Mercato I Kondogbia vers l'OM : Pourquoi Marcelino tient-il tant à le retrouver ?

27 apparitions toutes compétitions confondues, moins de 1500 minutes de temps de jeu, 0 but et 2 passes décisives. Au regard des statistiques de cette saison, les supporters marseillais n'ont pas vraiment de quoi s'enthousiasmer sur la venue probable de Geoffrey Kondogbia. Le milieu de terrain a connu un exercice assez délicat du côté de l'Atlético de Madrid. Surtout en 2023. Le plus souvent cantonné au banc, parfois écarté du groupe, il n'a participé qu'à 8 matches de Liga avec les Colchoneros depuis le début de l'année civile. Sans avoir connu de blessure.

Les raisons de son manque de temps de jeu étaient plutôt d'ordre tactique. Diego Simeone, après une première moitié de saison sans relief, a trouvé la formule pour relancer son équipe et la guider jusqu'à la troisième place du classement de Liga, un petit point derrière le Real Madrid. Son nouveau système en 3-5-2 a porté ses fruits, mais il n'intégrait pas le joueur formé à Lens. "El Cholo" n'alignait pas de milieu purement défensif, s'appuyant essentiellement sur Koke, Rodirgo De Paul, Thomas Lemar ou Marcos Llorente dans l'entrejeu. Et la montée en puissance du jeune Pablo Larrios (20 ans) a encore limité les minutes pour Kondogbia.

Celui qui composait un duo de choc avec Paul Pogba lors de la victoire de l'équipe de France à la Coupe du monde U20 en 2013 a ainsi disparu des radars, malgré deux premières saisons plutôt abouties dans la capitale espagnole. Mais Marcelino ne l'a pas oublié. Le nouveau coach de l'OM connaît trop bien les vertus de Kondogbia, devenu international centrafricain en 2018 après avoir eu cinq sélections avec les A chez les Bleus. Si le joueur avait réussi sa première expérience en Liga avec Séville avant son transfert à Monaco en 2013, c'est bien à Valence qu'il a vécu le meilleur passage de sa carrière. Surtout sous les ordres de Marcelino entre 2017 et 2019.

Si sa deuxième saison avec le technicien espagnol a été largement contrariée par les blessures, la première a en revanche été remarquable. Associé à Dani Parejo dans l'entrejeu, Kondogbia a rayonné dans un style de récupérateur tentaculaire qui lui a valu d'être surnommé "El Pulpo" (le poulpe). "C'était un joueur très important, un milieu très solide avec beaucoup de présence physique, se rappelle Félix Martin, journaliste à la rédaction espagnole d'Eurosport. Il récupérait beaucoup de ballons et apportait une aide majeure sur le plan défensif." Kondogbia avait ainsi apporté une très nette contribution à la belle saison de Valence, quatrième de Liga et qualifié pour la Ligue des champions au printemps 2018.

Il a su se montrer performant dans le système de Marcelino, un 4-4-2 quasiment immuable avec un duo de milieux axiaux dans l'entrejeu. Cependant, la question de la volonté du coach asturien d'en faire sa première recrue à l'OM peut légitiment se poser. Ce n'est pas le secteur où Marseille semblait devoir se renforcer à l'aube de ce mercato. Le club phocéen était déjà bien fourni avec Valentin Rongier et Jordan Veretout, qui sortent tous les deux d'une saison réussie. Mais aussi avec Mattéo Guendouzi, même si l'ancien joueur d'Arsenal pourrait quitter la Canebière cet été.

Ce choix montre surtout le désir de Marcelino de se doter d'un profil différent des milieux axiaux déjà en place à l'OM. Au-delà de son expérience et de sa connaissance des exigences du très haut niveau dans un club comme l'Atlético de Madrid, Kondogbia a surtout les qualités pour rehausser le niveau de l'entrejeu marseillais dans l'impact physique. Il propose cette combinaison de puissance et de technique qui correspond si bien au plan de jeu du technicien espagnol. Et l'OM ne dispose pas de joueur dans ce registre au sein de son effectif actuel.

Kondogbia apparaissait logiquement comme une manière de solutionner ce problème aux yeux de Marcelino. Pas seulement parce qu'il sait globalement où il va avec l'ancien Monégasque. Aussi parce que le contexte s'y prêtait particulièrement bien. L'Atlético souhaite se séparer cet été d'un joueur qui n'entre plus vraiment dans les plans de Simeone pour ne pas le voir partir libre dans un an, à la fin de son contrat avec les Colchoneros. Le joueur est ainsi disponible à un prix intéressant, estimé aux alentours des 7 millions d'euros. Un argument essentiel pour justifier ce pari.

Car ça reste un pari. Kondogbia va en effet quitter l'Espagne en laissant un petit goût d'inachevé. "Son passage ici aura été fait de hauts et de bas, d'ombres et de lumières, témoigne Félix Martin. Il a évolué à un très bon niveau à Séville et à Valence, mais il a été loin de répondre aux attentes placées en lui à l'Atlético de Madrid." C'est un peu l'histoire de sa carrière jusqu'ici. Elle peut légitimement sembler mitigée pour un joueur présenté comme l'un des meilleurs milieux de sa génération. Et si Marcelino tient tant à le voir débarquer à Marseille, c'est bien à Kondogbia qu'il appartiendrait de ne pas générer la même frustration sur la Canebière.