Lorient - PSG I Paris sait aussi marquer sans Mbappé

C'était au cœur d'un mois d'août électrique. Le PSG était tenu en échec au Parc des Princes par Lorient (0-0) pour son premier match de la saison. Paris avait outrageusement dominé sans marquer face à l'équipe qui allait devenir la pire défense de L1 (55 buts encaissés après 29 journées). Kylian Mbappé, mis au ban après avoir refusé de lever l'option pour prolonger son contrat, était en tribunes. Réintégré au groupe de Luis Enrique, il était entré en cours de jeu et avait inscrit le seul but parisien à Toulouse la semaine suivante (1-1). Comme une preuve que le PSG ne pouvait pas trouver les filets sans son Bondynois.

C'est beaucoup moins net huit mois plus tard, à l'heure où Paris s'apprête à retrouver les Merlus au Moustoir, avec la possibilité de décrocher son 12e titre de champion de France. Dimanche, Mbappé n'est pas sorti d'un banc où il a assisté à la balade parisienne face à Lyon (4-1). Pour la troisième fois de la saison seulement, le capitaine des Bleus n'a pas disputé la moindre minute avec le PSG en championnat. Il y avait donc eu Lorient (0-0). Il y a eu Lille en février, et Paris avait marqué trois buts sans lui (3-1). Avant d'en passer quatre à l'OL, pourtant l'équipe en forme de Ligue 1 en 2024.

Le festival parisien contre les Gones est venu confirmer une tendance. Le PSG sait se passer de Mbappé pour marquer. L'ancien Monégasque, meilleur buteur du championnat (24 réalisations), n'a inscrit aucun des huit derniers buts parisiens en Ligue 1. Une telle série n'était plus arrivée depuis plus d'un an, entre janvier et février 2023, selon les statistiques d'Opta. Depuis le dernier but du triplé de Mbappé à Montpellier (2-6), le PSG a pu compter sur Nuno Mendes, Gonçalo Ramos (4 buts), Vitinha, Lucas Beraldo et Nemanja Matic (contre son camp) pour faire trembler les filets adverses.

Mbappé a moins joué sur cette période mais Paris n'a pas semblé en souffrir autant que lors de ce match du mois d'août face à Lorient. Luis Enrique a diminué le temps de jeu de son joueur depuis que plusieurs médias ont annoncé en février le départ de l'attaquant parisien en fin de saison. "Tôt ou tard, il faudra s'habituer à jouer sans lui", avait lancé le technicien asturien pour justifier son remplacement peu après l'heure de jeu face à Rennes (1-1). Il a plutôt bien avancé dans cette voie. L'égalisation face aux Rennes, les deux buts du nul contre Reims (2-2) et le deuxième de la victoire à Marseille (0-2) sont venus quand Mbappé n'était pas sur le terrain.

Certaines individualités ont su compenser son absence dans le domaine de la finition, à l'image de Gonçalo Ramos (7 buts sur ses 9 derniers matches en Ligue 1). Le Portugais répond de plus en plus aux attentes après une première moitié de saison difficile. Il illustre un phénomène général au sein d'un club qui a vu de nombreux nouveaux joueurs offensifs débarquer l'été dernier. Après une phase d'adaptation légitime, ils sont désormais dans de meilleures conditions pour exprimer leurs qualités. L'éclosion de Bradley Barcola ou la prestation aboutie de Marco Asensio contre l'OL illustrent le phénomène, même si Randal Kolo Muani tarde à se libérer.

Mais la réussite de ce processus est avant tout collective. La victoire contre Lyon a confirmé que les joueurs ont désormais bien assimilé les principes de Luis Enrique. L'animation offensive est fatalement différente selon la présence ou non de Mbappé. Le Bondynois reste la cible privilégiée de ses coéquipiers quand il est sur le terrain. Mais les Parisiens sont désormais capables d'exploiter d'autres circuits de passes sans perdre en efficacité quand il n'est pas là. Les buts inscrits face à l'OL au terme de mouvements collectifs remarquables sont venus le confirmer.

Mbappé n'en demeure pas moins l'individualité forte de l'attaque parisienne. Il a moins de temps de jeu en Ligue 1, mais il est systématiquement titulaire dans les autres compétitions et ses performances montrent qu'il reste incontournable. L'ancien Monégasque a marqué lors des trois derniers tours de Coupe de France contre Brest (3-1), Nice (3-1) et Rennes (1-0). Il a inscrit cinq des dix buts parisiens lors des huitièmes et des quarts de finale de Ligue des champions remportés face à la Real Sociedad (2-0, 1-2) et le FC Barcelone (2-3, 1-4). Si Paris vise encore un quadruplé, il y est pour beaucoup.

Mais il semble beaucoup moins seul pour porter le PSG sur ses épaules. Paris a désormais d'autres cordes à son arc pour marquer. Ce tour de force réussi par Luis Enrique a de multiples vertus. Notamment celle de rendre le PSG beaucoup plus difficile à contenir pour ses adversaires dans cette dernière ligne droite de la saison. Bien plus qu'il ne l'était au mois d'août dernier contre Lorient.