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Les Verts en Ligue 2 - Relégués, Bordeaux et Saint-Etienne ont ce qu'ils méritent

Martin Mosnier

Mis à jour 30/05/2022 à 13:12 GMT+2

LIGUE 1 – Deux des plus grands clubs de la Ligue 1 ont donc fini en Ligue 2 à l'issue de la saison. Saint-Etienne et Bordeaux ont lourdement chuté après dix mois apocalyptiques. En vérité, voilà plusieurs années que les deux monuments jouent avec le feu. Pour ne pas avoir su dégager une vision claire, la sanction est tombée. Logiquement.

Bordeaux et Saint-Etienne joueront en Ligue 2 l'an prochain (visuel : Quentin Guichard)

Crédit: Getty Images

L'AS Saint-Etienne et les Girondins de Bordeaux joueront en Ligue 2 l'année prochaine. Deux des trois clubs avec le plus de saisons parmi l'élite, la formation la plus titrée de France avec le PSG, le Bordeaux de Giresse, Zidane et Gourcuff, le Saint-Etienne de Larqué, Platini et Aubameyang, Geoffroy-Guichard, le Scapulaire, les Verts, Robert Herbin, Marius Trésor, Aimé Jacquet, les poteaux carrés, le Haillan, Manufrance, Alain Afflelou, les exploits contre le Dynamo Kiev et l'AC Milan, Claude Bez et Roger Rocher, Marc Planus et Loïc Perrin, Marouane Chamakh et Bafé Gomis.
C'est le patrimoine du football français qui a été dilapidé en 38 journées et un barrage. Une entreprise de démolition démarrée depuis quelques années déjà. Et si voir ces deux géants dans l'antichambre l'an prochain n'a rien de naturel, tout indiquait que leur destin national leur filait entre les doigts. Bordeaux et Saint-Etienne, ce sont deux façons opposées d'aborder le football contemporain mais deux modèles qui se rejoignent dans leur fragilité absolue.
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Les supporters de Saint-Etienne lors d'ASSE - Bordeaux, en septembre 2021

Crédit: Imago

Foot à papa vs foot des rapaces

D'un côté, le football à papa mené par des actionnaires trop petits pour survivre, un Roland Romeyer trop passionné pour lâcher les rênes mais pas assez costaud pour répondre aux crises successives de clubs français asphyxiés par le Covid-19 et la crise des droits TV. De l'autre, le football des rapaces mené d'abord par des fonds d'investissement (King Street) puis par un actionnaire évincé du LOSC pour des problèmes financiers et propriétaire d'un Royal Mouscron au bord de la faillite. Leur point commun ? Leur attachement relatif à un club qui a connu quatre propriétaires en 4 ans. La faillite de Saint-Etienne et de Bordeaux est celle de l'ancien monde et de celui que la Ligue 1 a cru providentiel.
Le foot n'est pas un secteur d'activité comme un autre comme un autre et si Roland Romeyer a l'ASSE tatouée sur le corps, Gérard Lopez n'a pas souvent été aperçu au Haillan cette saison. Les deux modèles ont failli, mené par une vision étriquée et court-termiste. Personne n'a su incarner un projet, une vision, donner une direction à une ASSE piégée par des finances exsangues, un Claude Puel aux méthodes radicales et un Pascal Dupraz aux plans de jeu étriqués ni à des Girondins guidés davantage par les plus-values que par la réussite sportive. Pourtant, les atouts étaient nombreux.
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Gérard Lopez, le président des Girondins de Bordeaux.

Crédit: Imago

Koundé, Tchouaméni, Saliba et Fofana : pour faire quoi ?

Rappelons que 13% des joueurs convoqués par Didier Deschamps pour le mois de juin ont été formés en Gironde ou dans la Loire (Aurélien Tchouaméni, Jules Koundé, William Saliba). On pourrait y ajouter Gaëtan Laborde et Wesley Fofana. Des joyaux, qui n'ont que trop peu défendu les couleurs de leur club formateur (48 matches en moyenne), partis pour boucher les trous, jamais pour enclencher un nouveau projet.
Tchouaméni, Koundé, Fofana et Saliba ont rapporté 112 millions d'euros aux Verts et aux Girondins en deux ans (2019/2020). Qu'en ont-ils fait ? Des effectifs construits de bric et de broc, remplis de joueurs prêtés peu investis dans la mission collective comme autant de bouts de scotch sur la coque d'un paquebot fissurée de toutes parts.
M'Baye Niang, Ignacio Ramirez, Enzo Crivelli, Eliaquim Mangala, Fransergio, Joris Gnagnon, Anthony Modeste, Stian Gregersen, Marcelo : en moins d'un an, c'est une palanquée de joueurs qui ont débarqué pour de mauvaises raisons. Saint-Etienne et Bordeaux ont fini par perdre leur identité et pas seulement parce qu'ils ont ravalé leur logo. Saint-Etienne a chassé la vieille garde, celle qui savait ce que gagner voulait dire (Debuchy, M'Vila, Cabaye, Ruffier). Bordeaux a mis de côté Laurent Koscielny après lui avoir offert un contrat de roi. Tout à l'envers.
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William Saliba (Saint-Etienne)

Crédit: Getty Images

Perte d'identité

La gestion du poste de gardien de but est un cas d'école. Benoît Costil et Stéphane Ruffier ont si longtemps tenu la baraque. Mais le premier, peu inspiré certes cette saison, a été lâché par sa direction quand le second a été mis à pied par un coach qui fit peu de cas des faits d'arme du meilleur gardien des Verts depuis Ivan Curkovic. Résultat, des défenses sinistrées. Lassés par des mois à ramer, Saint-Etienne et Bordeaux ont fini par exploser. En toute logique.
Quand Troyes et Clermont, pourtant nettement moins bien armés, s'en sont sortis grâce à une idée directrice. Quand Reims a prouvé que, même avec des moyens limités, le scouting est un sacré moyen de prendre des points et pas seulement d'ajouter des zéros sur les chèques. Les titres, l'histoire et les grands noms ne protègent de rien quand la direction n'est pas la bonne. Saint-Etienne et Bordeaux joueront en Ligue 2 l'an prochain. Et ils ont tout fait pour ne pas y échapper.
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