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Ligue 1 | OL | Pour Fabio Grosso, des premiers constats surprenants, entre mauvaises surprises et énorme chantier

Guillaume Maillard-Pacini

Mis à jour 06/10/2023 à 18:52 GMT+2

Débarqué sur le banc de l'OL à la mi-septembre, Fabio Grosso a pris conscience, depuis, de l'étendue du chantier qui fait face à lui et son staff. En plus de deux défaites face à Brest et Reims, le technicien italien doit composer avec un contexte difficile, marqué notamment par un vestiaire difficile à apprivoiser. Il lui faudra du temps pour imposer ses méthodes.

"L'OL ressemble à une équipe qui va jouer la deuxième partie de tableau"

Fabio Grosso pourrait vite regretter son quotidien à Frosinone. Là-bas, dans cette ville familiale de presque 50.000 habitants, le technicien italien s'était habitué au calme et à la quiétude pendant un peu plus d'un an et demi. Une période désormais révolue pour celui qui a accepté de rejoindre, le 16 septembre dernier, le banc de l'Olympique Lyonnais. Un club qu'il avait quitté en 2009 et qu'il a retrouvé, plus d'une décennie plus tard, dans un état qu'il n'imaginait probablement pas. Ou du moins pas à ce point. Si le champion du monde 2006 s'était bien renseigné sur le contexte lyonnais avant d'accepter la proposition de John Textor, il ne s'imaginait ni un tel chantier, ni un tel contexte.
En plus d'une gouvernance qui continue de vaciller, avec un propriétaire qui accumule les difficultés, dont la plus récente concernerait la volonté de l'un de ses co-investisseurs de se désengager, et les contraintes, notamment celles imposées par la Direction nationale de contrôle et de gestion (DNCG) l'été dernier, Grosso a accumulé les mauvaises surprises depuis son arrivée à Lyon.
En coulisses, il déplorerait notamment un manque d'implication de certains joueurs au quotidien. Très attaché au professionnalisme et à la rigueur, l'ancien technicien de la Primavera de la Juventus n'est pas du genre à transiger. Les retards, il n'y goûte que très peu. Les entraînements en dilettante, ce n'est pas dans son programme. Conscient de devoir changer les mentalités, en plus d'habitudes bien ancrées, Grosso estime qu'il faudra du temps. Son staff, très investi, tente également de combler un déficit physique évident, tant sur le plan de l'intensité que du rythme. "La gestion des entraînements est totalement différente de celle sous Laurent Blanc. Je ne dis pas qu'elle est meilleure, mais juste différente, à commencer par la charge de travail et le calendrier des séances. Certains joueurs sont réceptifs, d'autres beaucoup moins", nous rapporte un proche de l'Italien.

Des mentalités à changer

Dans ce sens, Textor a prévenu ses troupes peu après la défaite à Reims (2-0) dimanche dernier. "Certains joueurs réagissent bien au travail, tandis que d'autres ne le font clairement pas. Malheureusement, lorsque Fabio teste certains joueurs dans cette situation, il n'apprend pas toujours des choses positives, mais il apportera des ajustements en conséquence", avait reconnu le propriétaire de l'OL dans un communiqué officiel. En débarquant dans un vestiaire qui fut un temps le sien, Grosso a découvert une ambiance loin d'être au beau fixe. "Il a été très, très surpris, nous confie une source proche de l'Italien. Il ne pensait pas que le problème venait du manque de motivation ou d'implication. La présence de clans dans le vestiaire n'aide pas non plus, surtout avec la particularité du microcosme lyonnais. En gros, l'attitude générale n'était pas bonne à son arrivée. Il y a un travail profond à réaliser pour corriger ça."
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Fabio Grosso lros de sa présentation à l'OL, le 18 septembre 2023

Crédit: Getty Images

Comme beaucoup de ses confrères transalpins, l'ancien latéral gauche de l'OL estime que la qualité des entraînements la semaine se répercute directement sur les prestations en matchs le week-end. Bilan après deux journées : deux défaites, zéro but marqué et trois encaissés. Sans parler du contenu général et du classement actuel. "L’équipe est malade et il faut travailler ensemble pour la guérir (...) Je suis arrivé dans un club en difficulté, et je ne peux pas tout résoudre en quelques jours, mais j’essaie d’emmener les joueurs sur ma route, avec mes idées, pour qu’on redevienne costaud", espérait-il après la défaite à Brest (1-0).
Présent en conférence de presse ce vendredi à deux jours du match face à Lorient (dimanche, 15h), l'Italien, qui aimerait "beaucoup de leaders" dans son effectif, a avoué des "difficultés" tout en assurant que le travail fourni les gommera dans le temps. "On est en difficulté en ce moment mais ça ne change rien pour nous, a-t-il affirmé. On travaille dur pour aller gagner contre Lorient. On a bien travaillé pour être présent sur le terrain et faire un super match. On veut inverser la dynamique avec ce match à la maison (...) Le plus important est de faire un bon match collectivement avec humilité et générosité. On ne doit pas se sentir supérieurs ou inférieurs à nos adversaires. On a les caractéristiques pour aller chercher des points."
Concernant la partie du communiqué de John Textor remettant en cause certains comportements, il a préféré jouer la carte du "no comment". "Ce n'est pas une question pour moi. Ce n'est pas à moi de répondre à ce que dit le président. Je suis prêt à faire des choix, mais ce ne sont pas des choix forts. Ce sont des choix, c'est tout", a estimé Grosso. Il fut plus explicite sur celle évoquant la promesse d'un mercato hivernal ambitieux et sans contraintes : "Bien sûr, si on augmente la qualité du groupe, je serai heureux. C'est dans deux ou trois mois, ce n'est pas trop important maintenant, mais je serai content si le président peut nous donner des joueurs de qualités."

Grosso reste "motivé" malgré les difficultés

Au vu de l'urgence de la situation comptable, Grosso estime devoir travailler en priorité sur l'esprit actuel de son groupe. Les fondations d'abord. Le jeu ensuite. L'inverse relèverait de toute façon de l'impossible. "J’ai demandé aux joueurs un état d’esprit. Si on ne fait pas les choses ensemble, ça va être difficile. On ne veut pas que les matchs défilent sans prendre de point. L’important pour nous est de prendre les résultats. On ne peut pas décider de l’issue du match mais avant le match et pendant on a la main pour faire quelque chose", a lâché le technicien transalpin ce vendredi. Il aimerait également créer une sorte de bulle, lui, son staff et ses joueurs, mais l'actualité lyonnaise, qui voyage au rythme d'une tuile par jour, revient régulièrement la percer. "Cela a tendance à le désespérer un peu", poursuit notre source.
Touché, peut-être. Mais pas coulé. Passé par d'autres réalités compliquées (mais pas autant que celle-là, quand même), l'ancien "Mister" de Bari, l'Hellas Vérone et Brescia, qui vit toujours à l'hôtel, reste "motivé" pour mener à bien sa mission cette saison. Laquelle ? Sauver ce qui peut l'être, déjà. "Mais sa volonté est intacte, nous précise-t-on dans son entourage. Il ne veut pas lâcher et il est convaincu d'avoir fait le bon choix. Il sait qu'il faut du temps, il vient d'arriver dans un nouveau pays, avec un nouveau contexte, une nouvelle langue... En arrivant en France, beaucoup de choses changent pour un entraîneur italien. Ce sont deux cultures totalement différentes. Il faut du temps pour que la méthode se mette en place, souvenez-vous des débuts d'Igor Tudor avec l'OM la saison dernière... Certains joueurs se plaignaient après quelques semaines seulement. C'est une petite révolution pour un vestiaire de Ligue 1, à commencer par le rythme des entraînements. Fabio est persuadé qu'avec le travail, les résultats arriveront", nous précise-t-on dans son entourage.
Sous contrat jusqu’au 30 juin 2024, avec la possibilité de le prolonger d’une saison supplémentaire, le héros de la finale de Berlin 2006 préfère donc patienter avant de se projeter au-delà des prochains mois. Difficile de faire autrement en l'état actuel des choses. Dans ce sens, sa famille devrait rester en Italie encore un peu.
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