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Ligue 1 - 28e journée : Un Canari peut-il faire le printemps ? Quand Nantes réapprend l'ambition

Laurent Vergne

Mis à jour 12/03/2022 à 18:42 GMT+1

LIGUE 1 – Parallèlement à son brillant parcours en Coupe de France qui s'achèvera par la finale au Stade de France, le FC Nantes traverse aussi une période faste en championnat. Depuis trois mois, personne n'a pris plus de points que les Canaris, désormais en lice pour l'Europe. Il y a bien longtemps que la FCN n'avait pas abordé un printemps avec autant d'excitation.

Le public de la Beaujoire retrouve enfin des raisons de s'enflammer.

Crédit: Imago

C'était il y a 11 mois. Au sortir d'une énième défaite à domicile face à Lyon, le FC Nantes avait un pied dans la tombe. 19e du classement au soir de la 33e journée, le club des bords de l'Erdre semblait filer tout droit vers une nouvelle relégation en Ligue 2. Sauvés sur le fil lors d'un barrage étouffant contre Toulouse, les Canaris avaient finalement évité le pire, mais qui aurait pu imaginer qu'un printemps plus tard, ils se retrouveraient en course pour l'Europe, et plutôt deux fois qu'une.
Finaliste de la Coupe de France et désormais 6e du championnat, le FCN s'apprête à vivre son printemps le plus excitant depuis 2004, date de sa dernière finale nationale (en Coupe de la Ligue, finale perdue aux tirs au but contre Sochaux). Cette année-là, Nantes avait terminé 6e en championnat et l'Europe lui avait donc filé sous le nez.
Mais 18 ans, deux descentes et autant de remontées plus tard, ce printemps 2022, certes anecdotique au regard de la riche histoire du club, a valeur de bouffée d'oxygène. Il suffit de voir les images de la pelouse envahie mercredi par le peuple de la Beaujoire après la qualification contre Monaco pour mesurer à quel point le sevrage a été violent.
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Envahissement du terrain, la Beaujoire en feu : Nantes comme à ses plus belles heures

Un rythme de... champion depuis trois mois

La semaine passée, en quatre jours, les hommes d'Antoine Kombouaré ont coup sur coup composté leur billet pour le Stade de France puis validé mathématiquement leur maintien en s'imposant contre Montpellier (2-0). Ce n'était certes plus vraiment une menace, mais l'entraîneur nantais n'a pas voulu galvauder ce plaisir-là après l'éprouvante saison 2021. "On a les points du maintien, on a 42 points, c'est exceptionnel, a-t-il tenu à souligner dimanche dernier. On vit quelque chose de grandiose en ce moment. On sait qu'on sera en Ligue 1 la saison prochaine. On peut être fier de ce que l'on accomplit."
Si la situation nantaise est très enviable en comparaison de l'exercice précédent, elle est tout aussi inattendue compte tenu de la fragilité de la position des Jaunes pas plus tard qu'il y a seulement trois mois. Début décembre, en "prime time", la bande à Kombouaré s'incline chez elle face à l'OM lors de la 16e journée. Un 5e match consécutif sans victoire (deux nuls, trois défaites). Nantes recule au 13e rang, plus proche de la place de barragiste que des vertiges de l'Europe. Même si le FCN a des circonstances atténuantes après avoir traversé une zone de turbulences en termes de calendrier (l'OM après le PSG et Lille), le spectre d'une nouvelle campagne au mieux morne, au pire très tendue, repointe son nez.
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Pour Alban Lafont et le FC Nantes, y a de la joie !

Crédit: Imago

100 jours plus tard, le décor a donc radicalement changé, au prix d'une période comme le club n'en avait plus connu d'aussi faste sur un trimestre entier depuis des lustres. Il y a donc ce parcours épique en Coupe de France avec cette finale en guise de récompense collective, pour les joueurs, le staff, et ses supporters. Mais en Ligue 1, ce n'est pas mal non plus. C'est même exceptionnel.
C'est simple, depuis ce point bas du 1er décembre, soit sur les 11 dernières journées, Nantes affiche un rythme de... champion : 23 points. 7 victoires (dont une, prestigieuse, contre le PSG), 2 nuls, 2 défaites. Personne n'a engrangé davantage de points sur cette séquence qui représente tout de même entre un quart et un tiers du championnat. Une durée suffisamment longue pour ne pas être anecdotique.

Point pris sur les 11 dernières journées

EquipesPoints
1. FC Nantes23
2. OGC Nice22
3. Paris SG21
3. RC Strasbourg21
3. Lille OSC21
Maintenant que le maintien est réglé, on va pouvoir essayer d'aller voir plus haut
Comment expliquer une telle métamorphose alors que, foncièrement, l'effectif n'a que peu changé à l'intersaison ? "L'année dernière, ils se sont fait très peur, alors maintenant vous avez des morbacs, ils en veulent toujours plus, nous on a juste à canaliser", jugeait Kombouaré après la qualification pour la finale de la Coupe de France. Plutôt que de réinventer la roue, le staff nantais aurait donc avant tout procédé à une restauration psychologique. A l'image d'un Alban Lafont, dont le talent était connu de tous, mais dont la nouvelle autorité dans le but nantais l'a installé en leader du groupe et aux portes de l'équipe de France.
A un match de son premier titre depuis 2001, à deux points du Top 5 en Ligue 1, Nantes est passé d'un probable désastre à une possible ambition. "Maintenant que le maintien est réglé, on va pouvoir essayer d'aller voir plus haut", a admis Antoine Kombouaré, même si Nicolas Pallois, lui aussi en pleine bourre, balaie tout emballement en vieux briscard de ce groupe par ailleurs plutôt jeune. "Ça, vous verrez avec le coach, a-t-il souri après la victoire contre Montpellier. On va essayer de garder cette dynamique mais on a quand même pas mal enchaîné depuis un mois."
C'est vrai, les Nantais ont beaucoup donné ces dernières semaines et si, à domicile, l'équipe est portée par la ferveur de la Beaujoire ("A la maison, le public nous aide vraiment à avoir un deuxième souffle", juge le buteur Randal Kolo Muani), elle est apparue atone à Metz lors de sa dernière sortie loin de ses bases en championnat (0-0). A ne pas oublier avant le déplacement à Troyes, ce week-end et alors que l'équipe devra voyager trois fois lors de ses quatre prochains matches. Il reste encore 11 journées et rien ne dit que les Canaris puissent tenir ce rythme impressionnant des 11 journées précédentes.
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Kombouaré : "Gagner beaucoup d’argent, avoir une belle voiture, c’est bien… mais ce qu’on vit, là…"

L'avenir reste un point d'interrogation

Par ailleurs, si un Canari fera peut-être le printemps, un seul printemps ne refera pas le FC Nantes. Oui, cet exercice 2021-2022 aura redonné un peu de vif à la maison jaune. Mais s'inscrire dans la durée, voilà ce qui manque depuis désormais vingt ans à cette ancienne place forte du football français qui, à force de flinguer son ADN, avait fini par se chercher une raison d'être. Cette saison et ce printemps auront peut-être un coût. Kolo Muani s'est d'ores et déjà engagé avec Francfort pour la saison prochaine. Retenir Ludovic Blas s'annonce au moins aussi compliqué, tant le talent du milieu offensif ne laisse pas indifférent. Idem pour Alban Lafont.
Au-delà de l'effectif, la profonde crise identitaire ne se résoudra pas en un trimestre, ni même une saison. La président Waldemar Kita, revigoré par les récents développements, demeure contesté. A quoi ressemblera le FC Nantes dans cinq ans, dans dix ans ? Et avec qui ? Le club reste d'abord une somme de questions sur le long terme.
Reste qu'après avoir eu un pied et demi au-dessus du précipice l'an passé, les Canaris auraient bien tort de ne pas savourer ce qu'ils viennent de vivre depuis trois mois. Et encore moins ce qu'ils peuvent briguer dans les deux prochains.
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Nicolas Pallois (FC Nantes)

Crédit: Getty Images

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