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Equipe de France - Jonthan Clauss et Téji Savanier ont-ils la moindre chance d'intégrer les Bleus en 2022 ?

Martin Mosnier

Mis à jour 13/01/2022 à 12:41 GMT+1

LIGUE 1 – L'un est le meilleur joueur du championnat en décembre et peut-être de la saison derrière Kylian Mbappé, l'autre est son meilleur passeur. Téji Savanier et Jonathan Clauss n'ont jamais été proches d'une sélection en équipe de France A pourtant leurs candidatures ont quelques arguments. Peuvent-ils s'inviter au Qatar ? Une chose est certaine, ils partent de très loin.

Clauss et Savnier peuvent-ils convaincre Didier Deschamps ?

Crédit: Eurosport

Dans l'histoire de l'équipe de France, la concurrence a rarement été aussi féroce. En 2021, par exemple, Didier Deschamps a laissé sur le bord du chemin l'attaquant d'Arsenal (Alexandre Lacazette), un milieu du Real Madrid (Eduardo Camavinga) ou deux des sept meilleurs buteurs de Bundesliga (Anthony Modeste et Christopher Nkunku). Le vivier français n'a jamais été aussi vaste et riche. Parmi les nombreux prétendants, deux joueurs de Ligue 1 ne cessent de donner du poids à leur candidature. Téji Savanier, le milieu offensif de Montpellier, élu meilleur joueur de L1 du mois de décembre, et Jonathan Clauss, meilleur passeur de la saison, n'ont jamais approché les champions du monde de près ou de loin. Mais leur régularité, les besoins des Bleus et leur forme démentielle peuvent-ils les inviter là où personne ne les aurait jamais imaginés ?
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Des stats digne d'un international en puissance : Savanier, prochain Bleu ?

Pour intégrer le saint des saints, il faut d'abord que les performances soient à la hauteur des exigences de Didier Deschamps. Le sélectionneur, biberonné au très haut niveau dans sa carrière de joueur et d'entraîneur, attache un soin particulier au parcours des hommes qu'il intègre à Clairefontaine. La Ligue des champions est son maître étalon. Ni Clauss ni Savanier n'y ont déjà participé, un handicap lourd mais pas rédhibitoire. Sur les 102 joueurs qu'il a appelés sous son mandat de sélectionneur, 20% n'avait jamais joué de match de C1 avant leur première sélection. Ce fut le cas notamment de Mattéo Guendouzi, Jordan Veretout, Mike Maignan, Eduardo Camavinga, ou, avant eux, Morgan Schneiderlin, Ousmane Dembélé, Benjamin Pavard et N'Golo Kanté.

Une première exception depuis… 2008 et Savidan ?

Problème, Savanier et Clauss n'ont pas, non plus, disputé le moindre match européen or ils ne sont que 10% à avoir découvert les Bleus sous Deschamps sans aucune expérience européenne. Et seulement trois d'entre eux avaient alors plus de 25 ans : N'Golo Kanté (25), lancé alors dans la course au titre en Premier League avec Leicester, Ruben Aguilar (27) et Benjamin Lecomte (27). On touche là à une autre de leurs limites : leur âge. A 30 (Savanier) et 29 ans (Clauss), ils ne peuvent vendre leur potentiel, ils n'incarnent pas l'avenir. Aucun joueur n'a connu sa première sélection au-delà de ses 29 ans depuis août 2012. Le record, avec Deschamps, est détenu par Loïc Perrin appelé en mai 2014 à 28 ans, 9 mois et 4 jours. Et aucun Bleu n'a connu sa première sélection en Bleu à plus de 30 ans depuis… 2008 (Steve Savidan). C'est dire si le Montpelliérain et le Lensois partent de très loin.
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Jonathan Clauss (RC Lens), le 5 novembre 2021, lors d'une victoire 4-0 en Ligue 1

Crédit: Imago

"On sait très bien ce qu'il fait évidemment, après ce n'est pas tout d'analyser la performance d'un joueur dans son club, il faut voir ce qu'il peut faire au niveau international, et il y a des paliers à franchir entre les deux", avertissait Deschamps en septembre dernier en faisant référence à Clauss. Sur Savanier, son jugement avait suivi la même logique : "Si je dis que l’on est attentifs à lui, c’est parce que l’on regarde aussi les matchs de Montpellier et donc forcément les joueurs du club. Cela dépend aussi de qui se trouve en face." Comprendre que l'adversité en Ligue 1 n'a rien à voir avec celle des matches internationaux.

Le poste pour Clauss, les JO pour Savanier

Le parcours des deux hommes qui ont émergé très tard en Ligue 1 les condamne-t-il définitivement ? Non. D'abord parce que personne n'est, par définition, exclu ad vitam aeternam de l'équipe de France avec Didier Deschamps. Ensuite parce que Clauss et Savanier ont chacun un atout majeur qui les rend précieux aux yeux du staff. L'ancien joueur d'Avranches et de l'Arminia Bielefeld est aujourd'hui un spécialiste du poste de piston droit. Or, dans le 3-5-2 actuel des Bleus, cette aile droite reste le poste faible du onze.
Dit autrement, il y a une place à prendre alors que ni Benjamin Pavard, peu à l'aise pour déborder, ni Kingsley Coman, trop friable défensivement, ne le maîtrise à 100%. Aujourd'hui, aucun latéral droit français n'a la qualité de centre de celui qui a déjà offert 9 buts et encore plus de caviars aux attaquants lensois depuis le début de saison. Clauss pourrait donc remplir un vide. Ce n'est pas un hasard si Ruben Aguilar, défenseur droit lui aussi, a été appelé à 27 ans alors qu'il jouait dans un club de Ligue 1 (Monaco) et qu'il n'avait aucune expérience européenne. A ce poste, les exigences du sélectionneur sont nettement moins hautes car les talents restent rares.
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Un pénalty pour soulager Montpellier: l'ouverture du score de Savanier face à Andrézieux

Au poste de Téji Savanier, sans doute le meilleur joueur offensif du championnat derrière Mbappé depuis septembre, Deschamps tient déjà son titulaire en la personne d'Antoine Griezmann. Si aucune doublure ne s'est imposée pour de bon parmi celles essayées depuis la Coupe du monde, Moussa Diaby a marqué des points en fin d'année et part avec une vraie avance. Le changement de système a soustrait un milieu de terrain aux Bleus en 2021 et Savanier, qui peut se montrer précieux dans un entrejeu à trois, perd de son utilité dans un 3-5-2. Mais l'ancien Nîmois, contrairement à Clauss, a déjà une expérience dans un grand tournoi international avec l'équipe de France.

Ripoll : "Savanier ? Formidable joueur tourné vers les autres"

Il a saisi la chance donnée par Sylvain Ripoll l'été dernier à Tokyo lors des Jeux Olympiques. Il a mené, avec André-Pierre Gignac, une sélection construite à la hâte et avec des bouts de ficelle. Mais son comportement, irréprochable, et son niveau l'été dernier ont marqué les esprits. "J'ai rencontré quelqu’un de très chaleureux, très tourné vers les autres et qui fait du lien dans le groupe", nous a confié un Sylvain Ripoll conquis à la fois par la personnalité et par les qualités de Savanier. "C’est un joueur formidable, hyper complet à la fois dans la capacité à harceler le porteur et, surtout, dans celle à faire jouer l'équipe", a continué le sélectionneur des Espoirs qui fait valoir son droit de réserve quand on lui demande s’il donnerait son aval à Didier Deschamps quant à une arrivée de Savanier chez les A.
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Teji Savanier offre la victoire à l'équipe de France face à l'Afrique du Sud, dans le temps additionnel : 4-3, à Saitama - JO Tokyo 2020 (25/07/2021)

Crédit: Getty Images

Mais son témoignage laisse peu de place au doute et les frontières sont poreuses entre les A et les Espoirs. Même si à 30 ans, elles le sont sans doute moins. "Il y a du monde, beaucoup de monde et je n’ai que 23 cases", avait noté Deschamps sur RMC en décembre alors que le nom du Montpelliérain lui avait été soumis. Beaucoup de monde. Sans doute trop encore. Il leur faudra finir la saison très haut avec leur club et à un niveau individuel exceptionnel pour créer la surprise et surmonter leurs gros handicaps du moment. La porte est fermée mais elle n'est pas verrouillée.
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