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Nouvel entraîneur de l'OM - Tupperware, ultra-exigeance, staff astronomique : Voici la méthode "Marcelino"

Alexandre Coiquil

Mis à jour 24/06/2023 à 12:19 GMT+2

Nommé entraîneur principal de l'Olympique de Marseille, Marcelino Garcia Toral, 57 ans, va devenir la personne la plus scrutée de France lors des prochains, jours, semaines et mois. Très expérimenté, très très exigeant et intelligent, l'ancien coach du Racing Santander, Villarreal, Valence et de l'Athletic a beaucoup d'atouts pour convaincre et réussir à l'OM. Voici ses méthodes.

Pourquoi le banc de l'OM est-il aussi instable ?

Comment fonctionne-t-il avec les joueurs ?

Une main de fer dans un gant de velours. Il y aura de la continuité entre Igor Tudor et Marcelino en termes de travail et d'exigence. Exigence, c'est un qualificatif qui sied bien à l'Espagnol, qui fait énormément travailler ses équipes à l'entraînement. Physiquement, tactiquement, avec le ballon : toutes les facettes du jeu sont travaillées avec précision. Stopper un entraînement pour revenir sur un détail est quelque chose de coutumier chez "MGT". Chaque joueur, titulaire ou non, est impliqué dans le projet. "Il faut que les joueurs s'identifient à notre façon de faire", expliquait-il à "Coaches Voices" concernant sa vision du football.
L'idée de Marcelino est de créer une bulle, un groupe, qui vit et mange football, sans que l'extérieur n'interfère. Très à l'aise humainement, il a une capacité à fédérer hors du commun. "C'est quelqu'un qui aime discuter et qui aime être proche de ses joueurs", a précisé Kévin Gameiro à RMC. En 2019, Dani Parejo, ancien maître à jouer de Valence, était revenu sur l'arrivée du technicien à l'été 2017 du côté de Mestalla. "Soldado (Roberto) m'a dit que c'était un entraîneur magnifique et qu'on allait apprendre énormément avec lui. Je ne le connaissais pas et il impressionnait un peu vu de l'extérieur. Je ne savais pas à qui j'allais avoir affaire. Mais depuis le premier jour, ça a été quelque chose de merveilleux".
Le milieu de terrain de Villarreal a été transformé par l'arrivée de l'Asturien au VCF. Ce dernier apportait dans ses bagages un cadre de vie strict dont il avait besoin. Finalement poussé vers la sortie par Valence un an après Marcelino, à l'été 2020, Parejo était revenu sur sa relation quasi filiale avec ce dernier en 2021 à El Mundo : "Quand il est arrivé, je me suis dit que je ne pouvais pas perdre un entraineur comme ça dans ma carrière. J'aime comment il exploite les qualités de chaque joueur, les recours qu'il peut leur apporter et la façon claire qu'il a de transmettre ses idées. Surtout j'aime l'ordre qu'il a instauré : chaque joueur sait ce qu'il doit faire à chaque moment de chaque match".
Poussé vers la sortie par Marcelino pour des raisons sportives, Simone Zaza a également accroché au bonhomme. "J'avais une super relation avec lui, même si on a eu quelques confrontations. Mais on était sincères et honnêtes entre nous. C'est lui qui commandait", expliquait-il à l'émission "Tribuna Deportiva".


Que demande-t-il aux joueurs ?

De penser football et de tout mettre en œuvre pour réussir. Obsédé par le poids et la diététique, Marcelino a instauré des systèmes d'amende pour tout joueur qui dépasse le seuil autorisé, que ce soit au niveau du poids ou de la masse de graisse. Les joueurs seront pesés et scrutés tous les jours et Marcelino ne les lâchera pas.
"Il est très exigeant avec l'hygiène de vie, le poids. J'ai eu un peu de mal à mon arrivée à Valence, j'ai payé de grosses amendes. Il faut entrer dans le cadre. Il estime que pour être au haut niveau, il faut un certain poids et une certaine masse grasse (- de 10%) pour exploiter tout son potentiel", explique Kévin Gameiro, interrogé par RMC.
Lors de son arrivée à Valence, il avait convaincu Dani Parejo de ne pas aller au Barça et d'être le leader de l'équipe. Pour finir de le convaincre, il était allé voir l'épouse du joueur pour faire connaissance et surtout... mettre Dani au régime en laissant quelques recettes. Avec 5,5 kilos de moins pour attaquer la saison 2017/2018, Parejo avait retrouvé une seconde jeunesse.
Jusqu'au-boutiste avec l'alimentation, Marcelino avait instauré la journée continue à Paterna, le centre d'entraînement de Valence. Au menu : entraînement, de très longues séances vidéos et des repas adaptés. Quand les joueurs ne mangeaient pas au centre d'entraînement, ils devaient emporter avec eux des tupperware avec les menus "officiels" de l'équipe.
Bien évidemment avec certains joueurs, la méthode Marcelino n'a pas marché sur la durée. A Valence, il a "coupé la tête" de tous ceux qui sortaient du cadre et mettaient en péril le bon fonctionnement du groupe. Parmi ses victimes, le gardien Neto. Le Brésilien lui avait reproché de ne pas avoir joué la finale de la Copa del Rey 2019 et de lui avoir fait manquer la sélection : dehors, et vite. Valence avait fait venir à la hâte Jasper Cillessen - dans une drôle d'opération - pour que le portier débarrasse le plancher.
Ce fut également le cas pour Jeison Murillo. Le Colombien avait été mis de côté du jour au lendemain après des soucis de comportement, démentis par Marcelino. A Villarreal, Ruben "Cani" s'est lassé de la personnalité du coach, qu'il estimait trop sur le dos des joueurs. Pour son cas personnel, fin 2014, Marcelino l'avait poussé à jouer plusieurs fois alors qu'il revenait d'une blessure à la cheville, encore douloureuse, ce qui avait fait rechuter le milieu de terrain à terme. Cet épisode a détruit la relation entre les deux et Marcelino a été impitoyable par la suite. "Il a commencé à me faire du "bullying" (il le compare à du harcèlement scolaire, ndlr), à me la faire à l'envers.(...) A la fin je ne pouvais plus le voir et je suis parti (à l'Atlético). Mais malgré tout cela, c'est le meilleur entraîneur que j'aie eu", a-t-il précisé au podcast "Idolos".

Avec qui travaille Marcelino ?

Avec un staff technique très fourni. Au total, c'est environ une dizaine de personnes qui vont débarquer avec lui au centre d'entrainement Robert-Louis Dreyfus. Partout où il est passé, il est venu avec ses équipes et en nombre. Pisté par Almeria et le Celta Vigo, le technicien avait vu les deux clubs lui refuser d'emmener l'intégralité de son équipe. Des refus qui ont vite coupé court aux discussions. En outre, quand il négocie un contrat, il demande une somme intégrale à se répartir pour lui et l'ensemble de son staff.
Voici quelques noms à retenir : Ruben Uria est son assistant de très longue date, depuis 2005, et son double. Ismael Fernandez sera lui chargé de la préparation physique. Sergio Garcia, son propre fils, s'occupera du travail individuel donné aux joueurs, du suivi et de l'analyse des données. Bruno Uria, Pablo Manzanet et Alberto Torres font aussi partie de l'équipe élargie. Jonathan Ondina est son nutritionniste de confiance. C'est lui qui contrôlera le poids des joueurs.
Plus surprenant encore pour le fonctionnement d'un club, Marcelino va mettre à disposition des joueurs son médecin de confiance, le docteur Antonio Maestro. Spécialiste des blessures de sportif, le chirurgien basé à Gijon est la pièce la plus importante du dispositif, sans être là au quotidien. A Valence, il avait demandé le départ du médecin référent pour mettre en place, et à distance, le praticien. Même après le départ de Marcelino du club ché, certains joueurs de Valence avaient continué à le consulter.

Son rapport à l'effectif en place

Rien de bien révolutionnaire pour le monde du football : Marcelino mène une enquête approfondie avant de s'engager dans un club. Fort probable qu'il ait déjà passé au peigne fin l'effectif de l'OM. Sa proximité avec Pablo Longoria va faciliter la communication direction - terrain. Néanmoins, il ressortira de son enquête des noms avec lesquels il ne voudra pas travailler.
A Valence, Marcelino avait demandé trois départs avant d'entrer en fonction, donc deux de manière urgente : ceux de Diego Alves et Enzo Pérez. Les deux avaient été décrits comme "néfastes" pour le groupe qu'il voulait confectionner et il ne souhaitait pas les croiser. Une fois installé au VCF, il avait été très directif sur les joueurs qu'il souhaitait récupérer pour que l'équipe grandisse.
A Bilbao (janvier 2021 - juin 2022), il avait dû composer avec un club moins à même d'aller sur le marché des transferts. En terme d'adaptation à un effectif et d'intégration des jeunes du centre de formation, il avait franchi un cap au Pays basque car la situation l'imposait. A Marseille, il y aura une nouvelle problématique, nommée Longoria. Le président de l'OM va être le supérieur hiérarchique de son mentor, Marcelino lui ayant appris à analyser le football et les joueurs. Ce rapport de force inversé est une première pour les deux hommes, très très proches.
A cheval sur le secteur défensif avec son 4-4-2 rigoureux à plat - son obsession est de ne pas encaisser de but et de ne pas trop concéder d'occasions -, Marcelino aime pouvoir disposer de centraux très grands (plus d'1,90m), d'un 6 puissant et d'un numéro 8 très technique capable de donner le tempo d'une rencontre. A Bilbao, il avait revu sa copie sur les profils, l'effectif du club basque ne pouvant pas être révolutionné, mais certains joueurs comme Unai Nuñez et Ander Capa avaient été mis de côté.
En attaque, il faudra des profils mobiles. A Valence, il avait Rodrigo Moreno, Kévin Gameiro, Gonçalo Guedes, puis Ferran Torres. A Bilbao : Iñaki et Nico Williams (il a lancé le petit frère dans le groupe professionnel). Les attaquants typés pivot, moins mobiles, ont un peu moins sa préférence. A l'OM, sa première expérience hors d'Espagne, il va vivre une situation mixte entre ses aventures à Valence et Bilbao, saupoudrée du contexte marseillais. Mais Marcelino craint dégun.
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Marcelino devrait succéder à Igor Tudor sur le banc de l'OM

Crédit: Getty Images

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