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Franck Haise s'est rétracté : pourquoi les entraîneurs hésitent à suivre les matches en tribunes

Mis à jour 16/02/2024 à 18:25 GMT+1

Il a dû le faire, contraint et forcé. Il a pensé poursuivre de son propre chef. Il a finalement abandonné l'idée. Comme d'autres avant lui, Franck Haise a longtemps hésité à rester en tribunes lors des matches du RC Lens. Parce que la vue y est bien meilleure pour analyser le jeu et prendre des décisions. Mais certains inconvénients pèsent encore trop lourd.

Franck Haise en marge du match entre Arsenal et Lens, en Ligue des champions

Crédit: Getty Images

Les meilleurs entraîneurs sont ceux qui saisissent chaque opportunité, paraît-il. Alors, lorsqu'il a écopé de quatre matches de suspension - dont un avec sursis - après avoir été expulsé face à Monaco en Coupe de France, Franck Haise n'y a pas vu qu'une punition. Contraint d'assister aux matches de son équipe depuis les tribunes, l'entraîneur lensois a un temps songé à prolonger l'expérience.
"L’obligation d’aller en tribune s’est révélée très intéressante, avait-il confié avant un déplacement à Nantes. Je suis en réflexion pour peut-être rester en hauteur, même sans être suspendu, a minima sur la première période." L'idée du coach du Racing était fondée : "En étant à distance, la vue est bien meilleure, et cela permet de mieux analyser le jeu, le match, avait-il détaillé. Ça permet d’avoir une distance émotionnelle plus importante."
Le technicien de 52 ans n'est pas le premier à faire ce constat. À l'époque où il était entraîneur du FC Nantes, Raynald Denoueix avait déjà tenté de prendre de la hauteur, de manière épisodique. "Je me souviens que lors d'un match amical à Concarneau, je m'étais mis derrière notre but sur un monticule de terre d'une quinzaine mètres de haut pour analyser les déplacements latéraux de mon équipe et pour voir si toutes les consignes de jeu avaient bien été appliquées, nous raconte-t-il. Ça change tout."
On n'a pas de smartphone dans le cerveau...
Paradoxalement, la vue la plus éloignée est parfois celle qui offre le plus de précision. "Il y a tellement d'informations dans un match, insiste celui qui a également entrainé la Real Sociedad. Par exemple, sur une action où un joueur est à 50 mètres du ballon, peut-être que deux secondes après, son placement va être capital."
Le gain de temps est lui aussi précieux : "Avec l'emprise et la pression du match, on ne peut pas analyser le positionnement de 22 joueurs sur le bord du terrain, reconnaît-t-il. On n'a pas de smartphone dans le cerveau... Avec de la hauteur, on comprend mieux une animation particulière comme, par exemple, un Oleksandr Zinchenko, qui commence sur le côté gauche de la défense mais qui glisse vers l'intérieur quand son équipe a le ballon." C'est la raison pour laquelle certains coaches, comme Luis Enrique, travaillent sur des élévateurs aux entraînements.
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"Je n'imagine pas Paris ailleurs qu'au Parc des Princes"

Lors de son analyse, Franck Haise a toujours exclu la possibilité d'assister à l'entièreté du match en tribunes. Pour l'entraîneur, les enjeux de la première et de la deuxième période d'une rencontre sont totalement différents. "En seconde, il faut être très réactif, a-t-il souligné la semaine dernière. Et on ne s'entend pas toujours très bien...".
Il s'est ainsi inspiré de ce qu'a fait Sir Alex Ferguson durant de longues années à Manchester United. À Old Trafford, l'Ecossais était assis haut et avait même fait relever son siège. A l'extérieur, le légendaire manager des Red Devils envoyait parfois certains de ses adjoints très haut en tribunes afin de surveiller certains détails tactiques. "L'une des choses les plus difficiles que j'ai trouvées en tant qu'entraîneur (il y en avait beaucoup) était de lire le jeu en étant au même niveau que les joueurs", a raconté Gary Neville, qui a passé toute sa carrière à Manchester United avant de connaître une première expérience d'entraîneur délicate à Valence.

Le lien émotionnel pèse lourd

"Il y a des entraîneurs qui font des remplacements qui nous mènent à penser : 'Mais pourquoi font-ils ça ?', avait-il ajouté. Je suis convaincu que c'est parce qu'ils ne voient pas correctement le match. La plupart du temps, au bord du terrain, vous voyez les jambes et les corps. Mais pas vraiment ce qui se passe."
Finalement, Franck Haise, lui, s'est rétracté. Car le jeu n'en vaut pas toujours la chandelle. "Il y a des avantages et des inconvénients aux deux situations, a-t-il justifié. Quand on est en tribune, l'inconvénient est de ne pas être proche des joueurs. Je l'ai vécu à Nantes sur la fin de la première période. Je ne dis pas que ça aurait changé quelque chose mais en tout cas, on peut avoir le sentiment d'être un peu impuissant."
Ses joueurs ont eu le même ressenti alors qu'ils étaient en difficulté sur la pelouse de la Beaujoire. "On a eu quelques soucis qu'il aurait pu régler plus rapidement en étant au bord du terrain", a insisté Florian Sotoca. "Il faut pouvoir réveiller, a détaillé Haise. J'ai attendu la mi-temps pour le faire mais parfois, la mi-temps, c'est trop tard."
Après avoir discuté avec certains de ses cadres - dont Sotoca - et les membres de son staff, le technicien du RCL a pris la décision de revenir définitivement sur le banc de touche : "Ce sera peut-être le cas un jour, mais pour l'instant, nous ne sommes pas prêts, les uns et les autres, à prendre de la hauteur, a-t-il constaté. Même si j'ai apprécié certains aspects. Pas tous. Notamment sur les plans de l'émotion et de la réactivité." En attendant, Haise et son staff vont poursuivre avec un outil qui a largement envahi les bancs des clubs : l'écran, pour visionner et éplucher des séquences de manière quasi instantanée.
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