Lionel Messi sanctionné par le PSG : Paris ressemble enfin à une institution

On s'attendait à une énième preuve de laxisme du PSG. A ce qu'il ferme une nouvelle fois les yeux, au mieux à ce qu'il procède à un léger rappel à l'ordre en toute discrétion. Mais pour une fois, il a décidé de taper du poing sur la table. Et pour le coup, avec une extrême violence. Paris n'y est pas allé avec le dos de la cuillère pour sanctionner Leo Messi après son voyage en Arabie saoudite sans l'accord de la direction du club. Une décision lourde à tous les niveaux. Et pas seulement parce qu'elle cible l'un des meilleurs joueurs de tous les temps.

Une cible facile, cependant. L'avenir de l'Argentin dans la capitale s'inscrivait déjà largement en pointillés avant cette déflagration. Paris envisageait bien de le prolonger, mais la volonté de poursuivre une aventure franchement contrariée jusqu'ici n'était pas vraiment réciproque. Messi semblait assez clairement désireux de quitter les lieux à l'issue de son contrat en juin. La rupture était probable et le PSG a aussi trouvé une raison de faire le premier pas.

Mais l'acte n'en reste pas moins symbolique. Le fameux respect de l'institution a trop longtemps été bafoué au PSG, et ses dirigeants en portaient l'entière responsabilité. Dans ses rêves de grandeur européenne, Paris s'est systématiquement mis plus petit que ses joueurs. Il y avait bien eu quelques sanctions. Pour Edinson Cavani et Ezequiel Lavezzi, mis à l'écart du groupe pour un retour tardif de vacances en 2015. Pour Marco Verratti, après un contrôle positif à l'alcoolémie en 2018. Pour Kylian Mbappé et Adrien Rabiot, qui avaient manqué le début de la causerie du match à Marseille en 2019.

Ou pour Serge Aurier, mis à pied après son dérapage sur Périscope en 2016, puis laissé à disposition de la réserve pendant trois semaines. Le cas du défenseur ivoirien ne symbolisait pas seulement l'incapacité chronique du PSG à se faire respecter par ses propres joueurs. Surtout son manque de crédibilité à l'heure de marquer le coup. Parce que l'ancien Toulousain était titulaire dès son retour de suspension, pour un match crucial de Ligue des champions face à Manchester City. C'était loin d'être le meilleur message à faire passer pour imposer la plus grande discipline à son effectif.

La sanction infligée à Messi ressemble à l'excès inverse. Il appartiendra à chacun de juger si elle est excessive ou non. Ce qui est certain, c'est que Paris n'avait jamais pris une décision aussi forte. Qu'il ne s'était jamais positionné avec une telle fermeté face à un écart de l'un de ses joueurs. C'est en cela que cet acte fait date dans l'ère QSI. Parce que le PSG a régulièrement annoncé la fin des passe-droits dans la capitale. Et qu'il a, enfin, joint le geste à la parole.

Bien sûr, le contexte s'y prêtait. Frapper fort sur Messi n'a rien d'anodin après une défaite à domicile face à Lorient où l'implication des hommes de Christophe Galtier de manière générale, et celle de l'Argentin en particulier, était clairement remise en question. Surtout après la fronde des supporters parisiens envers leur direction au camp des Loges qui s'en est suivie. L'occasion offerte par Messi était trop belle dans le sens où l'Argentin incarne cette politique de star-system rejeté par les fans du club, qui n'ont jamais hésité à siffler le septuple Ballon d'or. Les dirigeants parisiens ont sauté dessus.

Justement. Toute la question désormais, est de savoir si c'est vraiment ce tournant dont l'institution PSG avait tant besoin pour remettre l'église au centre du village. Ou juste un one-shot, un acte purement opportuniste, une exception qui ne fera que confirmer la règle. Paris a prouvé qu'il était capable d'être ferme, et sanctionner Messi lui a permis de faire passer ce message à la terre entière. Montrer qu'il peut le rester sur la durée, c'est ce défi bien plus grand qui l'attend désormais.