Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

OM - Le post LinkedIn d'Eyraud ? "Avec ces termes, il vise des anciens de Danone ou L'Oréal"

Cyril Morin

Mis à jour 28/05/2020 à 14:15 GMT+2

LIGUE 1 - Dimanche, c'est via un long post sur le réseau social LinkedIn, davantage tourné sur le monde de l’entreprise, que Jacques-Henri Eyraud a détaillé la refonte qu'il souhaite pour l’OM. Un choix qui détonne mais qui confirme le caractère singulier du président marseillais dans un milieu encore trop en vase clos selon les experts du secteur.

Jacques-Henri Eyraud

Crédit: Getty Images

L’annonce était attendue. Le format, beaucoup moins. Depuis son arrivée à la tête de l’OM en 2016 et le rachat de Franck McCourt, Jacques-Henri Eyraud est un homme déroutant. Ses Powerpoint ont fait le bonheur des réseaux sociaux. Ses propositions pour le football du futur, avec des buts qui valent double en fonction de la distance, ont ajouté à l’originalité du personnage. Mais dimanche, son post LinkedIn visant à détailler les contours du futur organigramme de son club est venu boucler la boucle. Non, Jacques-Henri Eyraud n’est pas un président de club comme les autres, même si ses chamailleries avec certains de ses collègues ont parfois donné l'impression inverse.
Certains auraient pu penser au traditionnel communiqué de presse, méthode éculée mais encore efficace chez certains. D’autres auraient pu envisager une longue interview dans les journaux pour annoncer le plan de bataille. Les plus originaux auraient pu céder à la tentation d’un format sur les réseaux sociaux très populaires auprès des supporters (Facebook ou Instagram). Finalement, c’est LinkedIn qui a eu le droit à la primauté du message.
Logique ? Oui, selon Matthieu Stefani, CEO de Cosa Vostra : "C’est un très bon post LinkedIn, assure-t-il. Même si j’ai beaucoup d’affect pour les Tapie ou Pape Diouf, on sent l’influence McCourt dans l’approche. On est pas encore dans la ‘start-up Nation’ mais il donne une vision très moderne, très ‘corporate’ de son club. Ça change, surtout à l’OM où on a l’impression que le club appartient à tout le monde alors que c’est, en réalité, une entreprise à part entière".
picture

Frank McCourt, propriétaire de l'OM, et son président Jacques-Henri Eyraud

Crédit: Getty Images

"LinkedIn, il faut se rendre compte que c’est un réseau social très très important dans le monde de l’entreprise, poursuit Stefani, également animateur de "Génération Do It Yourself", podcast sur l'entrepreneuriat et ses acteurs. A titre personnel, je passe plus de temps sur LinkedIn que sur Facebook ou Instagram réunis".

Un recrutement plus ciblé ?

Alors, LinkedIn, plateforme efficace pour le recrutement du "Head of Football" défini par Eyraud ? "Il est évident qu’Eyraud ne va pas recruter via LinkedIn, dément d’entrée Jean-Marie Caillaud, CEO de WorkmeTender, entreprise spécialisée dans le recrutement. Les profils qu’il recherche viennent du sérail et passeront par les réseaux classiques pour être mis en relation. La preuve en est que les offres ne sont postées que dans une tribune du patron de l’OM et pas dans la page carrière du site (qui ne comporte que trois offres de stage et n’affiche donc pas du tout la même ambition que le discours)".
"Venir sur LinkedIn, ça lui permet quand même de parler directement au tissu économique, aux autres entrepreneurs, décrypte Matthieu Stefani. Ce post est aussi une entreprise de séduction pour rassurer d’éventuels candidats effrayés, au premier abord, par un club de foot qui peut faire peur, parce que c’est souvent le bazar". D’ailleurs, le spécialiste en start-up en est convaincu : "Pour moi, en lisant ce post et la terminologie employée ("Head of Football", "Head of Business", NDLR), il peut attirer un ancien de chez L’Oréal ou Danone, des gens qui viennent d’un autre univers. Surtout pour le "Head of Business".
picture

Jacques-Henri Eyraud

Crédit: Getty Images

Un nouvel organigramme et un "patron à plume"

L’enjeu est réel pour Eyraud. Car en détaillant l’organigramme qu’il a pensé pour son OM, il se place au-dessus de la mêlée selon Jean-Marie Caillaud. "La volonté ici est double : D’une part de communiquer : c’est le but second d’une offre d’emploi, après celui de recruter. C’est l’occasion d’annoncer des choses, de porter l’attention sur des projets précis, et de donner du corps à ses ambitions. D’autre part de montrer une volonté de structurer la machine en suivant les codes du monde de l’entreprise".
C’est aussi l’objectif de son post selon Matthieu Stefani : "Il se met au-dessus de tout ça. Il devient un ‘Master of Ceremony’". Jean-Marie Caillaud va même plus loin : le post en lui-même traduit aussi une volonté de laisser une trace et de se fondre dans les pas des patrons les plus inspirants du monde économique : "C’est possible aussi que Jacques-Henri Eyraud ait la volonté de s’afficher en ‘grand patron à plume’, à l’image d’un Richard Bronson ou d’un Michel-Edouard Leclerc, très présent sur LinkedIn, nous explique-t-il. Ça lui donne une légitimité et une proximité différente. Avec à la fois une aura de leader et une posture de gestionnaire".
Autrement dit, le pari est réussi. Surprenant, oui. Mais réussi. Et c’est finalement un jeu politique très habile qu’Eyraud semble avoir gagné à travers un simple post social. Car désormais, il sera au sommet de la pyramide OM, assisté de ses "Head of" - qu’il doit encore débusquer – chargés du "sale boulot". Avec un plus de temps libre pour rédiger d’autres tribunes ?
picture

L'ombre de Jacques-Henri Eyraud

Crédit: Getty Images

Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Sur le même sujet
Partager cet article
Publicité
Publicité