingrédients pour cette finale.
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Lucho Gonzalez face aux Bordelais lors de la finale de la Coupe de la Ligue 2010

Crédit: Getty Images

Ils étaient dans une démarche de gestion alors que nous, on avait que ça à se mettre sous la dent
Avant, après et même pendant le match, ils n'avaient qu'une seule chose en tête : la Ligue des champions et ce quart de finale 100% français face à l'Olympique lyonnais à disputer quelques jours plus tard. Avant, Laurent Blanc s'est ainsi tâté à aligner son onze type. Et pendant cette finale, l'entraîneur bordelais a vite rendu les armes en sortant Yoann Gourcuff et Marouane Chamakh à la 70e, juste après le deuxième but marseillais inscrit par un Mathieu Valbuena déterminant. "On savait qu’ils n'étaient pas prêts à jouer à 100% parce qu’ils avaient un quart de finale à Lyon la semaine qui suivait. Ils étaient dans une démarche de gestion alors que nous, on avait que ça à se mettre sous la dent", souligne encore Abriel. La détermination était clairement marseillaise. Et ça a payé.
Si l'ouverture du score à la 61e de l'ancien Bordelais Souleymane Diawara a gardé une portée très symbolique pour son mimétisme avec le but de Basile Boli, le scénario de cette finale ennuyeuse pendant une bonne heure et à sens unique dans son dernier tiers est presque anecdotique. Tout comme son score (3-1). L'important – comme souvent dans une finale -, c'est le titre. Et l'après. Avec des images superbes et un enchaînement couronné de succès.
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Valbuena et les Marseillais exultent après leur victoire en Coupe de la Ligue

Crédit: AFP

Une célébration hors-norme qui a donné des idées

L'OM enfin titré, Marseille s'est enflammé. Ce n'est qu'une Coupe de la Ligue ? Et alors ! Un "trophée reste un trophée", comme l'avait glissé Didier Deschamps avant la rencontre. Et il est encore plus beau quand il permet de donner un coup de chiffon sur les étagères d'une vitrine qui avait accumulé une épaisse couche de poussière depuis la légendaire soirée munichoise du 26 mai 1993. "C'est la fin d'une anomalie. Ce sont des émotions très fortes", appréciait DD.
Dès le coup de sifflet final, une douce folie s'est emparée de la ville. A coups de klaxons ou de ballets de scooters, les Marseillais ont célébré cette victoire. Et le lendemain, la cité phocéenne a dignement fêté ses héros. Avec une journée mémorable. Dans une cohue incroyable et une marrée humaine impressionnante, les joueurs de l'OM ont descendu la Canebière et le Vieux-Port dans un bus à impériale spécialement décoré pour l’occasion. Avec la Coupe de la Ligue figure au centre du dessin en lettres d’or un rappel historique : "Olympique de Marseille, l’histoire continue. Depuis 110 ans, l’OM grandit avec vous.".
Au terme du défilé, Mamadou Niang et compagnie ont finalement présenté la coupe au balcon de l’Hôtel de Ville devant un parvis saturé de supporters déchaînés. Des "Souley président, Souley président" montent même de l'assemblée. Et le défenseur sénégalais arrose tout le monde de champagne. "On est heureux, lâche alors Vincent Labrune, le directeur du conseil de surveillance dans un brouhaha improbable. Heureux, pour la ville de Marseille, pour les supporters, mais surtout pour Robert Louis-Dreyfus. Sans lui, tout ça n’aurait pas été possible."
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Marseille fête ses champions après le titre en Coupe de la Ligue

Crédit: AFP

Ce sera un booster incroyable
"Tout ça", pour une Coupe de la Ligue… Cela semble dingue. Certains supporters d'autres clubs s'en amusent même à l'époque. Mais cette capacité à s'enflammer du peuple marseillais a frappé les joueurs. "On gagne ce match et on revient sur le Vieux-Port. Et là, la foule…", se remémore Fabrice Abriel encore bluffé par cette commémoration démesurée. "Je me souviens qu’on se disait tous : ‘Non mais attends… On revient qu’avec la Coupe de la Ligue, regarde le monde. Imagine si on ramène le titre… Ah ouais, pourquoi pas", enchaîne-t-il.
Marseille n'est pas une ville comme les autres. Ici, le football est une religion. Si certains joueurs n'en avaient pas encore conscience, ce trophée leur a rappelé de la plus belle des manières. Et donné envie de revivre des émotions similaires quelques semaines plus tard. "Cette finale de Coupe de la Ligue, ce n’est pas un élément déclencheur. Mais ce sera un booster incroyable, estime Fabrice Lamperti, journaliste à La Provence. Je pense qu'en tout cas c’est à partir de la finale que les Marseillais croient au titre. Ils se disent qu’ils vont pouvoir revenir. Ils prennent un ascendant".
Ce titre et cette célébration hors-norme pour une épreuve si décriée ont forcément joué dans les mois suivants. Cela a idéalement lancé les Phocéens dans le sprint final. Portés par la savoureuse frénésie de la ville et soudés par leur dynamique, les Marseillais ont alors volé vers leur neuvième championnat de France. La tête de Diawara n'y est pas étrangère. Mais il n'est pas seul symbole marseillais de cette année 2010. Sur le terrain à Munich en 1993 et sur le banc au Stade de France 17 ans plus tard, Didier Deschamps n'est pas en reste. Cette saison historique porte clairement sa patte. Et à plus d'un titre.
Retrouvez l’épisode 5 sur Didier Deschamps sur Eurosport.
Dossier réalisé par Glenn CEILLIER, Christophe GAUDOT et Cyril MORIN, avec Erwan GELOEN ; visuel par Quentin GUICHARD
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