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Ligue 1 - Avant OM-ASM : Combien vaut l'AS Monaco ?

Raphaël Brosse

Mis à jour 16/02/2024 à 18:21 GMT+1

Dimanche dernier, Les Échos révélaient que Dmitri Rybolovlev était prêt à vendre ses parts de l’AS Monaco, qu’il avait achetées en 2011. Si le club du Rocher n’est pas encore sur le point de changer de propriétaire, le milliardaire russe est néanmoins en train de sérieusement sonder le marché. À quel prix pourrait-il espérer vendre l’ASM ? Éléments de réponse.

Des supporters de l'AS Monaco. / Ligue 1

Crédit: Imago

Pour l’heure, l’AS Monaco n’est pas encore officiellement à vendre. Mais ce n’est peut-être qu’une question de temps. Comme révélé par Les Échos dimanche soir, Dmitri Rybolovlev ne serait pas hostile à l’idée de céder le club de la Principauté, dont il détient 66% des parts depuis qu’il les a rachetées contre un euro symbolique, en 2011. Le milliardaire russe a même récemment mandaté la banque d’affaires Raine pour consulter des acheteurs potentiels.
"Suite à la réception d’un intérêt non sollicité, l’actionnaire majoritaire de l’AS Monaco a décidé d’initier une procédure afin d’explorer des alternatives stratégiques pour sa participation dans le club", a confirmé aux Échos le porte-parole du boss de l’ASM. À l’issue de cette "procédure", ce dernier devrait donc avoir une idée de la valeur actuelle de son club. Cette valeur, justement, dépend de plusieurs facteurs.
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Dmitri Rybolovlev / AS Monaco

Crédit: Getty Images

Portefeuille de joueurs, centre de formation et relations avec le Palais

À commencer par l'effectif. Celui de l'équipe entraînée par Adi Hütter est composé d’internationaux (Wissam Ben Yedder, Youssouf Fofana, Takumi Minamino…) et de jeunes talents en plein développement (Maghnes Akliouche, Soungoutou Magassa, Eliesse Ben Seghir…). "Si l’on regarde les derniers rachats de clubs de Ligue 1 ou de Ligue 2, on remarque que leur valorisation est proche de celle du portefeuille joueurs, constate Vincent Chaudel, président de l’Observatoire du Sport Business. La valeur de l’effectif monégasque est estimée à 350 millions d’euros. Ce ne sera donc pas un rachat d’opportunité, l’investisseur devra avoir les reins très solides."
Au même titre que leur savoir-faire en matière de trading de joueurs, qui leur permet d’engranger régulièrement de coquettes sommes sur le marché des transferts, les dirigeants asémistes peuvent mettre en avant la qualité reconnue de leur centre de formation. Un atout à ne surtout pas négliger. "Un club réputé formateur aura une valeur un peu supérieure, toutes choses égales par ailleurs, à un club qui ne l’est pas", remarque Florent Bergmann, chargé d’études économiques au CDES de Limoges.
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Maghnes Akliouche et Nicolas Tagliafico lors de Monaco - Lyon en Ligue 1, le 15 décembre 2023

Crédit: Imago

Basée hors des frontières hexagonales, l’ASM jouit aussi d’une fiscalité avantageuse par rapport aux autres écuries françaises. "C’est plus facile pour faire venir des joueurs talentueux", constate Vincent Chaudel. "C’est un facteur qui peut accroître la stratégie de trading, mais je ne suis pas sûr que cette fiscalité soit décisive pour attirer un acheteur potentiel", nuance Florent Bergmann, qui préfère avancer un avantage extrasportif : "En achetant Monaco, on s’intègre dans la zone économique locale et on a une relation privilégiée avec le Palais princier. Rybolovlev en a beaucoup profité." Même si l’affaire du "Monacogate" a probablement distendu les liens entre l’oligarque et le prince Albert II.

Un potentiel de revenus limités, l'inconnue des droits TV

Malgré d’importantes ventes de joueurs, le club à la diagonale est en déficit depuis plusieurs années, ce qui a forcé son propriétaire à mettre la main à la poche pour combler les trous. Ce n’est évidemment pas un détail, puisque l'estimation des revenus futurs est primordiale dans la valorisation d'un club. "Le stade est vétuste et il n’y a pas beaucoup de spectateurs, relève Florent Bergmann. C’est un territoire enclavé, pas une métropole, donc la zone de chalandise (secteur géographique d’où proviennent les clients d’une entreprise, ndlr) n’est pas énorme." Tout cela a un impact sur les revenus liés à la billetterie, au marketing et au sponsoring, dont le potentiel de développement à terme paraît limité.
À moins de regarder au-delà du Rocher. "Le public monégasque existe, mais il est plus à l’extérieur qu’à domicile, souligne Vincent Chaudel, en référence aux parcages souvent copieusement garnis quand les joueurs de la Principauté se déplacent. C’est un club qui rassemble plus de 20 millions de fans sur les réseaux sociaux (24 millions, ndlr). La marque Monaco est connue dans le monde entier, elle a donc un potentiel de développement à l’international intéressant."
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L'AS Monaco rêve à de nouveaux matches de Ligue des champions au Stade Louis-II

Crédit: Getty Images

À l’heure actuelle, l’équation censée permettre de valoriser l’ASM possède une inconnue, à savoir le montant des droits TV de la Ligue 1, qui ne sont toujours pas connus pour le cycle 2024-2029. "C’est sûr que des rumeurs de montants élevés peuvent tirer la valeur du club vers le haut", affirme Florent Bergmann. Ce n’est donc pas un hasard si plusieurs clubs ont changé de main après l’annonce du milliard d’euro par saison, censé être garanti par l’accord trouvé avec Mediapro en 2018.

Plus cher que l'OM, moins que l'OL

Finalement, quelle est la valeur de l’AS Monaco ? Se rapproche-t-elle de celle de Marseille, racheté par Frank McCourt pour 45 millions d’euros en 2016, ou plutôt de celle de Lyon, vendu à John Textor contre 800 millions d’euros en 2022 ? "Comparer avec l’OM n’est pas pertinent, parce qu’il y avait alors un gros problème de dette. Et c’est sûr que ce sera moins que l’OL, qui possède un grand stade et se trouve dans une métropole", expose Florent Bergmann.
"La valeur de Monaco pourrait se trouver entre 300 et 400 millions d’euros", avance prudemment Vincent Chaudel. "Peut-être même qu’on peut monter dans les 500 millions d’euros, entre la valeur de l’effectif et la marge de progression à l’international. En tout cas, ça ne me choquerait pas", ajoute l’expert, en insistant sur la nécessité de prendre ces chiffres avec beaucoup de précaution. Car comme le rappellent les deux interlocuteurs : "Le vrai prix d’un club, c’est celui que le vendeur propose et que l’acheteur accepte."
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